L'équipe de Suisse évitera-t-elle le zéro pointé dimanche soir ? Incongrue il y a encore quelques jours pour un quart de finaliste de l'Euro, cette question est devenue brûlante.
Après ses défaites en République tchèque (2-1), au Portugal (4-0) et jeudi à Genève face à l'Espagne (1-0), la Suisse retrouve ce dimanche le Portugal, toujours à Genève, dans un match devenu crucial dans la course au maintien. L'équipe de Murat Yakin doit cueillir au moins un point contre les Champions d'Europe 2016 pour conserver l'espoir de se maintenir en première division de la Ligue des Nations. Si elle devait concéder un quatrième revers, son salut passerait alors par un improbable exploit le 24 septembre en Espagne.
Malgré le résultat et aussi cette impuissance à créer vraiment le danger devant la cage adverse, les Suisses avaient retrouvé un semblant de moral jeudi soir. «Nous avons témoigné d'un certain courage face à l'Espagne. Je pense que le public a dû apprécier», lâche Yann Sommer. «Il y a eu une véritable prise de conscience au sein de l'équipe, ajoute Silvan Widmer. Tout le monde a compris qu'il était minuit moins cinq.»
Le poids des individualités
On a peur toutefois qu'il soit déjà trop tard pour l'Argovien et ses coéquipiers. Une semaine après la gifle de Lisbonne, la Suisse retrouve un adversaire qui possède tout ce qui lui fait cruellement défaut: des individualités capables de forcer la décision à tout instant. Ainsi jeudi soir face à la République tchèque, c'est Bernardo Silva qui a été le grand artisan de la victoire 2-0. Le joueur de Manchester City, qui n'avait été introduit qu'à la 67e contre la Suisse, a illuminé de toute sa classe cette rencontre.
La Suisse n'a pas aujourd'hui un Bernardo Silva ou un Bruno Fernandes dans ses rangs. Maître à jouer de l'équipe, Xherdan Shaqiri ne tient plus vraiment son rang. Comme on pouvait le redouter, son exil doré à Chicago l'a éloigné du haut niveau.
Brillant comme Shaqiri l'automne dernier, Breel Embolo se montre également très décevant dans cette campagne de juin. Placé à la pointe de l'attaque dans un rôle qui révèle au grand jour ses lacunes techniques, le Bâlois ne peut pas exploiter ses qualités dans le jeu en profondeur. Son positionnement demeure l'un des chantiers auxquels devra s'attaquer Murat Yakin d'ici la Coupe du monde.
Le sélectionneur a maintenu jeudi sa défense à quatre à laquelle il tient tellement malgré la suspension de Fabian Schär et la blessure de Nico Elvedi. Le retour aux affaires de Manuel Akanji fut salutaire. Le Zurichois a livré la marchandise malgré les hésitations de son partenaire Eray Cömert, dont l'une a permis à l'Espagne de marquer.
Une occasion à saisir pour Lotomba
Titulaire à Genève comme à Prague et à Lisbonne, Ricardo Rodriguez suscite toujours les mêmes réserves. Brillant l'an dernier à l'Euro comme axial gauche dans la défense à trois de Vladimir Petkovic, le joueur du Torino n'a plus vraiment les jambes pour remplir pleinement la mission imposée à un latéral.
Dimanche, l'heure de Jordan Lotomba pourrait à nouveau sonner. Le Vaudois aura sans doute une occasion – la dernière? – pour s'affirmer comme une alternative valable à ce poste. Il est loin le temps – heureux – où trois joueurs de premier plan, Ludovic Magnin, Christoph Spycher et Raphaël Wicky, étaient en concurrence pour cette place de latéral gauche en sélection.
Dimanche, Murat Yakin est pleinement conscient du besoin impérieux d'obtenir un résultat. Mais le Bâlois sait aussi que cette rencontre contre le Portugal doit également lui servir de laboratoire. Il voudra sans doute un test grandeur nature pour Jordan Lotomba. Il devrait aussi profiter de cette rencontre pour donner du temps de jeu aux deux joueurs issus des M21, Leonidas Stergiou et Zeki Amdouni. Avec le Saint-Gallois et le Lausannois, Murat Yakin pourrait faire d'une pierre deux coups: les mesurer à l'épreuve du feu et, aussi, lier à jamais leur destin international à l'équipe de Suisse.