Lucien Favre Lucien Favre: "Je n'ai pas besoin de faire l'acteur"

ATS

15.9.2020

A 62 ans, il entend avant tout se faire plaisir. A la veille d’attaquer sa troisième saison de Bundesliga à la tête du Borussia Dortmund, Lucien Favre entend offrir à deux joueurs de 17 ans la possibilité de marquer très vite les esprits.

Le mois dernier à Bad Ragaz, le Vaudois n’avait, ainsi, cessé de louer les qualités de Giovanni Reyna, cet Américain qu’il avait lancé pour la première fois à Augsbourg le 18 janvier. Aujourd’hui, il évoque dans une interview accordée à Keystone ATS les promesses dévoilées par l’Anglais Jude Bellingham, buteur lundi soir en Coupe lors du large succès 5-0 devant Duisbourg.

Lucien Favre: "A mes yeux, c'est tout simplement une question d'honnêteté."
Lucien Favre: "A mes yeux, c'est tout simplement une question d'honnêteté."
Keystone

Lucien Favre, aucun autre club de premier plan en Europe ne mise autant sur la jeunesse que le Borussia Dortmund. Quelles sont les raisons d’un tel choix ?

«Nous avons la chance de posséder de grands talents dans notre effectif avec Reyna, Bellingham, mais aussi avec le Brésilien Reinier qui a 18 ans et qui est prêté par le Real Madrid. Yousouffa Moukoko, qui aura 16 ans en novembre, peut aussi entrer en ligne de compte. Et bien sûr, il y a Jadon Sancho et et Erling Haaland qui n’ont que 20 ans. Alors pourquoi ne pas profiter d’une telle richesse ?»

Miser autant sur les jeunes pour un club tel que le vôtre n’est-t-il pas un extraordinaire défi ?

«Il convient de trouver le bon équilibre. Les joueurs plus expérimentés doivent nous apporter à la fois de la stabilité et du calme. Mais il est vrai que j’ai toujours aimé travailler avec des joueurs qui ont encore tout leur avenir devant eux. Mais au final, ce sont les résultats qui valideront notre travail. Aligner des joueurs aussi jeunes ne me donnera pas le totem de l’immunité.»

Qu’est-ce qui vous plait chez un joueur comme Jude Bellingham recruté de Birmingham City pour 25 millions d'euros ?

«J’ai vraiment eu du plaisir à le découvrir lors de la préparation. C’est un joueur qui peut jouer en no 6 comme en no 8. Il défend bien. Il peut aussi réaliser de très belles choses en phase offensive. Il est un joueur qui possède un très grand rayon d’action. Avec lui, nous pourrons varier les systèmes. Ce qui prime pour moi n’est pas sa date de naissance mais son intelligence de jeu.»

Aux côtés de Reina et de Bellingham, Jadon Sancho entend assumer le rôle du grand frère. En sera-t-il capable ?

«J’ai lu cela (sourires). Il est clair que nous avons besoin d’un tel joueur et je suis ravi qu’il reste malgré la cour menée par Manchester United notamment. Tout le monde connaît ses immenses qualités. Il marque. Il fait marquer. Il peut vraiment forcer la décision à lui seul. Seulement, il doit encore soigner des détails pour être plus fort encore. Il faut encore lui donner du temps, comme pour Haland, Bellingham et Reina. L’enchaînement des matches avec la multiplication des semaines anglaises sera redoutable pour tous les joueurs et spécialement pour les jeunes.»

N’avez-vous pas le sentiment que la jeune génération bascule aujourd’hui plus vite dans le monde adulte que par le passé ?

«Oui. Il n’y a pas qu’à Dortmund où l’on trouve des joueurs de 17 ans. Vous me direz que Pelé a gagné la Coupe du monde à 17 ans en 1958. Mais Pelé était une exception. Aujourd’hui, tous ces jeunes doivent être capables de faire face à une très grande pression. Cela vous aide à grandir.»

A 62 ans, vous ne donnez pas l’impression d’accuser une sorte de décalage avec vos jeunes joueurs. Quelle est votre recette pour rester à la page ?

«Je reviens à la notion de l’intelligence de jeu. Elle est en quelque sorte intemporelle. Il faut savoir comment le jeu doit se développer, trouver le bon tempo pour adresser une passe. J’ai le sentiment de demeurer toujours dans la modernité. Par ailleurs, je m’efforce d’être loyal et ouvert envers mes joueurs. Je leur explique les raisons qui guident mes choix. Je prends le temps de m’entretenir individuellement avec eux. A mes yeux, c’est tout simplement une question d’honnêteté. »

La même critique revient toujours sur le tapis. Elle concerne votre retenue durant les matches. Comment l’accueillez-vous ?

«Cela ne sert à rien de hurler comme un fou. Après dix minutes, tu n’as plus de voix. A l’entraînement, il m’arrive de parler pendant 25 minutes sans m’arrêter pour expliquer un exercice tactique. Je le fais devant les joueurs, sans public, sans caméras. Je n’ai vraiment pas besoin de faire l’acteur !»

Comment envisagez-vous cette troisième saison à Dortmund ?

«Nous avons pris la deuxième place lors des deux premières. Tout pronostic est difficile. En raison de la pandémie, nous devrons faire face à un calendrier presque démentiel. L’équipe qui bénéficiera de la plus grande profondeur de banc sera bien sûr avantagée. Nous affronterons avec le Bayern Munich une équipe qui vient de remporter un huitième titre de rang en Bundesliga et la Ligue des Champions. Le Bayern est la meilleure équipe d’Europe avec un contingent extraordinaire. Il convient toujours de garder cette réalité à l’esprit.»

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