Roman Cervenka, topscorer de National League, redonne des couleurs aux Rapperswil-Jona Lakers, qui disputent la meilleure saison régulière de leur histoire. A 36 ans, le Tchèque est au sommet de son art.
Qualifié parfois de «génie sur patins», Cervenka est aussi avare de mots qu'il est prolifique sur la glace. Calme et discret, le champion du monde 2010 sous les couleurs tchèques accorde peu d'interviews. Et quand il en donne, son discours est très convenu.
Interrogé en novembre dernier par MySports sur les raisons du succès des Lakers, actuels 3es de National League, il a répondu: «Nous voulons rester modestes et poursuivre notre chemin. Nous avons une bonne équipe, beaucoup de jeunes joueurs qui progressent chaque jour. J'ai du plaisir à faire partie de cette équipe.»
Aujourd'hui, un peu plus de trois mois plus tard, il pourrait dresser le même constat. La formation saint-galloise a gagné le respect de ses adversaires, après plusieurs saisons ternes. Sous la houlette du coach suédois Stefan Hedlund, l'équipe s'est hissée dans le gratin et présente un jeu attrayant.
Un régal
Rapperswil-Jona n'est plus «la souris grise» sinon l'ectoplasme du hockey helvétique, et Roman Cervenka est pour beaucoup dans cette métamorphose. Fin technicien, élégant et habile, doté d'une grande intelligence de jeu, il séduit le public et les spécialistes. Sa glisse et la qualité de ses passes sont un régal.
«Il vaut le billet d'entrée à lui seul», entend-on dire. Cervenka peut décider du sort d'un match. A son contact, ses coéquipiers se bonifient.
Pourquoi est-il si difficile de le contrer? Le capitaine des Zurich Lions Patrick Geering, ancien coéquipier du Tchèque, voit en lui «un buteur né». Et de préciser: «Cervenka a une excellente lecture du jeu, une vision exceptionnelle qui lui permet de trouver rapidement un équipier démarqué. Pour cette raison, l'adversaire ne peut pas se permettre de se focaliser uniquement sur lui. En outre, il fait preuve d'un sang-froid extraordinaire devant le but.»
De fait, en 49 matches, l'attaquant totalise 61 points cette saison – sa troisième dans la cité des Knie. Il a marqué à 20 reprises et distillé 24 fois la passe décisive. Statistiquement, Cervenka n'a jamais été aussi fort, lui qui était arrivé en Suisse il y a six ans, à Fribourg-Gottéron. Le Tchèque est aussi régulier et robuste. Il n'a manqué que deux rencontres cette saison.
A l'avant-garde
Il n'en a pas toujours été ainsi. Par le passé, il a régulièrement été en butte à des blessures et des ennuis de santé. En 2018, une embolie pulmonie l'a mis sur le flanc pendant trois mois alors qu'il portait les couleurs des Zurich Lions. «Reverra-t-on Roman Cervenka sur nos patinoires?», avait-on pu lire alors, en titre, dans les médias romands.
En 2012, l'attaquant n'avait pas pu s'imposer aux Calgary Flames, en NHL. Mais un an plus tôt, il avait été la plus fine gâchette de l'Avangard Omsk, en KHL. Et en 2015, il a remporté la Coupe Gagarine avec le SKA St-Pétersbourg de Slava Bykov.
Une carrière en dents de scie, qui explique peut-être pourquoi, à un âge avancé, Cervenka reste diablement motivé et efficace. Il est lié jusqu'en 2023 avec les Lakers.