Pro et anti-Joachim Löw sont d'accord sur un point: en mettant brutalement à la retraite internationale trois champions du monde, le sélectionneur allemand s'est mis sous pression, avant les deux premiers matches de l'année.
Mercredi, sa Mannschaft «rajeunie» accueille la Serbie à Wolfsburg (20h45), en amical, avant le début des qualifications de l'Euro 2020 dimanche (20h45) et le choc contre les Pays-Bas à Amsterdam. «L'avenir de Joachim Löw comme sélectionneur va dépendre de sa capacité à réussir le rajeunissement de façon à ce que l'Allemagne soit de nouveau un candidat au titre à l'Euro 2020, et à ce que son équipe ne plie pas les voiles honteusement dès la fin du premier tour comme en Russie», met en garde le magazine Kicker.
Car en annonçant le 5 mars l'éviction de Thomas Müller, Mats Hummels et Jérôme Boateng, Löw a non seulement pris les trois stars du Bayern à contre-pied, mais également toute l'Allemagne du football. Combien de fois, ces dernières années, avait-il insisté sur l'importance «de l'équilibre entre jeunesse et expérience»? Et sur la nécessité pour les jeunes d'avoir «des joueurs cadres pour s'orienter»?
Fidélité aveugle
Et même après la débâcle de l'élimination au premier tour du Mondial en Russie, il n'avait rien lâché de ses sacro-saints principes, reconduisant son ossature de champions du monde 2014 pour les premiers matches de la saison en septembre. Au point d'être vivement critiqué pour sa «fidélité aveugle» à sa vieille garde de héros du Brésil.
Il avait fallu la descente en novembre en Ligue B des nations, une nouvelle humiliation, pour qu'il consente à rajeunir l'effectif. Mais jamais il n'avait prononcé de paroles définitives, promettant à ses grognards «laissés au repos» (Khedira et Boateng notamment) qu'ils reviendraient dès que leurs performances le justifieraient de nouveau.
Le changement de cap a été brutal. Et mal compris par beaucoup. «Il donne l'impression d'abandonner ses fondamentaux après 13 ans à la tête de la sélection, et de gouverner en violant des règles qu'il avait toujours suivies obstinément», s'étonne Kicker, à l'unisson des experts du pays.
Un certain risque
Certes, la poule de qualification de l'Allemagne pour l'Euro, avec les Pays-Bas, l'Irlande du Nord, l'Estonie et le Bélarus (les deux premiers sont qualifiés) est abordable. Mais si l'équipe tangue, Löw tanguera avec!
«Quand on prend de telles décisions, on sait qu'on prend un certain risque», a-t-il admis. «Que ma position dépende de la façon dont nous jouons et des résultats, je le sais depuis des années. Il n'y a rien de nouveau pour moi.»