L'équipe de Suisse a débuté ce lundi à Marbella sa campagne 2022. Après une longue pause de quatre mois, les lignes ont bougé. A l'heure de la reprise, Murat Yakin est confronté à six interrogations plus ou moins brûlantes.
Quel rôle pour Granit Xhaka ?
La Suisse s'est qualifiée directement pour la phase finale de la Coupe du monde sans Granit Xhaka. L'équipe a pu en quelque sorte s'émanciper de son capitaine. Remo Freuler et Denis Zakaria ont su, ainsi, assumer pleinement leurs nouvelles responsabilités en ligne médiane. Xherdan Shaqiri a, pour sa part, été transcendé par le port du brassard.
Mais selon Murat Yakin, le statut de Granit Xhaka ne changera pas. Il le lui a signifié au début du mois à Londres. «Granit possède à la fois une intelligence de jeu et une expérience inégalables, glisse le sélectionneur. C'est pourquoi je suis très heureux de son retour.»
Où en est Xherdan Shaqiri ?
Pour la première fois depuis près de dix ans, Xherdan Shaqiri n'évolue pas dans l'un des cinq grands championnats. Le Bâlois a décidé de tenter l'expérience de la Major League Soccer (MLS) avec le Chicago Fire. Il est «le» joueur clé de sa nouvelle équipe.
Même si le niveau de la MLS peut susciter encore bien des réserves, il retrouve l'équipe de Suisse dans une forme physique qui doit réjouir Murat Yakin. N'a-t-il pas disputé quatre matches officiels dans leur intégralité à Miami (0-0), contre Orlando (0-0), à Washington (2-0) et enfin contre Kansas City, ce qui ne lui est plus arrivé depuis 2018 ? Il portait alors les couleurs de Stoke City.
Qu'est-ce qui a changé cet hiver ?
Avec Xherdan Shaqiri, deux autres joueurs retenus pour affronter l'Angleterre et le Kosovo ont été transférés cet hiver. Michel Aebischer a signé à Bologne et Eray Cömert à Valence. Il y a eu aussi du changement pour Fabian Schär. Avec l'arrivée d'Eddie Howe à la tête de Newcastle, le statut du Saint-Gallois n'est plus vraiment le même.
Désormais titulaire indiscutable, il est l'un des grands artisans du redressement des Magpies. Il était même le capitaine de l'équipe vendredi à Everton. Murat Yakin l'a également rencontré en Angleterre pour retrouver le Fabian Schär qu'il avait connu au FC Bâle. «Pleinement libéré dans sa tête avec une très belle insouciance», glisse le sélectionneur.
Y-a-t-il des inquiétudes ?
Si Fabian Schär rayonne comme jamais, Yann Sommer, Nico Elvedi et Breel Embolo traversent une saison bien noire avec Borussia Mönchengladbach. Au lieu de jouer l'Europe, les Fohlen doivent se battre contre la relégation.
Titulaires indiscutables, les trois joueurs suisses sont aussi à la source des problèmes. «Retrouver l'équipe de Suisse leur fera sans doute du bien, lâche Murat Yakin. Mais nous avons fixé des objectifs élevés cette année tant pour la Ligue des Nations que pour la Coupe du monde. C'est pourquoi cela me gêne quelque part de voir Gladbach si mal classé. Il faut vraiment que Yann, Nico et Breel soient en grande forme pour atteindre les buts fixés.»
Quelles sont les marges de manoeuvre de Murat Yakin ?
Elles sont de plus en plus grandes. Lors du dernier match contre la Bulgarie, le sélectionneur était privé de sept titulaires en puissance: Nico Elvedi, Manuel Akanji, Ricardo Rodriguez, Granit Xhaka, Steven Zuber, Breel Embolo et Haris Seferovic. Ces sept hommes étaient titulaires lors du huitième de finale contre la France à l'Euro. Mais Murat Yakin a su s'adapter merveilleusement à cette situation d'urgence.
Du temps de Vladimir Petkovic, neuf places étaient pratiquement immuables. Avec Murat Yakin, le jeu est devenu beaucoup plus ouvert avec notamment le retour des joueurs que l'on n'attendait plus comme Fabian Frei, Renato Steffen et Noah Okafor. Aujourd'hui, le sélectionneur dispose de véritables alternatives dans tous les secteurs de jeu.
Y-a-t-il une obligation de résultats contre l'Angleterre et le Kosovo ?
Une victoire contre l'Angleterre dans un Wembley à guichets fermés serait gratifiante. Battre le Kosovo dans un Letzigrund qui sera également à guichets fermés est presque «obligatoire» pour une équipe appelée à disputer une quatrième Coupe du monde de rang. La Suisse n'est, toutefois, pas dans une situation d'urgence sur ces deux rencontres amicales à venir dans l'optique du tirage au sort de la phase finale de la Coupe du monde, le 1er avril à Doha. La répartition des chapeaux sera établie selon le dernier classement FIFA qui prendra en compte les résultats des rencontres de mars.
Quatorzième, la Suisse est assurée de figurer dans le chapeau 2. Le chapeau 1 demeure inaccessible même avec deux victoires alors que deux défaites ne la relégueront pas dans le chapeau 3. Au pire, elle perdra une place au classement au profit de l'Uruguay.