Alors que le hockey suisse cherche à absorber au mieux l'impact de la crise du COVID-19, les clubs réfléchissent à différents moyens de générer davantage d'argent. Et pour ce faire, la Ligue aimerait se séparer de la fédération.
On a beaucoup entendu parler d'un possible plafond salarial, d'une augmentation du nombre d'étrangers et de diverses pistes de réflexion pour endiguer la hausse des salaires, mais en coulisses la Ligue souhaiterait s'affranchir de la fédération. En constituant une S.A., les clubs de National et de Swiss League pourraient négocier directement les droits TV et en récupérer une plus grande partie que les 22 millions des 35 millions de francs versés chaque année par UPC.
Cela signifie que chaque année 13 millions de francs échappent aux clubs pour aller dans les caisses de la fédération. Et cet argent qui ne sert qu'aux matches amicaux de l'équipe nationale – dont une importante commission de 12,5% à l'entreprise Profile Partners Munich -, la Ligue aimerait bien mettre la main dessus. Les structures de la fédération changent en général tous les dix ans. Depuis plus de vingt ans les clubs se disputent la parole et l'influence. En 2009, Philippe Gaydoul avait mis en place une réforme. Le conseil d'administration de la SIHF était passé de six à cinq membres avec trois représentants de la Ligue.
Qui paie, commande
«Le problème, c'est que bien que les gens viennent de la ligue, dès qu'ils siègent au conseil d'administration, ils cherchent avant tout le bien de la fédération et de l'équipe nationale», explique Gaudenz Domenig, le président de Davos. Domenig sait de quoi il parle. Il a été le dernier à présider le Parlement du hockey sur glace, qui a été dissous après dix ans dans le cadre de la réforme structurelle de 2009. Et Domenig a participé à l'élaboration de la dernière réforme de 2009 au sein de groupes de travail.
Personne n'est satisfait des structures actuelles au sein de la Ligue. Le président davosien ajoute: «La ligue gagne l'argent, donc nous avons le droit de décider qui reçoit combien.» Une façon de faire honneur à la devise «Qui paie, commande!» Ce qui dérange les clubs, c'est que la ligue n'a plus aucun contrôle de ses coûts. Il y a dix-sept ans, le SIHF affichait un trou de 4,7 millions de francs. En 40 jours, la fédération a eu besoin d'1,1 million pour éviter la faillite. «A l'époque, la ligue a sauvé la fédération», appuie Domenig. Le président grison ne compare pas les deux situations, mais il suppose que la fédération affiche aujourd'hui un côté hypertrophié. Et Domenig n'est pas le seul à partager ce point de vue. Selon le rapport annuel, la fédération dépense environ 14 millions de francs suisses pour le seul personnel, alors que les réserves s'élèvent à 2,5 millions de francs suisses. De tels chiffres ne sont pas réjouissants à une époque où les clubs doivent se battre pour chaque franc.
La fédération dans les cordes
Le président de la fédération Michael Rindlisbacher reconnaît que les clubs veulent plus d'autonomie. Les solutions proposées seraient sur la table après les réunions, tout comme un concept sommaire. Les clubs ont en tête des idées qui se démarquent de celles de la fédération. L'argent des droits TV devra être versé sur un compte contrôlé par la Ligue. La fédération devrait soumettre des demandes à la ligue pour l'approbation de ses dépenses. «La fédération peut à tout moment nous demander de l'argent pour des projets spécifiques et nous veillerons à ce que suffisamment d'argent soit mis à disposition des jeunes talents et du hockey amateur», déclare Marc Lüthi, CEO de Berne. Gaudenz Domenig est lui convaincu que «les représentants de la ligue sont très bien intentionnés envers les équipes nationales. Les clubs constatent également que des équipes nationales performantes sont bonnes et importantes pour le hockey en Suisse».
Une chose est presque sûre, les perspectives pour la fédération ne sont pas roses. On l'a vu dernièrement en ski alpin avec le cas du Lauberhorn qui a secoué Swiss-Ski. Là aussi la fédération reçoit de l'argent des télévisions. En hockey sur glace, en revanche, la fédération est à la merci des clubs qui peuvent revendiquer leur indépendance. Et ce qui plane désormais au-dessus de la tête de la fédération, ce sont de solides mesures d'économie.