Nommé directeur des opérations sportives du Servette FC, Philippe Senderos a en quelque sorte bouclé la boucle.
A 35 ans, il n’a pas pu résister à l’appel de son club de cœur.
«J’avais 5 ans lorsque j’ai rejoint le Servette. J’ai eu la chance de débuter très tôt en première équipe (ndlr : à 17 ans et 11 jours le 24 février 2002). J’ai pu partir à l’été 2003 à Arsenal. Mais Genève, c’est ma ville. J’avais toujours l’idée d’y revenir. Des discussions ont été engagées avec le club. J’ai compris que c'était le bon moment.»
Genevois mais enfant du monde en raison de ses racines espagnoles par son père et serbes par sa mère, l’homme qui est devenu le héros de toute une nation un soir de juin 2006 à Hanovre avec son but contre la Corée du Sud qui lui a coûté une arcade ensanglantée, ne débarque pas les mains vides à La Praille. Son expérience glanée au fil de ses saisons en Angleterre, en Italie, en Espagne, en Ecosse et aux Etats-Unis, le réseau qu’il a pu tisser et cette passion sans limite qu’il voue au Servette FC à sa ville et à son canton font de lui l’homme idoine pour cette nouvelle fonction.
Il a, ainsi, suivi un cursus au sein de la Fédération espagnole à Madrid pour approfondir son nouveau rôle Considéré comme l'un des plus grands directeurs sportifs actuels, Monchi (Séville FC) est notamment intervenu lors de son séminaire. «Je vais également suivre des séances à l'UEFA, à Nyon, poursuit Philippe Senderos. Je tiens à enrichir mon expérience, parfaire mes connaissances.» Pour embrasser parfaitement ce nouveau costume quil devrait porter à merveille.
«Le football a bien changé depuis 2003»
«Je sais que le football a bien changé depuis 2003. Mais même s’il y a une réalité budgétaire à laquelle nous ne pouvons pas échapper, je suis ici pour poursuivre le développement du club, explique-t-il. Ce club est très bien géré. Le budget (ndlr: il se chiffre officiellement entre 13 et 15 millions de francs) a été tenu la saison dernière. Il le sera encore cette saison. Nous ne voulons pas brûler les étapes mais bien s'inscrire dans la continuité. Et, bien sûr, s’appuyer sur l’académie qui est le trésor du club.»
On l’aura compris: la nomination de Philippe Senderos ne rimera pas avec la folie des grandeurs. L'ancien défenseur rappelle que le Servette FC ne possède pas les moyens des Young Boys, de Bâle, de Zurich, de Saint-Gall, de Sion et peut-être de Lausanne. «Or, le classement final est dicté à 70 % par le budget, souligne-t-il. Il convient donc d’être très performant pour que les 30 % restants font qu’une saison soit réussie, comme la dernière, ou pas», souligne-t-il.
Il estime que la qualité de l'organigramme du club demeure l'un des atouts maîtres du Servette FC. «Je peux compter sur une commission sportive dans laquelle figurent Alain Geiger, notre entraîneur, Massimo Lombardo, notre responsable de la formation, et Gérard Bonneau, notre directeur de la cellule de recrutement. Oeuvrer aux côtés d'un tel trio est une grande chance.»
Une situation particulière
Dans un premier temps, la commission sportive a cherché à se renforcer les flancs de sa défense avec les arrivées d’Arial Mendy (Lens) et de Moussa Diallo (Cholet). «Maintenant avec un mercato qui court jusqu'au début octobre, nous ne sommes à l’abri de rien», glisse Philippe Senderos.
Le directeur des opérations sportives rappelle toutefois que Gaël Ondoua et Thimothé Cognat, les deux dépositaires du jeu, sont toujours sous contrat. Il sait toutefois que le Français et le Camerounais peuvent susciter l'intérêt de clubs aux moyens plus conséquents. «C’est la règle du jeu. Cela a toujours été ainsi. Je la connais, admet-il. La situation que nous vivons aujourd'hui avec le Covid-19 est particulière. Il faudra être en mesure de s'adapter.» Que les supporters servettiens se rassurent: deux des grandes qualités de leur nouveau directeur des opérations sportives résidaient dans la lecture du jeu et dans son sens de l'anticipation.