La saison 2020/2021 de Super League commence ce week-end. Après les analyses et autres prédictions de Claude Gross sur le Lausanne-Sport, Johann Lonfat s'est penché sur le voisin lémanique, le Servette FC. Consultant chez Teleclub, l'ex-international suisse prédit à nouveau un exercice de bonne facture côté grenat.
Johann Lonfat, le Servette FC entame dimanche à Lausanne son deuxième exercice consécutif dans l'élite. A votre avis, que doivent viser les Genevois cette saison?
"Je m'attends à une confirmation de la super saison que Servette a réalisé l'année dernière. Je pense que l'ambition des Genevois sera de confirmer. C'est d'ailleurs ce qui est le plus compliqué et le plus délicat dans le football. Cette équipe sera forcément attendue cette saison et elle ne bénéficiera plus de l'effet de surprise. Ses adversaires connaissent désormais ses forces et ses faiblesses. Je m'attends tout de même à ce que Servette vise à nouveau un ticket européen, les Grenat n'étant pas encore assez armés pour viser le titre."
La fin de saison genevoise, notamment depuis le re-start, avait toutefois été un peu plus poussive. Etait-ce déjà un signe que l'effet de surprise était passé?
"Il est vrai que Servette avait eu un peu plus de peine, mais les Genevois avaient su réenclencher la machine après une période moyenne. Ils avaient ensuite su reproduire ce dont ils étaient capables. Je ne suis donc pas inquiet pour les Grenat pour cette nouvelle saison et il n'y a pas de raison qu'ils soient moins en vue. Je les vois d'ailleurs clairement finir meilleurs Romands et j'attends peut-être même une progression de cette équipe."
L'effectif du SFC n'a quasiment pas bougé durant l'intersaison. Selon vous, est-ce une bonne chose?
"Oui, clairement! Quand vous faites une bonne saison, je ne vois pas pourquoi il devrait y avoir une révolution. A l'image de Saint-Gall qui a fait flamber certains joueurs, la seule raison qui pourrait expliquer un éventuel bouleversement d'effectif serait que des départs interviennent afin que les joueurs en question puissent progresser ailleurs et franchir un palier."
Un mot sur les renforts (Moussa Diallo, Arial Mendy, ...)? Du côté des départs (Dennis Iapichino, Christopher Routis, ...), y a-t-il de grosses pertes?
"Mendy a déjà été intégré et semble être une bonne arrivée, Diallo débarque de Cholet et Antunes revient de Chiasso. Surtout, 6-7 joueurs des M21 ont été intégrés au contingent de la première équipe. L'un des objectifs du projet genevois est d'intégrer et de mettre en avant les jeunes. Ces 'promotions' prouvent donc que le club grenat veut aussi jouer la carte de la jeunesse. Quant aux départs, Servette n'a pas perdu beaucoup de joueurs d'envergure - si ce n'est Park - et l'armature est restée la même. L'équipe-type va ainsi se dégager assez vite."
L'année dernière, la principale force de la formation d'Alain Geiger était sa jouerie. Voyez-vous les Grenat poursuivre avec cette philosophie?
"Oui oui, il n'y a pas de raison que le jeu grenat s'étiole. La saison passée, la manière était effectivement propre et remarquable. C'est pourquoi Servette doit avoir l'objectif de maintenir cette qualité de jeu. Les Genevois devront toutefois apprendre à mieux jouer contre des équipes attentistes. Lors du dernier exercice, ils avaient eu un peu plus de peine contre Xamax ou Lugano car il s'agissait de formations recroquevillées. Avec son style de jeu nécessitant le ballon, Servette devra donc trouver des solutions face à ce type d'équipes."
Ce jeudi soir, les hommes d'Alain Geiger affrontent sur un match sec le Stade de Reims au 2e tour qualificatif de l'Europa League. Que peut viser le Servette FC sur la scène européenne?
"Attention les vélos! Reims a terminé 6e du championnat de France, notamment devant Lyon, et la Ligue 1 est quand même d'un autre acabit que la Super League. Il s'agit donc d'un très gros morceau et Servette ne part pas favori. C'est toutefois un super match à jouer pour une équipe qui était encore en Challenge League il y a deux saisons. Ce n'est donc que du bonus, même s'il faut que club genevois se présente avec des ambitions. Sur un match, les Grenat peuvent en effet passer. Plus globalement, c'est un bon test pour faire évoluer l'équipe."
Outre les Grenat, deux autres clubs romands disputeront ce championnat de Super League. Qu'attendez-vous du FC Sion et du Lausanne-Sport?
"Il n'y a eu que très peu de changements dans ces deux clubs en raison de la courte pause estivale et des conséquences du Covid-19. Côté valaisan, le changement le plus notable se situe au niveau de l'entraîneur avec l'arrivée de Fabio Grosso. Les incertitudes se situent surtout au niveau des départs puisque de gros noms ont quitté Tourbillon. A l'inverse, peu d'arrivées sont à noter. Je ne sais pas si c'est un mal pour un bien car les gros transferts réalisés ces dernières années se sont avérés être des catastrophes, à l'image des résultats. Au vu de l'effectif actuel, je vois donc le FC Sion jouer le milieu de tableau. Quant au Lausanne-Sport, je le vois honnêtement être en fond de grille. Ce n'est pas possible de passer de la Challenge League à la Super League sans se renforcer. Avec l'argent d'Ineos, ça peut toutefois encore évoluer."
Finalement, qui sera champion de Suisse au printemps prochain? A l'inverse, quels clubs seront barragiste et relégué?
"Pour moi, il est clair que Young Boys sera à nouveau champion cette saison. Le FC Bâle aura de la peine à suivre la cadence des Bernois, mais jouera le haut du tableau. A l'heure actuelle, je vois également le Lausanne-Sport terminer barragiste. Quant au relégué, je ne vois pas comment Vaduz pourrait régater dans l'élite."