L'Euro 2020 aurait dû débuter vendredi, mais la pandémie a décalé son coup d'envoi au 11 juin 2021. D'ici là, les organisateurs vont devoir revoir leur copie, les sélectionneurs remodeler leurs effectifs et les supporters rebâtir un plan de bataille pour sillonner l'Europe.
Le 17 mars, face à la propagation du coronavirus, l'UEFA s'est résolue à repousser d'une année la 16e édition du Championnat d'Europe des nations, prévue initialement à l'été 2020 dans douze villes.
Entre crise économique et problèmes de calendrier, des doutes sont apparus sur la capacité d'un «nombre réduit» de villes hôtes à maintenir leur engagement en 2021, selon l'instance européenne du football qui doit trancher en Comité exécutif les 17 et 18 juin la liste définitive des stades retenus.
Un calendrier à revoir
A l'automne, il faudra faire cohabiter les barrages pour l'Euro qui ont été reportés fin mars, avec les matches de Ligue des nations, compétition bi-annuelle censée se tenir lors des saisons sans grands tournois ni qualifications.
L'UEFA planche sur divers scénarios et les fédérations ont pu donner leur avis, dès le mois d'avril. A l'époque, un projet tenait la corde: deux journées de Ligue des nations en septembre, octobre puis novembre, et des barrages au début des mois d'octobre et novembre. Cette solution a notamment pour avantage de «préserver le programme de la Ligue des nations vis-à-vis des diffuseurs» et de «faciliter l'organisation» des barrages, rapportait alors l'UEFA dans un document consulté par l'AFP.
Mais s'il se confirme, ce calendrier aura pour conséquence, entre autres, de mettre aux prises en Ligue des nations les champions d'Europe portugais et les champions du monde français... alors que les deux équipes doivent également s'affronter au premier tour du prochain Euro!
Des effectifs à remodeler
Les sélectionneurs avaient quasiment bouclé leur liste des joueurs pour l'Euro, les voilà contraints de remettre l'ouvrage sur le métier. La nouvelle donne profite aux grands blessés (Ousmane Dembélé, Memphis Depay...) et, dans une moindre mesure, à des joueurs fragilisés comme le Belge Eden Hazard (tibia), le prometteur ailier italien Nicolo Zaniolo (genou) ou encore le défenseur allemand Niklas Süle (genou).
Les jeunes pousses du Vieux continent gagnent aussi un an de plus pour s'imposer en sélection. A l'inverse, les trentenaires vieillissants ont du souci à se faire. En juin 2021, les champions du monde français Blaise Matuidi et Olivier Giroud auront 34 ans. Le gardien Steve Mandanda en aura 36, comme la mégastar portugaise Cristiano Ronaldo. Si l'attaquant de la Juventus devrait en être, sauf pépin physique, ce ne sera pas forcément vrai pour son compatriote Pepe (38 ans l'an prochain)...
Supporters, tout à refaire
Pour les supporters, assister à l'Euro éclaté dans douze pays relevait du parcours du combattant. Avec le report, l'UEFA leur laisse la possibilité de conserver leurs billets ou d'obtenir remboursement. «Les retours sur la procédure de remboursement des billets sont bons» et il y a eu «très, très peu de demandes», explique Ronan Evain, directeur général du réseau Football Supporters Europe (FSE).
Concernant les déplacements annulés, en revanche, «c'est un peu la loterie» d'un pays à l'autre, dit-il à l'AFP. «Ça dépend des compagnies aériennes et des pays dans lesquels on devait aller», précise-t-il, en évoquant «des difficultés avec Saint-Petersbourg et Bakou» ainsi qu'avec la compagnie aérienne EasyJet. Les supporters attendent désormais la confirmation des villes hôtes la semaine prochaine.
«Si on a une confirmation formelle à ce moment-là, c'est tout à fait acceptable et raisonnable», estime M. Evain qui se montre «raisonnablement optimiste» sur la présence du public dans les stades à l'été 2021. «L'incertitude va encore peser un moment, mais on va apprendre à faire avec», conclut-il.