Stephan Lichtsteiner, sans doute l'un des cinq plus grands joueurs suisses de l'histoire, tire sa révérence. A 36 ans, le Lucernois a annoncé sa retraite lors d'une conférence de presse à Berne.
Septuple Champion d'Italie avec la Juventus entre 2011 et 2018 mais aussi Champion de Suisse avec les Grasshoppers en 2003 et victorieux de la Coupe d'Italie avec la Lazio en 2009, Stephan Lichtsteiner présente un palmarès incomparable.
Il ne manque guère qu'un sacre en Ligue des Champions à ce latéral droit au souffle inépuisable, que les tifosi de la Lazio avaient très vite surnommé Forrest Gump. Il s'était refusé à lui en 2015 lors de la finale de Berlin perdue 3-1 par la Juventus devant le FC Barcelone au terme d'une rencontre que les Piémontais avaient dominée le plus souvent.
Stephan Lichtsteiner aura porté pendant treize ans les couleurs de l'équipe de Suisse, dont il fut le capitaine lors de l'Euro 2016 et de la Coupe du monde 2018. Retenu pour la première fois par Köbi Kuhn le 15 novembre 2006 pour un match amical contre le Brésil à Bâle - défaite 2-1 -, il a honoré sa 108e et dernière sélection le 15 novembre dernier à Saint-Gall lors de la victoire 1-0 contre la Géorgie.
Troisième joueur suisse le plus capé derrière Heinz Hermann (118 sélections) et Alain Geiger (112), Stephan Lichtsteiner fut un titulaire indiscutable lors des cinq phases finales qu'il a disputées, soit les Coupes du monde 2010, 2014 et 2018 ainsi que les Euros 2008 et 2012. Il nourrira à jamais deux immenses regrets: son erreur de relance lors du huitième de finale de la Coupe du monde 2014 à Sao Paulo contre l'Argentine, qui a précipité l'élimination d'une équipe de Suisse qui avait livré une performance magnifique, et ce carton jaune récolté quatre ans plus tard contre le Costa-Rica qui l'a privé du huitième de finale de Saint-Pétersbourg face à la Suède. Jamais sans doute Stephan Lichtsteiner n'a autant manqué à l'équipe de Suisse que ce funeste 3 juillet.
Le Lucernois laissera le souvenir d'un joueur au grand cœur et au caractère affirmé, qui aura évolué dans quatre des plus cinq grands championnats au monde, en France avec Lille, en Italie avec la Lazio et la Juventus, en Angleterre avec Arsenal et en Allemagne avec Augsbourg. Au bénéfice d'une très grande maîtrise du français – à la faveur des trois ans passé à Lille – et de l'italien bien sûr, il avait soulevé en 2015 la question de l'identité de cette équipe de Suisse devenue «multiculturelle» par l'apport massif de joueurs d'origine étrangère.
Même si cette interrogation a très rapidement fait le lit des populistes, le latéral est parvenu, avec le concours notamment de Valon Behrami et de Gelson Fernandes, à réaliser une véritable union sacrée au sein de cette sélection. C'est pour cela qu'il fut un capitaine exemplaire, un capitaine qui n'avait pas hésité une seule seconde à assumer ses responsabilités lors de la séance des tirs au but contre la Pologne lors de l'Euro 2016.