Le Tribunal arbitral du sport a annulé la suspension à vie infligée par la FIFA à Yves Jean-Bart, l'ancien président de la Fédération haïtienne de football, faute de preuves suffisantes sur les allégations de viols de joueuses, a indiqué mardi le tribunal dans un communiqué.
«La Formation arbitrale considère que les éléments de preuve portés à la charge de Yves Jean-Bart concernant les accusations d'abus sexuels, sont incohérents, imprécis et contradictoires», souligne le communiqué. «La Formation décide dès lors d'admettre l'appel et d'annuler les sanctions fixées dans la décision attaquée», explique le tribunal.
Dans sa sentence, le TAS a unanimement relevé «le manque de cohérence et les imprécisions dans les déclarations des victimes et des témoins présentés par la FIFA», la Fédération internationale de football.
En outre, le tribunal «ne considère pas comme étant suffisamment probantes les indications figurant dans des documents rédigés par des organismes tiers, tels HRW et FIFPro, dès lors que ces indications – qui pouvaient ou auraient pu servir de base à des mesures d'instruction destinées à en vérifier le bien-fondé – n'ont pas été corroborées ni confirmées par d'autres moyens de preuve régulièrement administrés».
Pressions subies
En novembre 2020, la chambre de jugement de l'instance du football mondial, avait reconnu le dirigeant -alors âgé de 73 ans et à la tête de la fédération depuis deux décennies- coupable d'avoir «abusé de sa position» pour «harceler sexuellement et agresser plusieurs joueuses, y compris mineures».
La justice interne de la FIFA l'avait donc suspendu à vie «de toutes activités liées au football, au niveau national et international». Elle l'avait aussi condamné à payer 1 million de francs suisses.
M. Jean-Bart avait à l'époque dénoncé une «parodie de justice et une mesure purement politique», affirmant que la FIFA n'avait pas examiné de preuve réelle.
L'affaire est partie d'une enquête du quotidien britannique The Guardian publiée au printemps 2020. Selon des jeunes filles citées par le Guardian, Yves Jean-Bart aurait violé de nombreuses joueuses mineures.
Témoignant de pressions subies pour garder le silence, des victimes présumées ont affirmé au journal, sous couvert d'anonymat, qu'au moins deux joueuses mineures auraient avorté suite à des viols commis par le président de la fédération dans le centre national d'entraînement.