Nouvel entraîneur du Lausanne-Sport, Ilija Borenovic est un néophyte de 38 ans. Mais celui qui a officié pendant plusieurs saisons au Team Vaud M21 s'intègre parfaitement dans la politique du club vaudois.
Sa nomination a dû en surprendre quelques-uns. D'aucuns imaginaient peut-être un nom plus «ronflant» à la tête du LS. Des bruits émanant de la presse parlaient d'une possible arrivée d'Adrian Ursea. Mais le 22 mai, le club de la capitale a officialisé le nom de son pilote pour l'exercice à venir et c'est Ilija Borenovic qui a décroché le poste. Une vraie première pour celui qui avait officié pendant six matches en 2018 après le départ de Fabio Celestini et une inévitable relégation en Challenge League.
Lorsqu'on lui demande comment il a accueilli la nouvelle, le coach ne fait pas d'effets de manche: «On en avait discuté, mais je ne m'y attendais pas forcément. En fait, c'était une surprise sans en être une, vu que j'espérais le poste et que je suis là depuis longtemps. C'est pour ça que quand on m'a annoncé que c'était moi, j'étais froid. Si je devais résumer en trois mots, ce serait: tranquillité, sagesse et joie.»
Un effectif très jeune
La nomination de Borenovic à la tête du LS prend tout son sens à la lecture du contingent et des années de naissance des joueurs. Un seul trentenaire dans l'équipe (Kukuruzovic, 32 ans) et trois autres de plus de 25 ans (Geissmann, Diaw et Monteiro). Le reste, ce sont des garçons de 18 à 22 ans. A la Tuilière, on va jouer à fond la carte jeunesse. «Miser sur les jeunes, c'est un challenge extraordinaire pour moi et pour le projet INEOS», appuie Borenovic.
Si le côté fontaine de jouvence a le don de faire saliver les supporters, la présence de joueurs expérimentés doit aussi permettre de trouver une bonne balance. Un avis que conteste le nouveau coach: «Je trouve que cette histoire d'équilibre entre jeunes joueurs et éléments expérimentés appartient au passé. Moi je parle plutôt de la motivation, de la confiance et de la qualité. Après, si ça se rejoint, tant mieux», dit-il.
«Mais je ne vais pas vous dire qu'il faut six jeunes et quatre gars d'expérience ou l'inverse. Ajax a été en finale de la Champions League avec presque que des jeunes. Il y a des exemples des deux côtés. Si notre équipe est jeune, c'est que c'est notre projet. Mais c'est aussi ça le challenge avec eux. On sait qu'on ne pourra pas les avoir tous au top niveau en même temps», explique encore l'entraîneur.
Un mot d'ordre: développement
Formateur attaché au développement, Ilija Borenovic décrit une partie de sa méthode: «J'aime me baser sur trois principes: la performance, le travail et la progression. Mon but, c'est d'élever le niveau tous les jours. L'ambition qui doit nourrir ces jeunes, c'est de parvenir à percer au plus haut niveau. Pour moi, une partie du travail, c'est qu'il y arrivent. Mais pas qu'ils y arrivent demain, qu'ils y arrivent sur la longueur. Quand on a 20 ans, on a une chance d'y arriver mais aussi une chance de ne pas y rester parce qu'on n'est pas prêt. Une fois prêts, ils pourront gérer.»
A 38 ans, Borenovic est le plus jeune coach de Super League. Un avantage lorsque votre vestiaire pense plutôt TikTok que Facebook? «D'être un jeune entraîneur, c'est un plus. Même si d'anciens coaches savent parfaitement travailler avec les jeunes. Ce qui est sûr, c'est qu'avec la nouvelle donne économique et la situation accentuée par la pandémie, on va davantage voir les jeunes. Les entraîneurs vont devoir être bons avec les jeunes. Il faut tirer sur la bonne ficelle. Des fois pincer, des fois ignorer. Mais les écarts ne sont pas gigantesques dans l'attention qu'il faut donner à un jeune ou à un «ancien».»
Procurer des émotions
Le championnat qui débute samedi avec la réception de St-Gall s'annonce plus ouvert que jamais avec dix bonnes équipes et a priori pas de victime désignée pour la 10e place. Avec 15 buts marqués en cinq matches de préparation, le LS version Borenovic semble tourné vers l'attaque, ce que le principal intéressé développe: «La première question que l'entraîneur se pose c'est soit comment je vais faire pour ne pas encaisser un but ou comment je vais faire pour marquer un but. Je me situe dans la deuxième proposition. On veut posséder le ballon de manière utile et que ça aboutisse à quelque chose. C'est un foot qui va procurer des émotions.»
Pour sa deuxième saison dans l'élite, le club vaudois recherche la stabilité et logiquement le maintien. Ilija Borenovic en est conscient, mais il ne tient pas à abandonner ses principes: «Je ne sais pas trop planifier. J'essaie de voir au jour le jour, de préparer le meilleur entraînement à venir. Le résultat à tout prix, je n'ai pas cette fibre-là.»