«Welcome Ronaldo!»: les Iraniens ont accueilli lundi avec ferveur la star portugaise de l'équipe saoudienne d'Al Nassr qui doit affronter Persepolis à Téhéran, un match rendu possible par le rapprochement diplomatique entre l'Iran et l'Arabie saoudite.
La frénésie autour de Cristiano Ronaldo a été telle que des dizaines de fans ont brièvement envahi le lobby de l'hôtel de son équipe pour tenter de l'approcher et de le prendre en photo.
Al Nassr a ensuite annulé son déplacement au stade pour une ultime séance d'entraînement avant le match de mardi soir. En début d'après-midi, c'était tout sourire que Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers avaient été salués par les cris de joie de dizaines de fans à leur sortie en bus de l'aéroport Imam Khomeiny. Auparavant, «CR7», le surnom de l'international portugais de 38 ans, s'était vu offrir un somptueux tapis persan par le président du club de Persepolis.
De grandes banderoles «Welcome» en anglais, arabe et persan avec les portraits des stars d'Al Nassr ont été suspendus sur les ponts de grands axes traversant l'immense capitale iranienne, peu habituée à accueillir des icônes internationales en raison de l'isolement diplomatique du pays.
«Ça a été un grand moment, nous avons tous apprécié» l'accueil des supporters iraniens, a expliqué l'entraîneur d'Al Nassr, Luis Castro, en conférence de presse. L'entraîneur de Persepolis, Yahya Golmohammadi, s'est lui félicité d'accueillir une «grande équipe».
Stade vide
«C'est génial!», s'est enthousiasmé Navid Borhanifar, un fan de Cristiano Ronaldo de 28 ans. Il dit espérer «un beau match» entre «les vedettes d'Al Nassr» et Persepolis, où évoluent des «joueurs expérimentés».
Malheureusement, aucun supporter ne pourra assister au match mardi dans le stade Azadi, le plus grand du pays avec ses 90.000 places. La faute à une sanction infligée par la Confédération asiatique (AFC) après la publication en 2021 d'un post controversé sur la page Instagram de Persepolis. La rencontre jouée à huis clos sera toutefois diffusée à la télévision (21h30 locales, 18h00 GMT).
«Jouer dans un stade vide, ça ne donne pas le goût du vrai football», a regretté Luis Castro. Yahya Golmohammadi s'est dit «triste que ce grand match soit disputé sans spectateurs».
D'ici au coup d'envoi, les joueurs d'Al Nassr sont placés sous la sécurité d'une «unité d'élite» des forces de l'ordre, spécialisées dans les voyages présidentiels, selon le site sportif Varzesh 3.
La venue de Cristiano Ronaldo, dont le compte Instagram compte 605 millions d'abonnés, a aussi relancé le débat sur les restrictions d'accès à internet dans la République islamique.
L'Iran limite sévèrement l'accès aux réseaux sociaux depuis le début d'un mouvement de contestation en 2022 après la mort en détention d'une jeune femme, Mahsa Amini, arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict en vigueur dans le pays.
Un haut responsable de Persepolis, Reza Darvish, a ainsi proposé que l'équipe saoudienne obtienne des cartes SIM iraniennes avec un accès illimité à internet.
Réchauffement
Sur le plan sportif, l'enjeu est de bien débuter la Ligue des champions d'Asie, dont les clubs saoudiens sont désormais favoris après s'être fortement renforcés durant l'été. Al-Nassr a ainsi recruté le Sénégalais Sadio Mané et l'Ivoirien Séko Fofana.
Al-Nassr va tenter de venger sa défaite contre les Rouges lors des demi-finales de la compétition en 2020. Club le plus titré et le plus populaire en Iran, Persepolis a été finaliste en 2018 et 2020 de l'épreuve, remportée en 1995 par Al Nassr.
Ce match a aussi une dimension diplomatique puisqu'il est le premier à opposer des clubs saoudiens et iraniens sur terrain adverse, et non sur terrain neutre comme c'était le cas depuis sept ans. L'AFC a donné son feu vert en août, cinq mois après l'accord de reprise des liens entre les deux poids lourds du Moyen-Orient conclu en mars sous l'égide de la Chine.
L’Arabie saoudite à majorité sunnite et l'Iran à majorité chiite avaient rompu leurs relations en 2016 après l'attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants de la République islamique qui protestaient contre l'exécution par Ryad d'un religieux chiite.
L'AFC avait alors trouvé un arrangement, qualifié à l'époque de «très malheureux», permettant aux équipes des deux pays de s'affronter sur terrain neutre.