Nsame "Saint-Gall nous a obligé à jouer notre meilleur football"

ATS

2.8.2020

Young Boys n'a peut-être pas été le champion de Suisse du spectacle cette saison. Mais en misant sur l'efficacité et sur son buteur Jean-Pierre Nsame, les Bernois ont fait le choix qui s'imposait et qui leur ont permis de décrocher le graal.

Jean-Pierre Nsame ne le dira jamais. Mais le troisième titre consécutif de champion de Suisse de Young Boys est beaucoup le sien. Et les trente buts qu'il a marqués en Super League jusqu'ici (record de Seydou Doumbia de 2010 égalé, il peut le battre contre Saint-Gall lundi) ne sont que l'émanation de l'importance qu'il a eu dans la conquête de ce sacre.

Mais Nsame a le sens de l'humilité. Cela passe par le travail et son choix de dédier son quotidien à la quête de la performance, mais aussi par la reconnaissance qu'il a pour ceux qui le servent. «Je dépends de mes partenaires, des ballons que je reçois, reconnaissait-il au soir du titre vendredi à Sion. Chaque but est une passe, une action, un espace laissé libre pour moi, c'est comme ça que je vois ces trente buts.»

Le succès d'un groupe, donc, mais aussi celui d'une gestion. «Nous avons eu la chance de jouer tous les trois jours, ce qui a obligé le coach à faire tourner», souligne le Camerounais. Gloire à l'entraîneur Gerardo Seoane, donc. Gloire aussi au directeur sportif Christoph Spycher, symbole d'un club bien géré, qui a affiché un bénéfice de 20 millions de francs sur l'année 2019, grâce à de nombreuses ventes. Et beaucoup d'achats malins, pour constituer un contingent complet. YB avait l'effectif le plus dense en termes de qualité et de quantité, avec tous les postes doublés. Cela a compté. Plus que tout, sûrement.

Un monstre de froideur

Car dans une saison où Saint-Gall a réveillé les consciences, a montré qu'il était possible de faire de grandes choses avec de petits moyens et qu'il valait parfois mieux avoir les idées et les convictions, le titre des Bernois a un caractère moins excitant. En fait, des trois succès du club de la capitale, celui-ci est peut-être le moins convaincant sur le plan du jeu. Il a en revanche révélé un monstre de froideur: Young Boys est le patron du football suisse et le destin de championnat dépendait de lui et de personne d'autre.

«Il faut féliciter Saint-Gall, parce qu'ils nous ont obligé à rester concentrés et à jouer notre meilleur football», saluait Nsame. Comprenez le football le plus efficace, celui avec lequel YB accepte de gagner 1-0. Celui des quatre dernières journées où il n'a pas encaissé de but, gagnant même sur la plus petite des marges à trois reprises.

«L'aspect défensif est clairement la base de ce titre, acquiesce Gerardo Seoane. Sur ces dernières semaines, nous nous sommes concentrés là-dessus. Nous savons que nous avons beaucoup de potentiel offensif. Mais à l'extérieur, nous ne pouvons pas marquer à chaque fois deux, trois buts pour gagner. Alors nous avons insister sur la nécessité de ne pas prendre de but. Cela ne concerne pas seulement les défenseurs et le gardien, mais toute l'équipe. Tout le monde devait être prêt à travailler pour l'équipe, à être solidaire. C'était la base pour ces derniers succès, et en tant qu'entraîneur, je suis heureux quand je vois les joueurs se battre pour ça.»

Au service de Nsame

A une journée du terme de la Super League, Young Boys n'est pas la meilleure défense (Bâle, avec 38 buts encaissés, a deux unités d'avance), mais elle est celle qui concède le moins de grosses occasions à ses adversaires. Cela aide pour devenir champion. Mais encore fallait-il faire preuve de réalisme face au but. Seoane a fait le choix de l'efficacité, a pris le chemin le plus direct, celui où son équipe se sent à l'aise. Le spectateur n'a pas toujours été servi.

Mais le Young Boys de l'ancien entraîneur de Lucerne, 41 ans seulement, n'est pas forcément celui d'Adi Hütter. Il est beaucoup celui de l'impact physique, de la dimension athlétique, de la puissance dans les duels. Une approche où les défenseurs ont le droit de jouer long. Parfois trop souvent. Mais lorsqu'il y a Jean-Pierre Nsame à trouver (il est le joueur à avoir disputé le plus de duels aériens cette saison, plus de 300), cela se justifie. Pareil pour les centres à profusion, dont les Bernois ont usé plus que n'importe qui (plus de 20 par match). Cela a pu avoir un côté répétitif, presque stéréotypé. Mais personne d'autre n'a plus touché le ballon dans la surface adverse que Nsame. Cela a fonctionné: YB a remporté son troisième titre en jouant pour son buteur.

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