Le match amical de ce mardi à Zurich entre la Suisse et le Kosovo porte bien son nom. Il sera bien celui de l'amitié. L'amitié entre deux pays, entre deux fédérations et entre des joueurs aux racines et aux passés communs.
Cette rencontre du Letzigrund sera, bien sûr, particulière pour Xherdan Shaqiri et Granit Xhaka. Le joueur de Chicago est adulé dans le pays où il est né. «A chaque fois que je reviens au Kosovo, il ne se passe pas une heure sans que personne ne sonne à ma porte, dit-il. J'ai le sentiment que tout le monde veut me voir.»
Brillant samedi à Wembley, l'homme aux 102 sélections entend bien sûr sortir le grand jeu pour ravir les supporters suisses et... kosovars, prêts à s'enflammer dans une ambiance qui s'annonce unique. On jouera, en effet, à guichets fermés au Letzigrund avec le dernier des 20'800 billets qui est parti dimanche. «J'aurais rempli le stade à moi tout seul si j'avais dû répondre par l'affirmative à toutes les demandes qui m'ont été formulées», sourit Granit Xhaka.
La 100e de Granit Xhaka
Le demi d'Arsenal fêtera sa 100e sélection ce mardi. Il n'aurait pas pu rêver d'une plus belle affiche pour ce jubilé. N'est-il pas, comme Xherdan Shaqiri, l'exemple parfait d'une intégration réussie au travers d'un parcours exceptionnel?
«Je sais que des milliers d'Albanais et de Kosovars sont devant leur télévision lors des rencontres de la Suisse pour nous encourager», explique le capitaine pour rappeler les liens particuliers qu'entretiennent les deux meilleurs joueurs de l'équipe de Suisse avec l'ensemble de la communauté albanaise de par le monde.
«Il n'y a pas de hasard dans la vie. Jouer mon 100e match pour la Suisse contre une équipe qui est également dans mon coeur est un sentiment extraordinaire, poursuit Granit Xhaka. Ce cap des 100 sélections me remplit de fierté. Je sais aussi que ma famille l'est également. J'attends ce match avec impatience. Avec le désir d'en savourer chaque instant.»
De vieilles connaissances
Xherdan Shaqiri et Granit Xhaka vont, bien sûr, croiser de veilles connaissances mardi. A commencer par Florent Hadergjonaj, qui a compté une sélection en équipe de Suisse en 2017 avant de choisir de jouer pour le Kosovo. L'ancien défenseur des Young Boys n'est pas le seul joueur kosovar à manier parfaitement les subtilités du dialecte alémanique.
On trouve en effet dans la sélection établie par Alain Giresse, le successeur de Bernard Challandes, les noms de trois joueurs de Super League, Mirlind Kryeziu (FC Zurich), Fidan Aliti (FC Zurich) et Betim Fazliji (St-Gall), ainsi que celui d'un ancien junior du FC Zurich, Toni Domgjoni. Alain Giresse pourra également compter sur la présence de l'ex-Bâlois Edon Zhegrova qui a été transféré à Lille cet hiver.
Engagé dans un groupe B qui a été remporté par l'Espagne devant la Suède lors du dernier tour préliminaire de la Coupe du monde, le Kosovo occupe le 109e rang du classement FIFA. Pour sa première, Alain Giresse a mené ses joueurs vers une large victoire jeudi dernier à Vokri face au Burkina Faso (5-0). Nul doute que l'entraîneur français rêve de frapper un grand coup mardi pour marquer les esprits et pour sortir aussi de l'anonymat relatif dans lequel il est confronté comme entraîneur depuis des années.
Le même degré d'exigence
S'il n'a pas le même illustre passé de joueur qu'Alain Giresse, Champion d'Europe en 1984 faut-il le rappeler, Murat Yakin est un entraîneur ô combien avisé pour ne pas ignorer que ce match de l'amitié sera également le match-piège par excellence pour son équipe. Mais trois jours après la défaite rageante de Wembley contre l'Angleterre, le sélectionneur de l'équipe de Suisse n'exigera rien d'autre qu'une victoire.
Même s'il peut innover avec, pourquoi pas, la possibilité d'offrir un temps de jeu conséquent à un Jordan Lotomba et à un Andi Zeqiri, Murat Yakin imposera à son onze la même implication qu'à Wembley. Il sait aussi que son capitaine, dont la performance samedi ne fut pas à la hauteur des attentes, lui doit une revanche. Pour sa 100e sélection, Granit Xhaka n'a pas vraiment le droit de se rater, afin de garder pleinement la main.