La ligue des talents, comme le certifie sa dénomination officielle, n'est pas une ligue de tocards. La Ligue 1 entend le démontrer dès vendredi avec les trois coups d'une saison à nouveau promise au Paris Saint-Germain et qui, espère-t-on, ne sera pas trop pénalisée par le Covid-19.
Raillée pour une qualité de jeu parfois discutable de la part de trop nombreuses équipes qui s'efforcent d'être «bien en place» et par sa décision abrupte de mettre un terme dès le 30 avril à sa saison 2019/2020, la Ligue 1 a retrouvé toute sa splendeur à Lisbonne grâce aux parcours du Paris Saint-Germain et de Lyon en Ligue des champions.
Forte de l'arrivée du groupe espagnol Mediapro dans le paysage télévisuel français qui lui assure une manne annuelle de 1,1 milliard d'euros dès cette saison, la Ligue 1 entend réduire l'écart qui la sépare des quatre grands championnats pour être en mesure de conserver plus longtemps ses meilleurs joueurs. Ainsi, malgré son parcours à Lisbonne, Lyon n'est pas vraiment certain de pouvoir conserver son dernier joyau, le demi Houssem Aouar, qui fait saliver notamment Pep Guardiola.
Grâce au soutien du Qatar, le Paris Saint-Germain n'a jamais été contraint depuis bientôt dix ans de vendre un seul joueur pour assainir ses finances. Le finaliste de la Ligue des champions s'apprête ainsi en toute logique à cueillir un quatrième titre de rang. La seule présence de Neymar et de Kylian Mbappé le met à l'abri de toute mauvaise surprise. Il n'existe plus dans le paysage de la Ligue 1 une équipe comme le Monaco de 2016/2017 qui avait surfé sur un véritable état de grâce pour devancer l'ogre parisien.
Avec bien sûr la Ligue des champions, l'enjeu principal cette saison pour les Parisiens sera de conserver ses deux attaquants au-delà du 30 juin 2021. Or on le sait, Neymar a toujours Barcelone dans un coin de sa tête, alors que Mbappé a toujours rêvé de rejoindre un jour le Real Madrid de Zinédine Zidane.
Cinq Suisses dans le bain
Dans l'ombre du PSG, cinq joueurs suisses tenteront de tirer leur épingle du jeu. A Bordeaux où il accomplira sa deuxième saison, Loris Benito se retrouve sous la férule d'un nouvel entraîneur en la personne de Jean-Louis Gasset. Successeur de Paulo Sousa, l'ancien adjoint de Laurent Blanc devra en premier lieu apporter une sérénité nouvelle dans un club miné par une guerre larvée entre sa direction et ses supporters.
A Montpellier, le climat est plus serein. Il devrait permettre à Jonas Omlin de justifier à 26 ans un potentiel qui s'est révélé ces deux dernières saisons à Bâle. Premier gardien suisse titulaire dans le Championnat de France depuis Joël Corminboeuf à Strasbourg lors de la saison 1993/1994, le Lucernois succède dans la cage de club de l'Hérault à l'Argentin Geronimo Rulli, reparti à la Real Sociedad. Il pourra compter devant lui sur l'éternel Hilton. A bientôt... 43 ans - il les fêtera le 13 septembre prochain -, l'ex-Servettien demeure compétitif au plus haut niveau pour s'affirmer au fil du temps comme un joueur d'exception.
Un autre gardien suisse figure dans le contingent d'une formation de Ligue 1. Titulaire de l'équipe de Suisse M21, Anthony Racioppi se retrouve toutefois dans une impasse à Lyon où il n'est que le no 3 derrière Anthony Lopez et Ciprian Tatarusanu. A 21 ans, le temps est venu pour le Genevois de bénéficier enfin du temps de jeu qui doit lui permettre de s'établir au plus haut niveau.
Pas le droit de décevoir
Si Loris Benito et Jonas Omlin sont considérés comme des titulaires à part entière, Jordan Lotomba et Dan Ndoye partent de plus loin à Nice. Les internationaux M21, qui ont tous deux comme Anthony Racioppi contribué à la formidable victoire 3-1 contre la France le 19 novembre dernier à Neuchâtel, font face à une concurrence féroce. Club phare de la galaxie Ineos, Nice s'est, en effet, donné les moyens de tenir les premiers rôles avec notamment les arrivées de l'ancien international français Morgan Schneiderlin (Everton) et du Portugais Rony Lopez (Séville).
Qualifié pour la phase de poules de l'Europa League grâce à un scénario improbable - victoire acquise dans les arrêts de jeu face à Monaco lors de l'ultime journée du 7 mars -, Nice n'a franchement pas le droit de décevoir cette saison en raison de l'implication totale de son actionnaire. Il reste donc à Patrick Vieira de prouver qu'il est bien un grand entraîneur et qu'il est capable de marcher sur les traces de Lucien Favre, lequel a hissé Nice sur le podium de la Ligue 1 en 2017.