«J'ai fait un choix courageux!» Stephan Lichtsteiner le revendique haut et fort. A 35 ans et demi, il aurait pu partir en «pré-retraire» dans un club de Super League, notamment au FC Sion avec lequel certains contacts avaient été noués. Il a au final préféré signer en Bundesliga dans un club qui lutte contre la relégation pour, insiste-t-il, se mettre en danger tous les jours.
«J'aurais pu jouer dans un club avec comme simple ambition d'encadrer des jeunes. Mais cela ne m'intéresse pas», lâche-t-il. «A Augsbourg, je suis confronté à un défi qu'il me plaît de relever en fin de carrière: contribuer au maintien d'un club fort bien structuré et qui peut offrir de belles perspectives. Enfin, je voulais jouer en Bundesliga pour avoir eu la chance d'évoluer dans quatre des cinq plus grands championnats au monde, en France (Lille), en Italie (Lazio et Juventus), en Angleterre (Arsenal) et enfin en Allemagne.»
Un retour légitime
Au bénéfice d'un temps de jeu de 349 minutes depuis le début de la saison malgré une expulsion à Brême le 1er septembre et un remplacement à la mi-temps dimanche à Mönchengladbach pour des raisons «tactiques» comme il a l'honnêteté de le préciser, le Lucernois peut à nouveau postuler de manière légitime à une place en sélection. Son retour est dû également aux difficultés traversées par ses trois rivaux, Kevin Mbabu, Michael Lang et Silvan Widmer.
Le Genevois est remplaçant à Wolfsburg et a commis l'erreur fatale le mois dernier à Dublin contre l'Irlande. Le Saint-Gallois n'a pas vraiment brillé lors de ses dernières apparitions en sélection, notamment lors du huitième de finale de la Coupe du monde 2018 perdu 1-0 contre la Suède à St-Pétersbourg où l'absence en raison d'une suspension de Stephan Lichtsteiner avait été cruellement ressentie. Quant à l'Argovien enfin, il présente, aux yeux du sélectionneur, le handicap de jouer à nouveau en Suisse.
«Je n'ai aucune assurance quant à ma titularisation pour le match de samedi à Copenhague», glisse Stephan Lichtsteiner. «En foot, les passe-droits n'existent pas. Je me suis toujours dit que je devais gagner ma place. Je suis revenu pour aider l'équipe. Avec la conviction que Mbabu, après des premiers mois difficiles, s'imposera à Wolfsburg. Il n'y a aucune raison pour qu'il n'y parvienne pas.» Et avec Kevin Mbabu titulaire indiscutable à Wolfsburg, le débat sur l'identité du latéral droit de l'équipe de Suisse n'aura plus lieu.
«Tout va rentrer dans l'ordre»
C'est pourquoi Stephan Lichtsteiner ne revendique rien. «Je ne serais même pas fâché si je ne devais pas porter le brassard de capitaine», dit-il. «La question du capitanat n'est pas un problème à mes yeux. Beaucoup de joueurs au sein de la sélection ont l'étoffe d'un capitaine.» Le Lucernois reconnaît toutefois que l'équipe souffre d'un déficit d'image auprès des médias et du grand public depuis quelques mois. «Des joueurs très importants sur le terrain et dans le vestiaire ont quitté l'équipe l'an dernier après la Coupe du monde», dit-il. «Je peux comprendre que ces départs ont pu susciter des remous. Mais tout va rentrer dans l'ordre. J'en suis convaincu.»
A condition toutefois de bien négocier les deux prochains matches, samedi au Danemark et mardi prochain à Genève face à l'Eire. En raison de son âge, il paraît improbable que Stephan Lichtsteiner puisse enchaîner deux rencontres aussi importantes en l'espace de trois jours. En mars dernier, n'avait-il pas été titularisé lors du succès 2-0 en Géorgie avant de rester sur le banc lors du 3-3 contre le Danemark à Bâle trois jours plus tard?
L'humilité qu'il prêche aujourd'hui lui interdit de penser tous les matins en se rasant au record de Heinz Hermann, l'international suisse le plus capé de l'histoire avec 118 sélections. Ce record est encore théoriquement à sa portée, lui qui compte 105 présences sous le maillot à croix blanche. «J'ai longtemps songé à ce record. J'aurais bien voulu l'égaler ou le battre», poursuit-il. «Mais ne pas l'avoir battu ne suscitera aucun regret!» Ce qu'il veut, c'est réussir sa sortie, boucler une aventure qui avait débuté le 15 novembre 2006 à Bâle lors d'un match amical perdu 2-1 contre le Brésil par un Euro 2020 réussi.