Le football suisse n'est pas sorti grandi de l'unique finale de la Coupe d'Europe des clubs champions disputée sur son sol en 1961. La qualité du match ne devait pas, en effet, occulter bien des manques.
Le premier fut l'affluence très décevante au stade du Wankdorf à Berne - 26'732 spectateurs - qui restera comme la plus faible de toute l'histoire des finales de la plus prestigieuse compétition interclubs du continent. Les absents ont eu bien tort dans la mesure où ce match entre Benfica et le FC Barcelone fut de toute beauté. Il a été remporté 3-2 par les Portugais qui succédaient ainsi au palmarès de cette Coupe de clubs champions au Real Madrid victorieux des cinq premières éditions.
Le second fut l'arbitrage. Battu malgré son rang de favori amplement justifié après avoir éliminé le... Real Madrid au premier tour (2-2 et 2-1) et la classe de ses deux Hongrois Sandor Kocsis et Zoltan Czibor qui furent à nouveau maudits sur cette pelouse de la capitale helvétique où ils avaient laissé filer sept ans plus tôt le titre mondial, le FC Barcelone a très vite remis en question la performance du Bâlois Gottfried Dienst.
Aux yeux des dirigeants catalans, celui qui accordera un but improbable à l'Angleterre lors de la finale de la Coupe du monde 1966, a commis deux erreurs. «Il nous a annulé un but valable et il n'aurait pas dû valider le 2-1 pour Benfica», fustigeaient les Catalans qui devront attendre 31 ans encore avant de remporter enfin cette Coupe d'Europe des clubs champions.
La «malédiction» Béla Guttmann
Le sacre du Benfica ne doit toutefois rien au hasard. Même si le formidable Eusebio jugé encore trop tendre à 19 ans ne fut pas du voyage, la formation de Béla Guttmann témoignait d'une rare maîtrise tactique. Elle avait très aisément tracé sa route jusqu'à la finale. Et, surtout, elle l'avait préparée avec une rare minutie pour l'époque avec un stage d'une semaine dans l'Oberland alors que son adversaire n'avait rejoint la Suisse que deux jours avant le match.
Une année plus tard avec Eusebio cette fois sur le terrain, le Benfica signait le doublé à la faveur de son succès 5-3 devant le Real Madrid lors de la finale à Amsterdam. Ce fut le dernier triomphe des «Aigles» sur la scène européenne. La «malédiction» Béla Guttmann devait, en effet, frapper au lendemain de cette finale.
L'entraîneur hongrois, que l'on devait retrouver à la tête du Servette FC lors de la saison 1966/1967, décidait de quitter le club faute d'avoir obtenu la revalorisation salariale qu'il espérait. «Je m'en vais en vous maudissant. À partir d’aujourd’hui et pendant 100 ans, Benfica ne remportera pas une Coupe d’Europe», lançait-il à l'heure du départ. Depuis ces 58 dernières années, Benfica a joué et a perdu huit autres finales d'une compétition européenne...