A quelques semaines du début de l'Euro, Steve von Bergen a livré ses impressions sur le niveau actuel de l'équipe de Suisse. Le consultant de la "RTS" s'est dit globalement satisfait de ce qu'il a vu lors de ce rassemblement du mois de mars. Interview.
Steve von Bergen, quel bilan dressez-vous du rassemblement de l'équipe de Suisse ?
"Il était important de bien commencer cette campagne qualificative en vue de la Coupe du monde 2022. Avec six points en deux matches, le bilan comptable est parfait. Quant à la manière, la Nati a réalisé une excellente première mi-temps en Bulgarie, en maîtrisant son sujet de A à Z. La deuxième période a été marquée par un petit moment de flottement après le but encaissé dès le retour des vestiaires. Il ne faut néanmoins pas négliger cette victoire, l'Italie ne s'étant imposée que 2-0 à Sofia. La sélection de Vladimir Petkovic a ensuite fait ce qu'elle devait faire contre la Lituanie, un adversaire franchement faible."
Selon vous, quels joueurs ont marqué des points en vue de l'Euro ?
"C'était effectivement l'une des dernières possibilités pour certains joueurs de montrer au sélectionneur qu'ils ont leur place dans ce groupe, même si le chemin est encore long jusqu'à fin mai. A ce petit jeu, Steven Zuber a marqué des points, c'est une certitude. Je pense également que Ruben Vargas a tiré son épingle du jeu, sans toutefois être exceptionnel. A l'inverse, je crois que personne n'a perdu des points, même si Eray Cömert, Loris Benito ou Christian Fassnacht ont peut-être joué un match décisif contre la Finlande en vue de la liste des 23 de Vladimir Petkovic."
Malgré ses trois victoires en autant de sorties, l'équipe de Suisse a essuyé quelques critiques. Justifiées à vos yeux ?
"La Nati n'a plus perdu un match qualificatif pour la Coupe du monde depuis 2006 ! Il ne s'agit pas d'une statistique 'normale' et je crois qu'on ne s'en rend pas bien compte. Je trouve que le public suisse est assez critique. Nos joueurs évoluent désormais dans de grands clubs, ce qui provoque une grosse attente chez les fans. Je trouve néanmoins que l'équipe de Suisse a rarement déçu, même si on aimerait évidemment qu'elle passe une fois l'écueil des huitièmes de finale dans une grande compétition. Personnellement, je prends du plaisir à voir jouer cette équipe qui maîtrise son sujet, qui dégage une certaine stabilité. Elle ne fait certes pas tout parfaitement, mais aucune équipe n'est parfaite. La France, par exemple, a été championne du monde en n'étant pas bonne dans le jeu. Je pense que la sélection de Vladimir Petkovic a de belles choses à faire ces prochaines années."
Pour y parvenir, le sélectionneur a adopté un nouveau schéma tactique en 3-4-1-2. Qu'en pensez-vous ?
"Il a effectivement changé un petit quelque chose en mettant Xherdan Shaqiri au centre du jeu. Vladimir Petkovic a ainsi abandonné son système à trois attaquants et replacé le joueur de Liverpool derrière les deux avants. De ce fait, le Bâlois a bénéficié d'une incroyable liberté et a paru très à l'aise dans cette configuration. Il a pu bouger où il voulait, créer et tenter sans avoir de grosses contraintes défensives. Breel Embolo et Haris Seferovic ont accepté cette situation et ont beaucoup travaillé sur le plan défensif afin de compenser les absences de Xherdan Shaqiri. Je trouve d'ailleurs que le mix entre ces trois joueurs est bon."
Finalement, que doit encore améliorer l'équipe de Suisse si elle entend briller à l'Euro ?
"Elle doit ôter ses sautes de concentration qui ont régulièrement coûté cher, à l'image du but encaissé en Bulgarie. Il y a effectivement encore trop de cadeaux faits à l'adversaire, notamment lorsque la Nati tente de jouer depuis l'arrière. C'est d'autant plus dommageable que, parfois, l'équipe n'est même pas en grand danger."