L'hypothèse d'une rupture douce-amère entre Manchester United et Paul Pogba resurgit avant un match capital en Ligue des champions, mardi à Bergame (21h00). Le Français arrive en fin de contrat au terme de la saison.
Exclu contre Liverpool, il y a huit jours, un quart d'heure après son entrée en jeu à la pause et après avoir perdu le ballon qui a amené le 5-0, Pogba a ajouté un naufrage individuel à une prestation collective désastreuse. «C'est juste un (manque de) discipline et de respect vis-à-vis de l'entraîneur et de ses coéquipiers, ce qu'il a fait aujourd'hui», s'était emporté la légende mancunienne Paul Scholes, d'ordinaire avare de mots.
«Tout le monde sait le talent qu'il a (mais...) je ne crois pas qu'il leur manquerait s'il ne rejouait plus» après ça, avait-il poursuivi. Un jugement à l'emporte-pièce, mais qui traduit bien un sentiment de plus en plus partagé chez les supporters.
Inconstance
L'inconstance dans les performances du Français depuis son retour à Old Trafford, qu'il avait déjà quitté libre en 2012 pour la Juventus, prend le pas sur l'admiration pour son talent. Cela rend l'hypothèse de son départ, même gratuit, presque indolore.
L'offre de prolongation de Manchester existe pourtant bel et bien, et elle mérite réflexion: près de 400'000 livres (environ 500'100 francs) par semaine, soit 20 millions de livres (env. 25 mio de francs) par an, près de 30% de plus que son contrat actuel, selon la presse.
Le champion du monde a d'ailleurs traité de «fake news» et de «gros mensonge pour faire de gros titres» les informations du Sun affirmant qu'il avait refusé d'adresser la parole à son entraîneur et qu'il avait «gelé» les négociations sur une prolongation. Son agent Mino Raiola a aussi assuré qu'il n'y avait «rien de nouveau» dans un sens ou dans l'autre, alors qu'une source proche de la direction a indiqué au Telegraph qu'un «rebondissement» était toujours possible d'ici la fin de la saison. Mais personne ne semble encore y croire vraiment.
Blessures
Meilleur buteur du club lors de la saison 2018/2019 avec 16 buts et 11 passes décisives, Pogba avait ensuite connu un exercice 2019/2020 pourri par les blessures. Il avait redresser la tête l'an dernier, marquant des buts décisifs dans la dernière ligne droite.
En début de saison encore, il avait impressionné avec sept passes décisives sur les quatre premières journées de Premier League, du jamais vu, avant que ses prestations ne déclinent et celles de l'équipe avec. L'arrivée de Cristiano Ronaldo et le casse-tête tactique qu'il pose à Ole Gunner Solskjaer impliquait le sacrifice d'un grand nom et au milieu de préférence, si le Norvégien entendait conserver son 4-2-3-1.
Une lueur d'espoir
Ni vraiment récupérateur, ni vraiment meneur de jeu, Pogba a toujours été une énigme avec Man U. La présence à ses côtés, en équipe de France, de joueurs comme N'Golo Kanté, lui permet de briller aussi bien offensivement que dans l'équilibre collectif. Ses difficultés en club s'expliquent en partie par les angles morts du recrutement des Red Devils, qui n'ont pas de vrai milieu défensif de haut niveau à qui l'associer.
Le match à Tottenham, samedi, où a été expérimenté un 3-4-1-2, inspiré par celui qui a fait le succès de Chelsea sous Thomas Tuchel, est peut-être une lueur d'espoir pour le Français qui trouverait sans doute mieux sa place dans un tel système, mais il reste à savoir si Solskjaer entend le pérenniser et sacrifier de grands noms devant.
Un départ de Solskjaer, toujours en sursis, pourrait aussi changer la donne. Surtout si le remplaçant s'appelle Antonio Conte, qui avait révélé Pogba à la Juve.
Dans un peu plus de deux mois, le Français sera libre de négocier un autre contrat ailleurs. Le Paris Saint-Germain, le Real Madrid et la Juve sont les noms qui reviennent le plus parmi ses prétendants. Si la fin de partie n'est pas encore sifflée, on entre clairement dans le temps additionnel.