Du bord de la relégation en 2e division aux portes du sacre européen: depuis l'arrivée des propriétaires qataris en 2011, le PSG est devenue «une marque globale». Il a fallu pour ce faire des investissements colossaux et un recrutement cinq étoiles.
Malgré une succession de désillusions en Coupe d'Europe, la finale de Ligue des champions contre le Bayern Munich, dimanche (21h00) à Lisbonne, peut-elle consacrer cette décennie de transformation? «Oui, quand tu travailles autant, il arrivera le jour où tu seras récompensé», espère Marco Verratti, à Paris quasiment depuis les débuts du projet.
«Sans manquer de respect à personne, je pense que ce club est né le jour où les Qataris sont arrivés»: la «punchline» de Zlatan Ibrahimovic, quatre ans après son arrivée royale en 2012, résume la refonte radicale du PSG depuis son rachat par le fonds souverain Qatar Sports Investments (QSI).
Une formule qui choque
Si la formule choque les supporters ayant vécu la période dorée des années Canal+, avec la victoire en Coupe des Coupes (1996) comme point d'orgue, la nouvelle génération se remémore davantage les luttes pour le maintien de la fin des années 2000.
Javier Pastore, David Beckham, Dani Alves, Gianluigi Buffon... Avec des centaines de millions d'euros injectés à chaque mercato, le président Nasser-Al Khelaïfi attire les plus grandes stars et fait basculer Paris dans une autre dimension.
Symbole de la puissance financière au service d'une ambition sportive XXL? Le mercato record de l'été 2017 où le PSG lâché plus de 400 millions d'euros pour s'offrir Neymar et Kylian Mbappé. «Notre ambition est de gagner la Ligue des Champions, avait clamé Al-Khelaïfi, le jour de la présentation de Neymar devant les caméras du monde entier. C'est notre objectif.»
Le triomphe de l'argent-roi
Qu'importe que ses concurrents dénoncent le triomphe de l'argent-roi comme l'ex-président du Bayern Uli Hoeness, ou la surveillance accrue du fair-play financier de l'UEFA. Archi-dominateur sur la scène nationale, où il rafle la majeure partie des trophées, le PSG vit toutefois les plus grandes désillusions de son histoire en Coupe d'Europe avant l'épopée de Lisbonne.
Du plafond de verre des quarts entre 2013 et 2016 à l'improbable «come-back» de Manchester United en 2019, les entraîneurs successifs (Carlo Ancelotti, Laurent Blanc, Unai Emery, Thomas Tuchel) ne vivent que frustration, désillusion et humiliation en Ligue des champions.
Traumatisme ultime
Avec la «remontada» du FC Barcelone de 2017 comme traumatisme ultime. A l'aller, le PSG réalise un chef-d'oeuvre (4-0). Mais au retour en Catalogne, Paris s'effondre en fin de match au bout de sept minutes de folie: Barcelone marque trois fois et arrache la qualification (6-1). Du jamais vu.
«On a vécu des moments difficiles, comme tous les supporters. Mais je crois que cela fait partie d'un processus par lequel doit passer n'importe quelle équipe», a relativisé Verratti, jeudi. On sait qu'il y a toujours 5-6 équipes en mesure de gagner la C1 chaque année, c'est pour ça que c'est vraiment dur d'y arriver.»
«Lifestyle» et marque globale
Alors que le PSG est à un match de la consécration sur le plan sportif, sa popularité, en progression constante, reste encore légèrement en deçà de ses rivaux européens, de Manchester United au Real Madrid, en passant par Liverpool ou le Barça, notamment au Moyen-Orient. Au niveau marketing, Doha a toutefois réussi ses objectifs en donnant naissance à une «marque globale», capable de rivaliser commercialement avec ces poids lourds de la planète football, sans en avoir encore le palmarès.
Comment? Grâce à une stratégie reposant sur la renommée planétaire de ses superstars Neymar et Mbappé, combinée à l'image glamour de la ville de Paris. A l'instar du partenariat avec la marque Jordan qui a fait un carton en Asie et en Amérique du Nord.
«Ils ont utilisé des leviers actuels pour augmenter leur présence, leur interaction avec le public. D'une certaine façon, ils sont en train d'inventer le foot 2.0 en prenant un temps d'avance dans le lifestyle», avait expliqué Bertrand Chovet, directeur France du cabinet Brand Finance, au début de la saison.
Conséquence directe sur le plan commercial, le PSG voit son chiffre d'affaires multiplié par six en moins de dix ans (637 mio d'euros en 2019) et son nombre de «followers» à travers le monde atteindre la barre des 90 millions. Avant un nouveau coup d'accélérateur avec une victoire en C1?