Lars Weibel «Avoir un champion de l'ouest du pays est important»

ATS

17.4.2023 - 16:17

Alors que la finale des play-off entre Genève-Servette et Bienne bat son plein, l'équipe de Suisse a déjà entamé sa préparation pour le Mondial. Son directeur Lars Weibel s'est confié à Keystone-ATS à l'occasion du premier rassemblement à Viège.

Lars Weibel s'est confié sur le hockey sur glace helvétique.
Lars Weibel s'est confié sur le hockey sur glace helvétique.
Keystone

ATS

Etes-vous d'accord pour dire que nous vivons l'une des meilleures et des plus spectaculaires saisons de l'histoire en Suisse?

«C'est une saison très intéressante, cela ne fait aucun doute. Mais la réduction du temps de jeu des Suisses est clairement démontrable, et notre rôle est de souligner que, de notre point de vue, ce n'est pas bon.»

Le fait que les joueurs suisses puissent affronter des acteurs de classe mondiale un soir sur deux ne peut-il pas être également positif?

«Nous avons toujours eu de bons étrangers en Suisse, et c'est très bien ainsi. C'est le nombre qui pose problème. Maintenant, nous ne sommes plus un pays en développement qui a besoin des étrangers pour nous montrer comment faire. Nous avons de bons éléments et ils doivent aussi beaucoup jouer et prendre des responsabilités. Sinon, en tant que gardien, je n'aurais eu qu'à devenir le remplaçant du meilleur, à le regarder jouer et à m'améliorer. Mais rien que regarder ne sert à rien. Tu dois pouvoir jouer contre eux, mais tu dois aussi avoir de la place. La prochaine génération doit aussi avoir la perspective de jouer.»

Il y a 14 équipes en National League au lieu de 12: les places pour les Suisses n'ont donc pas diminué en fin de compte...

«Ce qui est décisif, c'est où et dans quelle situation ils jouent. Il faut aussi des places à Berne, Lugano, Zurich ou Zoug, chez ceux qui jouent aussi régulièrement des demi-finales des play-off, ainsi que dans les situations spéciales.»

Qu'est-ce qui vous inquiète le plus?

«La tendance et les chiffres parlent d'eux-mêmes. Nous verrons maintenant aux championnats du monde où en sont nos joueurs. A court terme, je me fais moins de soucis pour l'équipe nationale A, et plus pour les M20, M18 et leurs perspectives. Ont-ils encore une chance si même les joueurs qui ont réussi ont moins de temps de glace, surtout dans les situations spéciales? C'est ce qui nous préoccupe.»

L'équipe A a eu l'occasion de se mesurer aux meilleures nations du monde lors de l'Euro Hockey Tour, en raison de l'exclusion de la Russie. Quel est le premier bilan?

«C'est extrêmement important pour nos joueurs et leur développement. Cela donne l'opportunité de jouer quatre fois par an contre des adversaires de haut niveau, non seulement pour le cadre présent au championnat du monde, mais aussi pour les prospects. C'est une grande valeur ajoutée dont nous profiterons également lors du Mondial. C'est un coup de chance que nous soyons là, mais pas seulement. Nous avons dû nous battre avec acharnement et avons beaucoup travaillé en coulisses. Nous sommes un partenaire fiable et sérieux, et les succès du passé sont importants.»

Qu'en sera-t-il si la Russie revient un jour?

«Il semble que nous pourrions rester, indépendamment de la Russie. La question est de savoir si l'on passera éventuellement à cinq équipes. L'objectif est de donner une si bonne carte de visite que nous puissions rester.»

L'équipe sera sensiblement différente lors du Mondial par rapport aux premières semaines de préparation. Ces premières semaines ont-elles une vraie importance?

«Ces semaines d'entraînement sont extrêmement importantes à long terme. Ceux qui ne parviennent pas à intégrer le cadre mondial cette année peuvent le faire l'année prochaine. La concurrence est rude, cela parle beaucoup pour notre hockey. Ce n'est pas du temps perdu, ni pour nous ni pour les joueurs. La volonté est très grande, tout le monde vient sans se plaindre. Patrick Fischer a aussi un bon feeling pour que chacun ait suffisamment de pauses après une longue saison.»

A propos de Patrick Fischer. Son contrat expire dans un an. A quel point êtes-vous satisfait de lui?

«Très satisfait. Nous avons fait une analyse approfondie après les JO de Pékin. Bien sûr, nous aurions dû gagner contre les Etats-Unis (en quart de finale du championnat du monde 2022). Mais le chemin est le bon. Nous nous remettons en question après chaque tournoi. Les objectifs doivent être élevés. Les joueurs ne viennent plus pour un quart de finale. Mais le travail de l'entraîneur ne peut pas être jugé uniquement sur les résultats, il s'agit aussi de savoir comment on travaille.»

Qu'est-ce que Patrick Fischer fait de bien, et de moins bien?

(rires) «En tant que coach, c'est un spécialiste reconnu. Il a un talent incroyable pour diriger les gens. Il a aussi le charisme nécessaire pour représenter l'équipe, c'est un très bon ambassadeur.»

Ces derniers temps, il a toutefois perdu de justesse de nombreux matches à élimination directe...

«Ce qui est amusant, c'est que nous n'avons pas besoin d'aborder ce sujet avec lui. Il se demande toujours lui-même ce qu'il peut améliorer. Nous analysons les choses de manière très orientée vers les solutions. L'histoire s'est répétée, mais les faits sont complètement différents. Nous sommes toujours une petite nation, mais nous avons des solutions pour franchir cette étape. Nous y travaillons tous les jours. Patrick est un «student of the game» qui prend beaucoup d'initiatives. Il n'a jamais été de ceux qu'il faut pousser.»

Avec Bienne ou Genève-Servette, il y aura un nouveau champion. Votre appréciation?

«Je m'en réjouis pour deux raisons. Premièrement, la géographie. La nouveauté stimule le marché, avoir un champion de l'ouest du pays est important. Et cela montre que la qualification ne sert pas à rien. L'euphorie qui s'est créée dans ces villes est super positive. Je me réjouis vraiment de cette série.»

C'est la fin de la première saison de l'après covid. Etes-vous surpris que le hockey suisse ait si bien résisté à la pandémie?

«Nous avons été magnifiquement soutenus, c'est le moins que l'on puisse dire. Avant, on entendait souvent dire qu'en Amérique, le sport était une religion. Mais nous ne pouvons pas nous plaindre du tout, nous avons reçu énormément de soutien pour le sport.»