Roman Abramovitch Abramovitch : propriétaire de Chelsea et d'un empire menacé

ATS

10.3.2022 - 14:08

Devenu l'un des hommes les plus riches de Russie sur les ruines de l'URSS, le propriétaire du club de football de Chelsea Roman Abramovitch a été rattrapé par ses liens avec le Kremlin. Ses avoirs sont désormais gelés par les autorités britanniques qui lui interdisent aussi de voyager.

Roman Abramovitch a été rattrapé par ses liens avec le Kremlin.
Roman Abramovitch a été rattrapé par ses liens avec le Kremlin.
Keystone

10.3.2022 - 14:08

Lui qui avait annoncé la semaine dernière la vente du club de Premier League dont il a forgé le succès depuis son rachat en 2003 pour 140 millions de livres (168 millions d'euros), voit cette possibilité désormais gelée.

Le milliardaire de 55 ans à la courte barbe blanche, jet-setteur qui possède une immense résidence de 15 chambres dans le quartier huppé de Kensington à Londres, fait partie de ces hommes d'affaires qui se sont enrichis de manière fulgurante dans les années 1990 après la mise en place de l'économie de marché en Russie, gagnant une influence politique considérable.

Premier actionnaire du sidérurgiste Evraz, avec une fortune estimée par Forbes à plus de 13 milliards de dollars, ses activités au Royaume-Uni étaient une source d'embarras pour les autorités britanniques, sur fond de pressions pour mettre fin aux flots d'argent russe parfois douteux dans la City.

Depuis quelques années, il a limité ses apparitions au Royaume-Uni, où il pouvait se rendre sans visa grâce à sa nationalité israélienne. Il a reçu aussi un passeport portugais, mais la justice de ce pays a ouvert une enquête sur les conditions de cette naturalisation.

Etudes de mathématiques

Né à Saratov dans le sud de la Russie le 24 octobre 1966, orphelin dès son plus jeune âge et élevé par son oncle, le jeune Roman a grandi en partie dans le Grand Nord russe et fait des études de mathématiques à Moscou avant de se lancer dans les affaires, en fondant des PME.

Il s'avère rapidement un homme d'affaires redoutable. En 1996, le gouvernement cède la majorité des actions du vaste groupe pétrolier Sibneft pour 100 millions de dollars --une fraction de leur valeur réelle. Les titres finissent dans le portefeuille d'Abramovitch et il les revendra au géant public Gazprom à prix d'or.

Du pétrole à l'aluminium en passant par l'automobile, sa fortune s'arrondit rapidement. Il finance, avec d'autres hommes d'affaires, la campagne de réélection du président Boris Eltsine en 1996 et a ses entrées au Kremlin, où les oligarques nouent des relations étroites avec l'entourage du président.

Discret et prudent

Quand Vladimir Poutine succède à Boris Eltsine en 2000, il opte pour la prudence et prend ses distances avec l'entourage de l'ancien chef de l'Etat. Il échappe ainsi au destin de Mikhaïl Khodorkovski, opposant en exil après des années de prison, ou de son propre partenaire en affaires Boris Berezovski, féroce critique du pouvoir retrouvé mort chez lui en 2013, en Angleterre.

Sa fidélité est récompensée d'un poste de gouverneur de la région de Tchoukotka, en Extrême-Orient russe. Un temps première fortune de Russie, il est parfois accusé d'agir dans ses opérations financières comme «sous-marin» du Kremlin.

Amateur du ballon rond, M. Abramovitch rachète en 2003 le club-phare de la capitale britannique, Chelsea. Depuis l'arrivée du Russe, le CFC a connu sa meilleure période, avec cinq titres de champion d'Angleterre, deux Ligues des champions et une FA Cup.

Il mène une vie luxueuse à l'abri des médias, détenant un yacht de 162 mètres, Eclipse, si long qu'il ne peut pas s'amarrer au «quai des milliardaires» d'Antibes sur la côte d'Azur française. Les sanctions de jeudi en permettent la saisie. Il possèderait une demi-douzaine d'autres yachts.

Père de sept enfants, il se sépare en 2017 de sa compagne Daria Joukova, qui a fondé une galerie d'art contemporain de Moscou. Soucieux de sa réputation, il obtient fin 2021 des excuses de l'éditeur d'un livre sur Vladimir Poutine de la journaliste britannique Catherine Belton, dans lequel il est affirmé que le président russe a supervisé un vaste exode d'argent sale pour étendre l'influence de son pays à l'étranger.

ATS