C'est le grand retour de l'équipe de Suisse. Dans l'ombre depuis novembre 2019, l'équipe de Vladimir Petkovic lance une nouvelle campagne de Ligue des nations jeudi (20h45) contre l'Ukraine à Lviv. Un nouveau départ?
Les souvenirs sont lointains. Les dernières images de l'équipe de Suisse remontent à près de dix mois. Une pandémie est passée par là, mettant le football à l'arrêt. Celui des équipes nationales en a encore plus pâti: l'Euro 2020 ne pourra – dans le meilleur des cas – exister que dans un an, mais surtout la continuité peut avoir été brisée.
Vladimir Petkovic a-t-il donc perdu son élan ? A-t-il toujours quelque chose sur quoi s'appuyer avant d'entamer un automne à huit matches, dont six en Ligue des nations ? «Sur ce que j'ai pu constater ces deux ou trois derniers jours, je n'ai aucun doute: nous ne partons pas de zéro, affirme le sélectionneur. La pause que nous avons subie ne se remarque même pas. Et nous devrons montrer jeudi sur le terrain que notre style n'a pas changé.»
Quelles références ?
L'Ukraine dirigée par Andriy Shevchenko sera bien sûr dans le même cas, mais avec quelques certitudes supplémentaires, elle qui reste sur le souvenir heureux d'un groupe de qualification pour l'Euro survolé (devant le Portugal et la Serbie). Elle peut également se reposer sur un socle de joueurs qui évoluent soit au Dynamo Kiev, soit au Shakhtar Donetsk, tombeur facile du FC Bâle en quarts de finale d'Europa League.
«C'est une équipe homogène, avec plusieurs joueurs qui évoluent dans des grands championnats européens, a décrit Petkovic. Mais je crois que sa force n'est pas ses individualités, mais son collectif.» Au-delà donc des Ruslan Malinovskyi (Atalanta), Andryi Yarmolenko (West Ham) ou Oleksandr Zinchenko (Manchester City), il y a surtout une équipe apparemment bien huilée. Pas idéal pour une reprise en douceur.
La Suisse devra donc démontrer qu'elle a également des automatismes. Mais quelles sont donc les références de cette équipe de Suisse, sur lesquelles elle peut baser son retour au jeu ? L'année 2019 avait consacré dans l'esprit de Petkovic la pertinence d'une défense à trois, celle qui avait prévalu lors des meilleures performances dans le jeu de ces dix-huit derniers mois. Contre le Portugal lors du Final Four, au Danemark en octobre, par exemple. Des défaites (3-1 et 1-0) en fin de match à chaque fois, mais des prestations quasi abouties dans le jeu.
Et même dos au mur, comme face à l'Irlande à Genève (2-0) ou contre la Géorgie à Saint-Gall (1-0), l'arrière-garde a tenu le choc dans ce dispositif. Il n'y a priori pas de raison valable de remettre en cause l'approche. Même si le contingent de défenseurs centraux est réduit (seuls Manuel Akanji et Nico Elvedi en sont de purs parmi les vingt-trois joueurs retenus) et qu'il s'agira de trouver un remplaçant à Fabian Schär. Ricardo Rodriguez a déjà tenu ce rôle par le passé.
«Nous sommes très flexibles»
Reste encore à savoir comment le reste de l'équipe pourrait être animé. Petkovic a parfois alterné entre un milieu à trois et deux attaquants et un milieu à deux et trois joueurs avancés. La présence de Xherdan Shaqiri a souvent légitimé la première option (où il pouvait évoluer en soutien de Haris Seferovic), alors que son absence de l'automne passé a coïncidé avec l'utilisation répétée du 3-4-3. Avec également peu de milieux disponibles pour accompagner le néo-capitaine officiel Granit Xhaka («Porter ou non le brassard ne change rien pour moi», a-t-il lancé, très sûr), il n'est pas impossible que la théorie soit encore validée.
Vladimir Petkovic n'a rien voulu divulguer en conférence de presse de veille de match. Ou presque, insistant sur les valeurs qui ont toujours animé son équipe: «Nous sommes très flexibles: ce ne sont pas les chiffres qui sont importants, mais les principes. Ceux-là, nous les connaissons bien et nous faisons en sorte de les développer encore. Nous pouvons commencer dans une disposition et changer en cours de match, tant que les principes restent. Et cette flexibilité doit en faire partie.» De quoi ne pas totalement exclure l'option à quatre défenseurs.
Mais qu'importe le système, il incombe surtout à l'équipe nationale de faire honneur à son statut de participant au premier Final Four de l'histoire dans un groupe relevé, avec aussi l'Allemagne et l'Espagne. Histoire de continuer à avancer, évidemment, et de se préparer au mieux pour l'Euro de juin prochain. Après dix mois sans jouer, la Suisse en a neuf pour raffermir toutes ses certitudes.