Le sélectionneur des Etats-Unis Gregg Berhalter est fragilisé à 4 ans du Mondial à domicile par une vieille histoire de violence conjugale exhumée par les parents de l'international Giovanni Reyna.
Ils ont été rendus furieux que leur fils ait été publiquement critiqué après le Mondial au Qatar.
L'affaire embarrasse la Fédération américaine (US Soccer), qui a décidé de mettre Berhalter provisoirement en retrait, et a confié à son adjoint Anthony Hudson le soin de diriger le stage prévu en janvier, avant des matches amicaux contre la Serbie le 25 et la Colombie le 28.
L'affaire trouve son origine dans la Coupe du monde 2022. En début de tournoi, Berhalter annonce à Reyna, 20 ans, qu'il ne sera pas titulaire au Mondial. Le milieu du Borussia Dortmund a apparemment très mal pris cette annonce.
Le 11 décembre, une semaine après l'élimination des Etats-Unis en 8e de finale par les Pays-Bas (3-1), le sélectionneur a publiquement raconté qu'il avait menacé un joueur de le renvoyer à la maison, en raison de son comportement inadéquat, sans le nommer.
Mais Reyna a publié ensuite un message sur les réseaux sociaux pour reconnaitre qu'il était ce joueur.
«Moment honteux»
«Après avoir appris que je n'aurais qu'un rôle limité (pendant le Mondial, NDLR), j'ai laissé mes émotions prendre le dessus et elles ont atteint mes performances à l'entraînement et mon comportement pendant quelques jours», a confessé sur Instagram Reyna, dont le Mondial s'est résumé à sept minutes de jeu en phase de groupes et une entrée à la pause en 8e de finale.
Mercredi, les parents de Giovanni, Danielle et Claudio, ancien capitaine de «Team USA» et actuel directeur sportif du club d'Austin, ont avoué avoir rapporté à la Fédération un épisode vieux de plus de 30 ans, mettant en cause Berhalter.
Le sélectionneur a de son côté dénoncé un chantage, tout en reconnaissant avoir donné un coup de pied à sa petite amie Rosalind alors qu'il avait 18 ans, lors d'une dispute en 1991. Depuis, le couple s'est marié, a élevé quatre enfants et vit toujours ensemble. Berhalter a affirmé avoir consulté un psychologue après l'incident, et n'avoir plus jamais été violent par la suite.
«C'était un moment honteux, que je regrette encore aujourd'hui, il n'y a aucune excuse pour ce que j'ai fait ce soir-là», a-t-il dit.
Berhalter et Reyna ont joué ensemble en catégories de jeunes, puis en équipe nationale, et leurs épouses étaient colocataires lorsqu'elles étaient étudiantes à l'université de Caroline du Nord.
«Traîné dans la boue»
Après les aveux de Berhalter, Danielle Reyna est revenue à la charge, en assurant que la version du sélectionneur «minimisait considérablement» les faits rapportés. Rosalind, a-t-elle dit, «était ma colocataire, ma coéquipière et ma meilleure amie, et je lui ai apporté mon soutien dans le traumatisme qui a suivi. Il m'a fallu longtemps pour pardonner et accepter Gregg ensuite».
Elle a expliqué qu'elle n'avait pas admis que Berhalter n'accorde pas à son fils Giovanni le pardon qu'elle-même lui avait accordé à l'époque: «J'ai travaillé dur pour lui pardonner. J'aurais espéré qu'il pardonne de la même façon à Gio», a-t-elle dit, regrettant que son fils ait été «traîné dans la boue, alors que Gregg a demandé et obtenu le pardon pour avoir fait quelque chose de beaucoup plus grave au même âge».
«Je me suis sentie personnellement trahie par les actes de quelqu'un que ma famille considère comme un ami depuis des décennies», a-t-elle ajouté.
Ce réglement de comptes, à quatre ans du Mondial, laisse désormais ouvertes deux questions sportives: Berhalter sera-t-il le sélectionneur du cycle qui s'ouvre? Et si oui, quel est l'avenir en sélection de Gio Reyna, qui fait partie des grands talents actuels des Etats-Unis?