La relégation en Challenge League promise au Lausanne-Sport illustre une sombre réalité du football suisse. Les clubs romands ont tout simplement perdu le fil, ou la flamme si vous préférez. Et cela n'annonce rien de beau pour l'avenir.
Les rencontres de cette semaine renforcent encore cette impression. A Genève, la venue des Young Boys, les quadruples Champions de Suisse en titre, n'a attiré que 5242 spectateurs. Le lendemain à Tourbillon, les 6500 spectateurs dénombrés ont vécu le spectacle parfois affligeant d'un derby entre le FC Sion et le Lausanne-Sport.
La ferveur des Alémaniques
On est très loin de la ferveur que l'on peut rencontrer au Letzigrund autour du FC Zurich, au Kypunpark où le FC Saint-Gall traverse un début d'année magnifique, ou encore à la Swissporarena avec un public lucernois qui remplit parfaitement son rôle de 12e homme dans la lutte contre la relégation. Alors que depuis des semaines, le Lausanne-Sport doit composer avec l'hostilité de ses supporters qui ne cessent d'exiger le départ du directeur sportif Souleymane Cissé.
«Le 21 novembre, on gagne 1-0 à Saint-Gall devant 16'000 spectateurs, se rappelle le vice-président du Lausanne-Sport Vincent Steinmann. Je ne me souviens pas avoir entendu un seul sifflet descendu des tribunes.» Mercredi à Sion, le public de Tourbillon ne s'était pas privé en revanche de fustiger le comportement des siens à la mi-temps lors de leur retour aux vestiaires.
Plus d'ancrage
Même si l'arrêt Bosman interdit toute comparaison avec le passé, un sentiment fort se dessine depuis des mois. Les clubs romands n'ont plus de véritable ancrage avec leur public. A la Praille, le Genevois ronchon tique lorsqu'il voit que sept Français figurent dans le onze de départ de «son» Servette FC.
A Tourbillon, on ne compte plus depuis longtemps que sur les doigts d'une seule main les joueurs du cru intégrés au contingent. Enfin à la Tuilière, la dernière campagne des transferts menée par Souleymane Cissé restera comme l'exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire. Sans parler du recrutement d'un entraîneur qui ignore tout du football suisse et des beaux traquenards qu'il peut receler.
Et pourtant, les trois clubs romands possèdent certains moyens. A Lausanne, Ineos est un actionnaire fort qui est en passe, de l'autre côté de la frontière, de faire de l'OGC Nice l'une des nouvelles forces du football français.
A Genève, le soutien de Rolex, les réseaux du président et l'aura du directeur sportif auraient dû permettre au Servette FC de combler, dans un monde idéal, l'écart qui le sépare des Young Boys ou du FC Zurich après deux belles premières saisons en Super League. Enfin à Sion, la puissance financière de Christian Constantin ne se traduit pas vraiment sur le terrain avec une équipe qui peine trop souvent à imposer un véritable style de jeu.
L'exemple de Bastien Toma
La trajectoire de Bastien Toma illustre parfaitement le manque d'attractivité des clubs romands. Comment se fait-il que l'ancien capitaine de l'équipe de Suisse M21 choisisse le FC Saint-Gall pour se relancer après son expérience mitigée au Racing Genk ?
Le Valaisan n'aurait-il pas été capable d'insuffler un nouvel élan tant à Sion, à Genève ou à Lausanne ? «Nous avons été les seuls à nous positionner pour Bastien», confiait presque avec un certain étonnement le mois dernier le président du FC Saint-Gall Matthias Hüppi. Tout est dit.