«Ici, c'est le paradis!» Le championnat australien de la A-League ne pourrait pas trouver un meilleur ambassadeur que Migjen Basha.
L'ancien junior de Lausanne-Sport vit, à 33 ans, une dernière expérience lumineuse. Après une saison à l'Aris Salonique, Migjen Basha entendait tourner la page d'une très belle carrière qui l'a mené en Italie, notamment au Torino où il fut un titulaire indiscutable, et jusqu'à la phase finale de l'Euro 2016 avec l'Albanie. «Mais mon agent m'a appelé pour me soumettre une dernière proposition. Je lui ai dit que je ne voulais pas aller dans des pays comme le Kazakhstan ou je ne sais où, explique-t-il. Il m'a soumis l'offre du Melbourne Victory. Même si l'Australie c'est très loin, j'ai dit banco.»
Et il ne regrette pas son choix une seule seconde. «J'ai découvert un club qui compte plus de 20'000 abonnés. Qui est parfaitement organisé à tous les échelons. Qui possède des infrastructures magnifiques», poursuit-il.
Fondé en 2004, le Melbourne Victory a remporté à quatre reprises le Championnat de la A-League. Il évolue le plus souvent à l'AAMI Park (30'000 places) situé à côté de la Rod Laver Arena, et parfois au Docklands Stadium (53'000 places). «L'engouement autour de l'équipe est réel, se félicite Migjen Basha. Mon premier match à Melbourne, le derby contre City, s'est joué devant plus de 30'000 spectateurs.»
La pression est là aussi. Les dirigeants du club, en difficulté en championnat, n'ont pas hésité à limoger en début d'année l'entraîneur allemand Marco Kurz pour le remplacer par son second, l'Espagnol Carlos Salvachua, qui a oeuvré au sein de la formation au Real Madrid. «Marco Kurz a oublié qu'il n'entraînait plus en Allemagne, mais en Australie, glisse Migjen Basha. Ici, il faut parfois lâcher la bride.»
«Cela joue tout de même au foot»
Cette dernière remarque ne signifie en rien que le Vaudois est en préretraite au coeur de l'été austral dans l'une des plus belles villes au monde. «Non, cela joue tout de même au foot ici, glisse-t-il. Il y a du rythme, et l'engagement physique est bien là. Le niveau de jeu est assez élevé. Le club est pratiquement reparti de zéro cette saison. Nous avons des joueurs de qualité comme l'international suédois Ola Toivonen qui a disputé le huitième de finale de la Coupe du monde contre la Suisse en 2018, l'Allemand Tim Hoogland qui a évolué à Schalke 04 et l'Australien Robbie Kruse qui a longtemps joué à Leverklusen.»
Comme Migjen Basha, Pirmin Schwegler a découvert depuis l'été dernier le charme et les exigences de la A-League. Transféré aux Western Sydney en même temps que l'ancien gardien du FC Saint-Gall Daniel Lopar, l'international suisse doit, lui aussi, batailler dur pour arracher une place en play-off qui réuniront les six premiers de la saison régulière de cette ligue fermée à onze équipes.
A la peine en championnat, le Melbourne Victory vient d'embellir sa saison avec une qualification pour la phase de poules de la Ligue des Champions asiatique. Le Victory s'est imposé mardi 1-0 au Japon face aux Kashima Antlers – «un petit miracle», avoue Migjen Basga – pour se retrouver dans un groupe de quatre qui comprendra le FC Séoul, le Beijing Guoan de l'ancien entraîneur de Lyon Bruno Genesio et le Champion de Thaïlande du Chiangrai United.
Sur cinq fuseaux horaires
Cette présence sur la scène continentale, jugée fondamentale par le club pour légitimer son standing, a un coût. Les déplacements sont éprouvants. Ainsi, Migjen Basha et ses coéquipiers ont quitté Melbourne pour Kashima samedi dernier au lendemain d'une défaite 3-0 à domicile contre Sydney. Ils sont revenu à Melbourne jeudi pour s'envoler vendredi à Perth où ils joueront samedi. «Les distances: il est bien là le revers de la médaille», souligne Migjen Basah avec ce championnat de A-League qui se dispute sur cinq fuseaux horaires.
Mais rien, absolument rien, ne peut entraver le bonheur de Migjen Basha et de sa famille à Melbourne. «Avec cette expérience, mes enfants vont découvrir une nouvelle culture et cela n'a pas de prix», dit-il. Mais pour que l'histoire soit belle jusqu'au bout, Migjen Basha rêve de quitter Melbourne avec un titre de la A-League pour devenir le deuxième joueur suisse à être sacré Champion d'Australie après Stephan Keller en 2010. Le défenseur zurichois l'avait fait avec Sydney.