Ligue des Champions Zinédine et la "mâchoire en pierre"

26.4.2018

Zinédine Zidane n'en finit plus de gagner: son Real Madrid est proche d'une troisième finale de Ligue des champions consécutive, du jamais-vu depuis la Juventus... de Zidane (1996-1998). Encore un sans-faute de l'entraîneur français, aux choix déterminants en demi-finale aller à Munich (2-1).

"Il va nous falloir souffrir encore au match retour", a décalré Zidane.
"Il va nous falloir souffrir encore au match retour", a décalré Zidane.
Keystone

Mercredi soir, le Bayern, tout frais champion d'Allemagne, a subi la loi du double champion d'Europe en titre. Comme le champion d'Italie 2017, la Juventus Turin, en quarts (3-0, 1-3). Comme le récent champion de France, le PSG, en huitièmes (3-1, 2-1).

On peut trouver que ce Real-là n'a pas très bien joué cette saison, on peut ergoter sur le penalty de la qualification obtenu in extremis contre la Juve... Mais les Madrilènes ont à nouveau montré mercredi une efficacité à toute épreuve: outre leur réalisme devant le but, leur défense acharnée a écoeuré le Bayern.

"Le Real peut être dominé mais ne pas accuser le coup au niveau du résultat. Sa mâchoire est en pierre", a résumé jeudi le quotidien sportif Marca, le plus lu d'Espagne.

Et voilà la "Maison blanche" à 90 minutes, voire un peu plus en cas de prolongation, d'une troisième finale d'affilée. Comme la Juventus en 1996 (sans Zidane), 1997 et 1998 (avec Zidane).

La fin des "vaches sacrées"

L'un des grands paris de "ZZ" à Munich aurait été impensable il y a quelques mois, lorsque le technicien répétait que le trio offensif "BBC" (Bale-Benzema-Cristiano Ronaldo) était indiscutable.

Mercredi, seul Cristiano Ronaldo a été titularisé. Les "vaches sacrées" Bale et Benzema étaient sur le banc, au profit du créatif Isco et du travailleur Lucas Vazquez. "La fin d'une ère", selon le quotidien As.

Et quand Isco s'est blessé à une épaule, Zidane a persisté: c'est Marco Asensio qui est entré en jeu, avant de marquer le but du 2-1 sur un service de Vazquez. Vous avez dit "coaching gagnant"?

"Zidane n'a pas fait d'erreurs. Il a définitivement dissous la BBC", a relevé Marca, évoquant une "révolution française", alors que l'intéressé a modestement minimisé son apport.

Un tableau de chasse à rallonge

Avant la demi-finale retour mardi à Madrid, Zidane semble invincible: il est tout proche de survivre à sa neuvième double confrontation à élimination directe d'affilée en C1.

Et Marca de lister tous les grands entraîneurs que "ZZ" a réussi à vaincre depuis ses débuts sur le banc du Real en janvier 2016: José Mourinho, Carlo Ancelotti, Massimiliano Allegri, Diego Simeone... "Et maintenant, Jupp Heynckes! Zidane est un bourreau", note le journal.

De quoi confirmer que Zidane, initialement décrit dans la presse comme un simple remplisseur de feuille de match, figure bien parmi les meilleurs techniciens du moment. De quoi aussi assurer que le Français, sous contrat jusqu'en 2020, sera toujours madrilène la saison prochaine, comme c'est son souhait.

"L'entraîneur du Real est toujours très critiqué", a rappelé le capitaine merengue Sergio Ramos. "Quand Zizou doit faire des choix, il les fait parce que c'est lui qui commande. Nous sommes très content qu'il soit à la barre."

Gare aux sortilèges du Bernabeu

"La bestia negra" ("La bête noire"), pouvait-on lire mercredi en espagnol sur une banderole munichoise. Mais cette fois, le monstre n'était pas le Bayern, c'était la "Maison blanche"... vêtue pour l'occasion de noir.

La presse espagnole glosait jeudi sur ce choix de jouer avec ce deuxième jeu de maillot alors que le Real aurait pu jouer en blanc face aux maillots rouges bavarois. Une superstition de Zidane, selon As et Marca, née de la victoire en quarts sur le même score l'an dernier à Munich (2-1)... avec des maillots noirs.

Quoi qu'il en soit, "ZZ" sait mieux que quiconque que la qualification n'est pas encore acquise: en 2017, le Bayern avait réussi à mener 2-1 au stade Santiago-Bernabeu, forçant la prolongation (victoire 4-2 du Real).

Et cette saison, les Madrilènes ne sont pas très souverains à domicile, où sont venus s'imposer le Betis Séville, le FC Barcelone, la Juventus, Villarreal et même le modeste Leganés.

"Il va nous falloir souffrir encore au match retour", a conclu Zidane, bien placé pour savoir qu'avec le Real, ce n'est jamais fini.

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