Le rêve éveillé d’Alina Müller «C’est une journée que je ne vais jamais oublier»

ATS

6.12.2023 - 11:29

La joueuse de hockey Alina Müller est à nouveau nommée dans la catégorie «MVP» (meilleur joueur) pour les Sports Awards. Après de nombreuses privations, elle a accompli son rêve qui était de pouvoir vivre de son sport.

Alina Müller va ouvrir un nouveau chapitre en Amérique du Nord.
Alina Müller va ouvrir un nouveau chapitre en Amérique du Nord.
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3 janvier 2024: cette date est marquée en capitale dans son agenda. C'est ce jour-là que son équipe, Boston, débutera dans la nouvelle ligue professionnelle féminine Women's Hockey League (PWHL) qui regroupe six équipes. Boston recevra Minnesota.

Regard en arrière: le 30 juin 2013, Newark, New Jersey. Alina Müller est assise dans les tribunes du Prudential Center à l'occasion du repêchage de la NHL. Son frère, Mirco, actuellement défenseur à Lugano, a été choisi par les San José Sharks en 18e position. Elle ne ressent pas seulement de la fierté, mais aussi l'envie de pouvoir vivre elle-même une telle aventure. Elle ne croit pas le rêve inaccessible même si le hockey féminin végète dans l'ombre de celui des hommes.

Dix ans plus tard, le rêve se réalise grâce à la fondation de la PWHL. Le propriétaire de cette nouvelle ligue est le groupe Mark Walter du milliardaire du même nom, entre autres propriétaire du Chelsea FC. Il a acquis la Premier Hockey Federation (PHF) qui se décrit comme la seule ligue professionnelle féminine du monde. Cependant, la PHF a été engagée dans un bras de fer avec la Professionnal Women's Hockey Players' Association, qui regroupe les joueuses américaines et canadiennes et qui travaillait avec le groupe Mark Walter. La PHF a été dissoute et les meilleures joueuses se retrouvent réunies dans une seule ligue.

Grande satisfaction

Alina Müller aurait dû normalement jouer dans la PHF lorsqu'elle a signé en mai un contrat d'une année avec les Boston Pride. Mais celle-ci a été abrogée avec la dissolution de la ligue. La Zurichoise s'est retrouvée pendant une courte période dans l'inconnu, qui s'est terminée le 19 septembre avec la draft de la PWHL à Toronto. Elle n'a pas dû patienter trop longtemps puisque Boston l'a repêchée en numéro 3 comme première Européenne.

«Cela représente beaucoup pour moi d'avoir pu vivre la même chose que Mirco. C'est une journée que je ne vais jamais oublier», dit-elle dans un entretien avec Keystone-ATS. Pendant les heures passées à Toronto, toute la carrière a défilé dans la mémoire d'Alina Müller. «J'ai pensé à tous les entraîneurs, à toutes les coéquipières et à tous les gens, qui m'ont dit que c'était impossible de gagner sa vie en tant que femme avec le hockey. C'était un sentiment agréable de pouvoir prouver le contraire. C'est une grande satisfaction et cela me donne une grande motivation pour les deux prochaines années.»

Bronze olympique à 15 ans

Alina Müller a fait tôt les gros titres. En février 2014, elle a 15 ans quand elle participe aux Jeux olympiques de Sotchi. Avec son but du 4-2 et un assist sur le 2-2, elle est partie prenante dans la victoire 4-3 contre la Suède dans la finale pour la médaille de bronze et jusque-là le plus grand exploit du hockey féminin suisse. A part ça, elle a joué jusqu'aux M17 la plupart du temps avec des garçons. Lors de sa dernière saison à Kloten en M17 (2016-2017), elle avait réussi en 31 matches de qualification 13 buts et sept assists.

Ensuite, Alina Müller n'a plus joué qu'avec les dames. Elle s'est engagée aux Zurich Lions où elle a brillé avec 80 points en 23 matches. Après une saison à Zurich, elle est partie à Boston en 2018 à la Northeastern University où elle a joué en ligue de Collège quatre au lieu de cinq ans en raison du Covid-19. Aujourd'hui, elle termine son Master en sciences de la rééducation.

Timing parfait

Le timing de la fondation de la nouvelle ligue n'aurait pu être meilleur. Et le fait qu'elle ait été choisie par Boston, ce fut le bouquet. «C'est incroyable comme tout s'est réalisé», souligne Alina Müller. Pour se préparer de manière optimale à la PWHL, elle est revenue temporairement en août aux Zurich Lions. «Je suis vraiment effrayée, lâche-t-elle. C'est une déception que les joueuses ne soient pas devenues bien meilleures au cours des cinq dernières années.» Finalement, elle a préféré ne s'entraîner avec les Zurichoises qu'avec parcimonie.

Alina Müller espère que plus d'équipes vont s'inspirer de l'exemple du CP Zoug. Le club de Suisse centrale a fondé une équipe féminine cette saison et y a mis quelques moyens. Toutefois, un développement optimal en Suisse comme auparavant ne lui paraît pas possible, estime Müller. Elle espère que la PWHL donnera un élan.

La prochaine étape pour Alina Müller est un voyage vendredi en Suisse. Elle sera présente dimanche pour la cérémonie des Sports Awards puisque comme l'an dernier, elle figure parmi les six nommées pour la récompense du MVP dans une équipe suisse.