C'est une saison de National League complètement chamboulée par la pandémie de COVID-19 qui débute enfin ce jeudi. Puisse le virus du hockey se montrer plus fort que les éléments, mais sur la glace, les équipes habituelles sont annoncées pour la conquête du titre.
Dans les années futures, il est à espérer que le trou à la date de 2020 dans le palmarès de la National League restera une exception de l'après-guerre. La reprise tient un peu du miracle dans une situation économique générale qui oscille entre morose et catastrophique.
Des clubs comme Langnau, Rapperswil-Jona, Lausanne ou Ambri-Piotta se retrouvent en difficulté. Sur le plan sportif, il y aura plus que jamais un Championnat à deux vitesses. Zoug, Zurich, Berne, Lugano, Davos, Genève-Servette, Fribourg-Gottéron, Bienne et Lausanne vont se battre pour une place directe dans les play-off. Pour Ambri-Piotta, Rapperswil-Jona Lakers et surtout les Langnau Tigers, la compétition risque de manquer de saveur. Même le frisson de la lutte contre la relégation aura disparu pour ces trois équipes (et les autres aussi) avec l'abrogation à la fin de la saison de la rétrogradation en Swiss League.
Dans des patinoires «faussement» remplies aux deux tiers de leur capacité – ce n'est pas possible dans de nombreuses enceintes en raison de la configuration des lieux – les clubs ont tous dû revoir leur budget à la baisse. Pour certains, on frise la survie. A l'exemple des Langnau Tigers. Le club emmentalois, figure mythique du hockey helvétique des villages, ne s'élancera dans le Championnat qu'avec deux renforts étrangers (au lieu des quatre autorisés) pour ne pas alourdir les charges salariales d'un club qui fait des miracles chaque année. Ainsi seuls l'Américain Robbie Earl (blessé actuellement!) et le Canadien Ben Maxwell sont pour l'heure sous contrat afin d'aider le noyau de joueurs suisses. La situation pourrait toutefois encore bouger d'ici les premières journées. Quand la compétition se lance vraiment, il est difficile de ne pas chercher à contenter les supporters...
Le pari du CP Berne
Sur le plan de la compétition, les Zurich Lions, vainqueurs modestes de la qualification la saison dernière avec un point d'avance sur Zoug, semblent tout à fait capables de rééditer l'exploit. Les dirigeants des Lions se sont montrés d'une stabilité étonnante. Le quatuor d'étrangers – Krüger, Pettersson, Noreau et Roe – est le même que la saison dernière. Le Hallenstadion s'est tout de même payé une petite folie avec l'engagement de Sven Andrighetto, qui a douché bien des espoirs en Russie.
Autre grande cylindrée, Zoug s'est calmé sur le marché des transferts. Il s'agit maintenant de faire fructifier les gros investissements consentis en été 2019 avec les arrivées de Genoni, Hofmann, Bachofner et Kovar. Manoeuvre contraire à Lugano où tous les étrangers à l'exception du brave Lajunen ont été mis à la porte pour un renouvellement des mercenaires. Serge Pelletier doit remettre un peu de lustre à la Resega.
Le CP Berne est en quête de rédemption après avoir manqué les play-off en février dernier. Pour se sauver, le club a été confié à une femme. Florence Schelling doit redonner ses lettres de noblesses au plus grand club de Suisse. La Zuricho-Fribourgeoise a pris un premier pari avec l'engagement du Canadien, presque inconnu en Suisse, Don Nachbaur au poste d'entraîneur. Le club de la capitale se lancera dans l'aventure avec trois étrangers seulement dont un gardien et Haas jouera le renfort de luxe jusqu'à son départ en Amérique du Nord. La jauge à 6500 spectateurs oblige les Bernois à la prudence.
Davos, Bienne, Genève-Servette, Lausanne et Fribourg-Gottéron affichent clairement leur but: une place dans le top 6 pour éviter toute fatigue supplémentaire engendrée par des pré-play-off. Dans ce peloton d'outsiders, Genève-Servette n'a pas hésité à faire quelques folies sur le marché. Les engagements de Tyler Moy et de Joël Vermin ainsi que la pige de Damien Riat démontrent quelques ambitions pour venir troubler la marche des habituels dominants Zurich, Berne, Lugano et Davos.
A Lausanne, l'entraîneur Craig McTavish va pouvoir donner un style à son groupe qui revient à des fondamentaux canadiens. Bienne et Fribourg-Gottéron – dans son nouvel écrin – disposent d'effectifs équilibrés pour répondre aux attentes de leurs fans.