Vincent Sierro va goûter aux joies de l'équipe nationale à 28 ans. Une récompense tardive pour la persévérance du Valaisan, qui était déjà devenu capitaine à Toulouse après six mois dans le club.
Par Michael Lehmann
Vincent Sierro pourrait avoir mauvaise conscience. Parce que si le gardien Philipp Köhn n'est plus que sur le banc de touche à Monaco depuis la mi-février, c'est en partie «de sa faute». Il y a un peu plus d'un mois, le milieu de terrain avait trompé son compatriote et l'avait fait passer pour un idiot. Au lieu de centrer, Sierro avait choisi de tirer pour inscrire le troisième de ses cinq buts jusqu'à présent.
Sierro avait ravi son entraîneur. Non pas pour la beauté du but, mais parce qu'avant le match, l'entraîneur des gardiens avait mis en exergue le jeu de position parfois risqué de Köhn. «Parfois, on donne des informations aux joueurs, mais ils ne sont pas concentrés. Vincent fait partie de ceux qui mettent en pratique ce qu'on leur explique, avait déclaré l'entraîneur Carles Novell. Il est toujours à l'écoute et c'est un bon exemple pour tout le monde.»
Une qualité que d'autres entraîneurs ont déjà appréciée chez le Valaisan. Peter Zeidler, par exemple, entraîneur de Sierro à Sion puis à Saint-Gall, a dit un jour que Sierro était le footballeur et l'homme que tout entraîneur et tout club rêverait d'avoir. Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps avant de le voir en équipe de Suisse?
«Oui, ma première convocation a mis plus de temps à venir que pour d'autres joueurs, a déclaré le néophyte. Mais j'ai suivi mon propre chemin, et c'est ce qui a fait de moi le joueur que je suis aujourd'hui.» Un parcours non linéaire, fait de hauts et de bas, comme il en existe souvent dans le football professionnel.
Première expérience ratée à l'étranger
Après s'être imposé à Sion, Sierro n'a pas tardé à céder aux sirènes de l'étranger. A 21 ans, il a rejoint Fribourg en Bundesliga, où il s'est rapidement retrouvé sur la touche en raison d'une blessure rapide. Les blessures justement, celles qui ont souvent handicapé le Valaisan. Lorsqu'il a atterri chez les Young Boys, après un prêt d'un an extrêmement fructueux à Saint-Gall, il a manqué une bonne partie des matches lors de ses deux premières saisons en raison de diverses blessures. Il a donc fallu attendre janvier de l'année dernière pour que Sierro fasse à nouveau le saut à l'étranger.
Si Sierro n'a longtemps figuré que sur la liste de piquet de l'équipe nationale, c'est parce que la concurrence à son poste est très forte. Avec Granit Xhaka, Remo Freuler et Denis Zakaria, le milieu de terrain est occupé par des joueurs de talent. Michel Aebischer et Djibril Sow ont longtemps attendu leur tour. Comme Sow n'est actuellement plus convoqué par Murat Yakin, Sierro a sa chance.
«Vincent a réussi à s'établir comme capitaine dans un grand championnat et à se faire remarquer au niveau international», a déclaré Yakin lors de la présentation de la sélection. Le vainqueur de la Coupe de France l'an dernier a brillé en Europa League en battant Liverpool (3-2).
Soif d'apprendre
Pour Sierro, l'évolution depuis son arrivée dans le sud de la France se situe au niveau physique. «La Ligue 1 est un championnat très physique, explique-t-il. Tu dois travailler dur pour pouvoir exister.» Parce qu'il le fait et qu'il est polyvalent, Sierro jouit d'une grande confiance à Toulouse. Quand à l'automne dernier il a brièvement perdu sa place de titulaire, il a travaillé pour la récupérer.
«J'ai beaucoup de respect pour cette équipe qui a connu de beaux succès ces dernières années, précise-t-il avec humilité. Même à mon âge, j'ai beaucoup à apprendre.» Cette volonté d'apprendre, le Valaisan la cultive aussi en dehors du terrain, puisqu'il a obtenu son bachelor en sciences économiques par correspondance en 2019, et ce alors qu'il était depuis longtemps footballeur professionnel. C'est cette discipline et cette assiduité que ses entraîneurs apprécient. A Sierro maintenant de convaincre durablement Yakin.