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Lichtsteiner : "Pour grandir, c'est mieux de souffrir"

ATS

16.10.2019

La brume se déchire à la proue du bateau suisse qui, sur des flots encore brassés par la houle, commence de voir se dessiner, au loin, les contours d'une île appelée Euro 2020.

Stephan Lichtsteiner: "Nous avons perdu des joueurs très importants."
Stephan Lichtsteiner: "Nous avons perdu des joueurs très importants."

«Back to the game!«, lâchait à raison Stephan Lichtsteiner mardi soir à Genève, au sortir d'un succès 2-0 contre l'Irlande qui n'allait pas de soi.

Irradiant les entrailles de la Praille de son large sourire, Breel Embolo n'a rien caché du soulagement helvétique enraciné dans les ventres. «Cette victoire fait du bien à tout le monde, à toute la Suisse. Nous nous sommes mis dans cette situation, en perdant six ou sept points inutiles, à nous de nous en sortir.»

L'analyse de l'attaquant de Gladbach, reconnaissant la responsabilité suisse pour cette campagne heurtée menée dans la souffrance, a le tranchant d'un scalpel mais, aussi, la sagesse de la nuance. «Souffrir, le mot est peut-être trop fort. C'est toutefois vrai que nous avions encore en tête nos buts encaissés tardivement dans nos derniers matches. Contre l'Irlande, même s'il nous reste une marge de progression partout, nous avons montré un très grand état d'esprit et avons tenu jusqu'au bout, prouvant que nous savions le faire.»

Transition

Un peu comme si cette équipe de Suisse, aux progrès admirables dans le jeu depuis 2014 et l'intronisation de Vladimir Petkovic, avait besoin de cette épreuve de force (mentale), de cette forme d'examen de passage, pour valider le travail déjà effectué et se tourner vers celui qui reste à fournir. Stephan Lichtsteiner croit en tout cas en cette thèse. «Ces périodes plus compliquées, ça arrive. Pour grandir, c'est mieux de souffrir, c'est mieux de gagner comme ça. Si tu survoles les éliminatoires, que tu gagnes huit matches sur huit et que tu arrives à l'Euro, c'est compliqué d'apprendre.» Moins bien faire les choses pour mesurer l'ampleur de la tâche plutôt que de se penser fort, beau et sans défaut.

Il capitano replace ainsi cette équipe de Suisse dans le contexte qui est le sien: celui d'une transition, toujours délicate à négocier, depuis les fins de carrières internationales de Blerim Dzemaili, Valon Behrami et Gelson Fernandes, plus de 200 capes à eux trois. Un total qui s'élève à près de 300 en ajoutant le curriculum vitae d'un autre absent, Johan Djourou, et qui culmine à 376 matches en sélection en complétant la liste avec Xherdan Shaqiri, forfait lors des deux derniers rassemblements.

«Bien sûr que cela pèse», acquiesce Stephan Lichtsteiner, le dernier des «vieux» grognards. «Nous avons perdu des joueurs très importants qui ont, pendant des années, réalisé d'immenses choses pour l'équipe, sur le terrain mais aussi en dehors. Or ce n'est jamais facile de perdre de tels calibres. Je crois cependant que nous sommes sur la bonne voie.»

La leçon à retenir

Ayant son destin entre les mains – deux victoires en novembre contre la Géorgie à St-Gall puis à Gibraltar et la qualification sera acquise – après avoir largement prouvé, dans le jeu, être la meilleure formation de son groupe (sans toujours parvenir à matérialiser sa domination), la Suisse est il est vrai sur les rails. Ce qui, compte tenu des bouleversements énumérés dans l'effectif, est une preuve de sa maturité et de sa «valeur-plancher».

«Mais attention: si nous avons appris quelque chose de cette campagne, c'est qu'il faut bien finir, prévient Lichtsteiner. Il nous reste deux matches. Nous sommes en bonne position mais voilà: il faut gagner.» Si possible, n'en déplaise au capitaine, dans la facilité et avec légèreté.

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