Comme dans ce classique qui voit Brad Pitt reconstruire une équipe de baseball avec peu de moyens, Toulouse continue de recruter «malin» en s'appuyant largement sur des données statistiques. Cette méthode a été confortée par la remontée du club en Ligue 1 grâce à des joueurs jusqu'alors inconnus.
Lorsqu'il a débarqué dans la Ville Rose à l'été 2020, Branco van den Boomen sortait de plusieurs saisons dans l'anonymat de la deuxième division néerlandaise après avoir échoué à s'imposer à l'Ajax, son club formateur.
«Le TFC a entré dans l'ordinateur le profil de joueur qu'il recherchait. Et mon nom est sorti dans la liste», expliquait alors ingénument le milieu de terrain de 27 ans.
Le club haut-garonnais, relégué en deuxième division à l'issue d'une saison cauchemardesque, venait d'être racheté par le fonds d'investissement américain RedBird Capital Partners, qui a confié la présidence à Damien Comolli.
Le dirigeant français de 49 ans, passé par les clubs anglais d'Arsenal, Tottenham et Liverpool, à divers postes, est depuis longtemps friand de données et de statistiques.
Très utilisée dans le milieu sportif aux Etats-Unis, la «data» est au coeur de la stratégie de recrutement du TFC, dont les bureaux du Stadium ont pris depuis deux ans des airs de start-up.
«On travaille avec des sociétés qui nous fournissent de la data, comme Opta ou StatBomb, et après, on a des statisticiens, nos propres logiciels, nos propres algorithmes, qui nous aident dans toutes les décisions qu'on prend dans la gestion du club», explique Damien Comolli.
Une soixantaine de championnats différents sont passés au peigne fin par le responsable des données, Julien Demeaux, et son équipe, afin de dénicher, à moindre coût, des pépites parfois sous-évaluées sur le marché.
Ne pas négliger «l'humain»
Van den Boomen, désigné la saison passée meilleur joueur de Ligue 2, avec 21 passes décisives (un record) et 12 buts, est la réussite la plus emblématique de la méthode. Mais il n'est pas le seul.
Arrivé tout droit de Milton Keynes, en troisième division anglaise, l'attaquant britannique Rhys Healey a lui été couronné meilleur buteur de L2 (20 buts) à l'issue du dernier exercice.
Le «Téfécé» a également sorti de son chapeau statistique les milieux de terrain néerlandais Stijn Spierings et belge Brecht Dejaegere, qui ont eux aussi joué un rôle essentiel dans la remontée du club dans l'élite.
De quoi conforter les dirigeants dans leur politique de recrutement, poursuivie depuis l'ouverture du marché estival avec des joueurs piochés aux Pays-Bas (les attaquants marocain Zakaria Aboukhlal et néerlandais Thijs Dallinga) et en Scandinavie (le gardien norvégien Kjetil Haug et le défenseur suédois Oliver Zanden).
L'entraîneur Philippe Montanier se retrouve à la tête d'un drôle d'assemblage d'une quinzaine de nationalités différentes échangeant à la fois en français et en anglais. Le groupe a pourtant fait preuve la saison dernière, résultats aidant, d'une belle cohésion entre étrangers et jeunes du cru, les «pitchounes». Car à en croire l'homme fort du vestiaire toulousain, la data ne fait pas tout.
«Le président s'appuie sur beaucoup d'autres choses, notamment l'humain», affirmait Montanier fin juin à la reprise de l'entraînement. «On a vu que la qualité de l'équipe n'était pas que technique, mais aussi au niveau de l'état d'esprit». «Nos datas nous aident, mais il y a la compétence des équipes derrière. C'est un projet fondé sur les hommes», insistait-il.
Les données peuvent aussi constituer une source intéressante de bénéfices. Acheté pour une bouchée de pain (350.000 euros) à De Graafschap, Van den Boomen est aujourd'hui coté à 6 millions sur le marché des transferts.