Football Le Qatar toujours au centre des regards

ATS

13.10.2017 - 14:42

Genève

Depuis la désignation en 2010 du Qatar comme hôte de la Coupe du monde 2022, l'émirat focalise l'attention. L'attribution du tournoi suscite soupçons et interrogations. Et désormais, c'est le groupe qatari beIN Media qui fait l'objet d'une enquête suisse pour une autre affaire, concernant des droits TV suspects.

C'est donc un soupçon de "corruption privée" qui a conduit la justice suisse à ouvrir une enquête le 20 mars 2017, rendue publique jeudi. Elle vise à la fois Jérôme Valcke, ancien no 2 de la FIFA, déjà suspendu 10 ans pour d'autres faits de corruption, et Nasser Al-Khelaïfi, PDG de beIN Media et par ailleurs président du Paris Saint-Germain, proche de l'émir du Qatar.

Valcke est soupçonné d'avoir "accepté des avantages indus (...) de la part d'Al-Khelaïfi concernant les droits médias des Coupes du monde 2026 et 2030". Valcke tout comme beIN Media ont rejeté ces accusations dès jeudi soir.

Mondial mal né

Indirectement, c'est encore un mauvais coup porté à l'image du Qatar. Dès l'attribution de la Coupe du monde 2022 au petit Etat gazier, les suspicions sont nées. Tout remonte au 2 décembre 2010. Ce jour-là, le comité exécutif de la FIFA attribue d'abord la Coupe du monde 2018 à la Russie, puis l'édition 2022 au Qatar.

Sepp Blatter, président déchu et suspendu de la FIFA, s'est toujours défendu en assurant que le Mondial 2022 était promis aux Etats-Unis mais que c'est l'intervention de Michel Platini (ex-président de l'UEFA, lui aussi déchu depuis), sur ordre de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, qui a fait basculer le vote.

Platini n'a jamais caché qu'il avait voté pour le Qatar, mais a toujours assuré que "ni Sarkozy ni personne ne [lui] avait demandé de voter pour le Qatar." Reste que la justice suisse et française continuent d'enquêter sur cette double attribution 2018/2022.

Pas de remise en cause

Gianni Infantino reste droit dans ses bottes: à peine élu, en février 2016, nouveau président de la FIFA, il assure que le Mondial au Qatar ne sera pas remis en cause. "Sur le Qatar et la Russie, ces décisions ont été prises en 2010 (...) Depuis 2010, il y a eu des bruits, des allégations, des spéculations mais depuis six ans il n'y a rien eu de concret. Donc, à un moment donné il faut être pragmatique, il faut regarder en avant et organiser la meilleure Coupe du monde de l'histoire en Russie en 2018 et au Qatar en 2022".

Le Chilien Harold Mayne-Nichols, ancien président de la Commission d'évaluation du Mondial 2022, avait d'abord considéré le Qatar comme le plus risqué des cinq pays candidats avant de changer d'avis. En 2015, il est suspendu 7 ans par la justice interne de la FIFA pour avoir tenté, avec insistance, d'obtenir des places et un emploi pour des membres de sa famille à l'académie Aspire, une école pour jeunes sportifs à Doha.

Peu de temps après le vote en faveur du Qatar, le fils de Michel d'Hooghe, ancien membre belge du gouvernement de la FIFA, obtenait un poste de chirurgien au Qatar, tandis que le fils de Platini a longtemps travaillé pour une filiale du groupe QSI, propriétaire du PSG. "Mon fils a été approché pour travailler pour les Qataris non pas parce qu'il est mon fils, mais parce qu'il est un bon avocat", a toujours répété l'ancien meneur des Bleus.

Sponsors toujours fidèles

Si en 2015 Coca Cola ou encore Adidas ont réclamé des réformes à la FIFA, aucun n'a cependant quitté le navire. Emirates et Sony ont certes cessé leur partenariat après le Mondial 2014, remplacés notamment par... Qatar Airways, mais la décision avait été prise bien avant.

La nouvelle affaire Valcke/Al-Khelaïfi va-t-elle les faire bouger? Le groupe chinois Wanda, partenaire depuis mars 2016, a assuré vendredi qu'il "poursuivra(it) son accord avec la FIFA pour le parrainage des Coupes du monde, qui expire en 2030".

"Nous n'allons pas commenter la procédure contre Jérôme Valcke et Nasser Al-Khelaifi", a exposé Adidas pour sa part. "Sur le fond, rien n'a changé par rapport à nos positions déjà connues: nous attendons de tous nos partenaires qu'ils (...) se conforment aux plus hauts standards en matière d'éthique, comme nous le faisons nous-mêmes".

La marque aux trois bandes indique tout de même: "La réputation négative de la FIFA n'est bonne ni pour le football, ni pour la FIFA, ni pour ses partenaires".

Diplomatie

La géopoltique s'est aussi invitée, avec une crise diplomatique entre Doha et plusieurs de voisins arabes entrée dans son cinquième mois. Mardi encore, le ministre des Emirats arabes unis aux Affaires étrangères a affirmé que l'organisation par le Qatar du Mondial 2022 devrait "inclure un rejet de la politique soutenant l'extrémisme et le terrorisme".

Le Qatar s'est dit mercredi certain d'accueillir comme prévu le Mondial, dénonçant la "jalousie mesquine" des Emirats arabes unis qui tentent, selon lui, d'exploiter la crise du Golfe pour l'affaiblir et ternir son image.

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