Il va affronter Victor Osimhen D'Etoile Carouge à la CAN : le rêve éveillé d'un gardien lausannois

ATS

1.2.2024

Le gardien angolais Signori Antonio, comme on l'appelle en Suisse, vit un véritable conte de fées lors de la CAN 2024. Le portier d'Etoile Carouge, club de Promotion League (3e division suisse), va jouer un quart de finale.

ATS

1.2.2024

Face à lui va se dresser un redoutable adversaire, vendredi (18h00) à Abidjan: le Nigeria, favori de l'épreuve avec son attaquant Victor Osimhen, la star de Naples.

«Je garde les pieds sur terre, je savoure, je sais bien que dans le football, ça va très vite, vers le haut comme vers le bas», raconte le gardien angolais (29 ans) qui a joué son tout premier match de CAN en entrant en jeu au bout de 17 minutes après l'exclusion du titulaire, Neblù, en 8e de finale face à la Namibie (3-0).

Un peu de bagage

C'était la 15e sélection avec les «Palancas Negras» (les Antilopes Noires) de cet ancien international suisse dans les catégories de jeunes. Il a commencé par un arrêt rassurant sur un coup franc de Deon Hotto, la star de la Namibie.

«J'ai un peu de bagage, je suis plus serein qu'il y a dix ans pour aborder un match de ce niveau. Le danger est de surjouer à notre poste, où chaque choix a des répercussions», explique Signori Dominique Nymi Antonio, son nom complet.

Ce calme lui vient d'une carrière atypique, durant laquelle il a connu l'inactivité et est même parti jouer dans le championnat de ses ancêtres, lui le natif de Lausanne.

Après avoir débuté dans sa ville de naissance, le gardien a en effet fait un choix surprenant pour beaucoup. «J'ai eu un coup de cœur pour l'Angola et j'ai tenté l'expérience en club et j'ai pu être champion», reprend le gardien, couronné avec Primeiro de Agosto, où il a joué de 2015 à 2017.

Avant ce départ, celui qu'on appelle Signori Antonio en Suisse, mais «seulement Dominique en Angola», précise-t-il, avait porté le maillot de la Suisse M15.

«Mais il y avait Yann Sommer...»

«J'étais international suisse junior», rembobine-t-il, «mais en Suisse nous avons une bonne école de gardiens de but, c'était un choix pas facile à 19 ans de décider d'aller jouer pour le pays d'origine de mes parents. Quand j'ai pris cette décision, ça m'a fermé certaines portes en Suisse malgré tout».

«J'étais quand même une promesse de l'équipe nationale suisse», poursuit-il, «mais il y avait Yann Sommer qui ne jouait pas encore, Diego Benaglio qui jouait, je savais que mon tour risquait d'arriver un peu plus tard.»

Après son expérience à Primeiro de Agosto, il refait un passage en Suisse, puis repart en Angola, dans l'autre grand club du pays, Petro Luanda, pour deux saisons difficiles malgré un nouveau titre de champion. Depuis, il a rebondi à Etoile Carouge pour un nouveau retour à son point de départ.

L'amour des racines

«C'est quand même fou qu'un gars comme lui ne soit pas au plus haut niveau», s'étonne son entraîneur en club, Adrian Ursea. «Mais tant mieux pour nous. D'ailleurs, tout le monde y trouve son compte, moi, le club, ses coéquipiers et le joueur».

«J'ai eu la chance de tomber sur Signo qui était dans l'équipe des chômeurs du football suisse, je suis étonné de voir un gars comme lui à ce niveau, mais peut-être qu'on ne fait pas toujours les bons choix dans le foot...», poursuit le technicien roumain, ancien adjoint de Lucien Favre à Nice.

«J'ai fait ce choix de la patrie il y a dix ans, avec l'opportunité d'être no 1 à 19 ans, et l'amour des racines, de la culture que mes parents m'ont inculquée à la maison», répond Dominique. «Je suis content de voir que ça paie».