Mondial 2022 Affaire louche concernant l'attribution au Qatar

ATS

14.9.2023 - 20:48

Le consultant Jean-Charles Brisard et son ex-épouse, l'avocate Géraldine Lesieur, ont été mis en examen mardi et mercredi dans l'information judiciaire ouverte à Paris sur l'attribution au Qatar du Mondial-2022, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Jean-Charles Brisard, coauteur du livre "La vérité interdite"
Jean-Charles Brisard, coauteur du livre "La vérité interdite"
KEYSTONE

Keystone-SDA

Tous deux, jusqu'alors sous le statut plus favorable de témoin assisté, ont été mis en examen pour escroquerie et recel du délit de corruption de personne n'exerçant pas une fonction publique, a précisé cette source.

Depuis 2019, des juges d'instruction parisiens cherchent à savoir si le vote de Michel Platini, à l'époque patron de l'UEFA, en faveur de l'attribution à l'émirat de l'organisation de la Coupe du monde en 2022, a été obtenu en échange de contreparties.

Les magistrats s'intéressent aussi au rôle de l'ancien président de la Confédération océanienne (OFC) Reynald Temarii, alors défendu par Me Lesieur et conseillé par Jean-Charles Brisard, également président du Centre d'analyse du terrorisme (CAT).

Le jour du vote, le 2 décembre 2010, Reynald Temarii ne pouvait plus siéger au comité exécutif car il avait été suspendu un an par la FIFA le 17 novembre 2010 pour infraction au code d'éthique après des articles du Sunday Times

Un appel suspect

L'OFC devait donc désigner un remplaçant qui aurait accordé sa voix à l'Australie au premier tour de scrutin puis, en cas d'échec, aux Etats-Unis, principaux rivaux du Qatar. Mais M. Temarii a fait appel de sa suspension dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre. Ainsi, selon les statuts de la FIFA, il privait l'OFC d'un représentant lors du vote. Le 2 décembre 2010, le Qatar l'a emporté devant les Etats-Unis, pourtant favoris.

En octobre 2022, M. Temarii s'était dit victime d'escroquerie, expliquant avoir reçu, avant de décider de faire appel, une note confidentielle de Jean-Charles Brisard l'informant que la justice suisse envisageait de le poursuivre pour corruption et que l'absence d'appel pouvait être interprétée comme un aveu de culpabilité.

Selon M. Temarii, mis en examen pour corruption privée passive le 22 mai 2023, il s'agissait de faux éléments destinés à le pousser à faire appel. Les investigations ont aussi révélé que les frais de défense de M. Temarii avaient été financés par l'influent qatari Mohamed Bin Hammam. Cette somme (300'000 euros) a été versée à la société de M. Brisard, JCB Consulting, qu'il devait ensuite redistribuer aux avocats.