Déjà bannis du football mondial, l'ancien président de la FIFA Sepp Blatter et son ex-bras droit Jérôme Valcke ont écopé mercredi de six ans et huit mois de suspension supplémentaires pour s'être accordés de généreux bonus allant de 22 à 30 millions de francs chacun.
Les deux hommes sont désormais privés de toute responsabilité "administrative ou sportive" jusqu'en juin 2028 pour M. Blatter et juin 2032 pour M. Valcke, en ajoutant ces sanctions à celles prises en 2015 et 2016 par la commission d'éthique de la FIFA.
La justice interne de l'instance leur a en outre infligé une amende d'un million de francs chacun, dans deux décisions notifiées mercredi et qu'ils peuvent contester auprès du Tribunal arbitral du sport.
Conclusion d'une enquête ouverte en septembre 2016, cette nouvelle condamnation exclut tout retour aux affaires du tandem, qui ne représentait déjà plus aucune menace pour l'actuelle direction de la FIFA, présidée depuis 2016 par Gianni Infantino.
Dans ce volet, la commission d'éthique reproche aux ex-dirigeants d'avoir "mis au point un système" leur accordant "des bénéfices extraordinaires avec un minimum d'effort", en violation de plusieurs règles éthiques.
64 millions de francs à trois
Selon le détail de la décision, Sepp Blatter a ainsi empoché 23 millions de francs de "bonus extraordinaires" liés au Mondial 2010 en Afrique du Sud, à la Coupe des Confédérations de 2013 et au Mondial 2014 au Brésil.
Le Français Jérôme Valcke, ancien journaliste sportif à Canal+, a de son côté perçu 30 millions de francs de bonus pour la même période, en plus de ses émoluments habituels.
Or pour cela, les deux dirigeants n'ont eu besoin d'aucune validation hormis celle de l'ancien directeur financier Markus Kattner, licencié en mai 2016 et suspendu pour dix ans en juin 2020 dans la même affaire, et celle de l'ex-vice président de la FIFA Julio Grondona, décédé en 2014.
"Ensemble, Messieurs Blatter, Valcke et Kattner se sont partagé 64,5 millions de francs de bonus extraordinaires", ainsi que 4,5 millions de dollars (4,2 millions de francs) pour Julio Grondona, résume la commission d'éthique.
Sepp Blatter, Julio Grondona et Jérôme Valcke "signaient les avenants" approuvant leurs bonus respectifs, pendant que Markus Kattner se chargeait de les verser, s'abstenant de les signaler aux auditeurs de la FIFA ainsi que dans les communiqués financiers de l'instance.
"Parodie de justice"
Sepp Blatter, âgé de 85 ans, fait déjà face à plusieurs enquêtes de la justice suisse, dont celle sur le paiement controversé de 2 millions de francs à Michel Platini en 2011.
Cette nouvelle sanction représente un "coup derrière la nuque, douloureux et incompréhensible", a réagi auprès de l'AFP le Suisse, qui se remet dans une clinique valaisanne d'une hospitalisation en décembre et janvier.
"La commission d'éthique, dans sa forme actuelle, n'a plus rien à voir avec un organe indépendant - elle n'est plus que le bras armé du président de la FIFA et guère plus qu'une parodie de justice", a-t-il accusé, féroce critique de son successeur depuis des années.
Jérôme Valcke, 60 ans, attend de son côté son procès en appel dans une affaire de gestion déloyale et de corruption impliquant également le patron de beIN Media et du PSG, Nasser Al-Khelaïfi.
Lors de l'audience en première instance, qui a abouti à l'acquittement des deux hommes, M. Valcke avait confié vouloir se reconvertir dans l'agriculture, après "deux-trois" autres tentatives "polluées" par des interventions de la FIFA.
La justice suisse a ouvert depuis 2015 une vingtaine d'enquêtes autour de l'instance: la plupart sont liées à l'ère Blatter, mais Gianni Infantino est lui aussi poursuivi depuis juillet 2020 pour trois rencontres secrètes avec l'ancien chef du parquet.