Les critiques sont parfois si vives en Suisse au sujet de l'équipe nationale qu'il est intéressant d'aller voir ailleurs ce qu'en pensent les autres. Dont les Irlandais, adversaires ce soir à 20h45.
C'est la sempiternelle question: que vaut vraiment l'Irlande? Leaders du groupe D des éliminatoires de l'Euro 2020, les Boys in Green n'ont a priori rien de foudres de guerre mais leur capacité à se faire mal et à mettre du coeur à l'ouvrage les rendent, comme toujours, dangereux.
je 05.09. 20:10 - 23:15 ∙ SRF zwei ∙ IRL 2019 ∙ 185 min
L'émission a plus de 7 jours et n'est plus disponible.
Mick McCarty est un sélectionneur comblé. Le calendrier de ces qualifications, perturbé par l'intercalation du Final Four de la Ligue des Nations, lui a offert une belle opportunité que son Irlande a eu le mérite de saisir. Voici donc l'hôte de la Suisse (jeudi à Dublin) en tête du groupe grâce aux deux matches de plus qu'il a disputé par rapport à la Suisse.
«Je constate que nous avons fait les points que nous devions faire (ndlr: deux succès contre Gibraltar et un contre la Géorige) et que celui obtenu au Danemark vient en bonus, nous avons fait la moitié du chemin», expliquait lundi McCarty lors du rassemblement de son équipe dans l'Ouest de la capitale.
"Je pense que nos rivaux pour la qualification vont également faire neuf points dans les trois matches qu'il leur reste face à la Géorgie et Gibraltar, c'était donc essentiel de faire pareil. Mais nos matches les plus difficiles nous attendent...", rappelait-il, pensant à la réception de la Suisse qu'il retrouvera encore à Genève en octobre, à la réception du Danemark et, dans une moindre mesure, au déplacement en Géorgie.
En Irlande, comme à peu près partout ailleurs, l'équipe de Suisse ne jouit pas totalement du crédit que son statut et son niveau exigeraient. Mais des voix s'élèvent ces derniers jours, à Dublin, pour remettre certains faits en perspective. A commencer par celle de Mick McCarty, qui en sait long sur le sujet puisque les deux défaites concédées devant la sélection de... Köbi Kuhn sur la route vers l'Euro 2004 lui avaient coûté son poste à l'époque.
«La Suisse est une des meilleures équipes en Europe depuis plusieurs années, tonnait-il lundi. Elle ne remporte pas de titre mais elle se qualifie toujours pour les tournois et s'y illustre. Son entraîneur est en poste depuis longtemps, le système est bon et ses joueurs sont doués.» Une déclaration qui a poussé le très influent quotidien Irish Independant à publier un petit tableau comparatif entre les deux adversaires de jeudi.
«Un de nos plus grands aveuglements»
Six Suisses disputeront cette saison la Ligue des champions et dix l'Europa League contre... aucun, dans aucune des deux compétitions, Boys in Green. Six Suisses ont déjà soulevé un trophée important hors de leurs terres contre, là encore, aucun Irlandais. Un constat qui a sans doute guidé la plume de l'éditorialiste Aidan Fitzmaurice.
Etonné par l'indifférence ambiante lors du tirage au sort de ces éliminatoires, tandis que l'Irlande du Nord frétillait à l'idée d'en découdre avec l'Allemagne et les Pays-Bas, le journaliste de l'Irish Independant constate que, dans la tête de ses compatriotes, affronter la sélection de Vladimir Petkovic ne relève aucune difficulté particulière.
«Et c'est l'un de nos plus grands aveuglements footballistiques en Irlande, écrit Aidan Fitzmaurice. Nous ignorons notre terrible bilan face aux Suisses (seulement deux victoires en huit matches de compétition) et la classe intrinsèque de leur équipe, bien que peu reconnue.»
Et l'éditorialiste de poursuivre: «La Suisse s'est qualifiée pour plus de phases finales que l'Irlande, elle n'a pas quitté le top 20 de la FIFA depuis dix ans, ses clubs et ses joueurs évoluent régulièrement en Ligue des champions et en Europa League. Et le football irlandais continue de la déprécier juste parce que c'est la Suisse.»
Encore des balles de tennis?
Peu de chances que les joueurs de Mick McCarty en fassent de même. D'autant plus qu'ils seront poussés depuis les tribunes par une Green Army fervente quoique chagrine ces derniers temps. Ainsi il n'est pas impossible que la rencontre soit interrompue une poignée de minutes jeudi, comme l'avait été celle contre la Géorgie en mars.
Des supporters, irrités par la nomination de John Delaney au poste de vice-président exécutif de la Fédération (FAI) alors qu'il est au coeur d'une transaction financière discutable, avaient lancé de nombreuses balles de tennis sur la pelouse pour signifier leur mécontentement. «Je ne doute pas que l'ambiance sera bonne, estime toutefois McCarty. Elle l'avait été avant le match contre la Géorgie. Et puis, cette animosité, ce n'était pas grand-chose, non? Une quarantaine de personnes qui ont lancé des balles. Et tout s'est envolé quand nous avons marqué.»