La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour aider les athlètes afghans à être relogés dans des pays tiers après le retour du pouvoir des talibans en août en Afghanistan, a déclaré à l'AFP le président de la Fifa, Gianni Infantino.
Plus de 150 athlètes afghans parmi lesquels 50 footballeuses ont été évacués courant octobre vers le Qatar avec leur famille, en coordination avec la Fifa. Mais des centaines d'athlètes se trouvent toujours en Afghanistan et ne demandent qu'à partir.
«Je demande vraiment à tous les gouvernements en Europe et dans le reste du monde de nous aider à obtenir un nouveau foyer» pour ceux qui ont déjà été évacués, a déclaré M. Infantino à l'AFP lors d'un entretien à Doha.
«Nous ne pouvons pas nous contenter de parler de solidarité et de parler d'aider ces personnes. Nous devons le faire de manière concrète», a-t-il poursuivi.
«Elles ont vécu quelque chose qu'aucun de nous ne peut imaginer, et nous avons réussi à les faire sortir» de leur pays, a-t-il encore dit.
Les talibans ont renversé en août le gouvernement afghan, soutenu par les Etats-Unis, et poursuivent depuis leurs efforts diplomatiques pour obtenir un soutien international, promettant un règne moins liberticide que lors de leur précédent règne (1996-2001).
Mais dans les faits, les femmes ne peuvent déjà plus se rendre à l'école ou travailler, ce qui a suscité des craintes parmi les sportifs notamment.
Les talibans n'ont pour l'heure pas émis d'instructions claires concernant la pratique du sport pour les femmes, mais des déclarations de plusieurs responsables laissent à penser que celle-ci sera entravée.
«Aussi des êtres humains»
Lors du premier règne des talibans, les femmes s'étaient vu interdire de pratiquer un sport ou de se rendre à un match. Les stades de sport servaient régulièrement pour des exécutions publiques.
Joyce Cook, responsable des questions sociales et de l'éducation à la FIFA, a indiqué que 158 personnes de la communauté sportive et leurs familles quitteraient Doha pour se rendre en Albanie jusqu'à ce qu'une solution de relogement soit trouvée. Elles font partie d'une liste de 545 personnes qui cherchent à partir, a-t-elle précisé.
«Nous avons vraiment besoin que les pays se manifestent maintenant», a déclaré Mme Cook à l'AFP, ajoutant que le «plus grand défi maintenant était de trouver des pays» pour les reloger de manière permanente.
«La Fifa compte 211 associations membres, donc 211 pays. Nous appelons chacun de ces pays à nous venir en aide aujourd'hui», a-t-elle ajouté.
Une des membres de l'équipe nationale féminine de football en Afghanistan a raconté à l'AFP comment son monde avait été chamboulé depuis la chute de Kaboul. Déjà avant, la situation était «difficile» en Afghanistan, a-t-elle observé.
«Il y a des gens qui ont l'esprit très étroit et pensent que les filles ne sont rien. Je veux leur montrer que les filles sont aussi des êtres humains... C'est pourquoi je me suis mise au football», a-t-elle déclaré, refusant d'être identifiée.
«C'était difficile, même pour ma famille... Tout doucement, elle a commencé à me soutenir, mais parfois la situation devenait difficile», a déclaré cette femme, une jeune professionnelle de santé qui dirigeait une clinique en Afghanistan.