«Poule mouillée» Ovechkin soutient Poutine et crée la polémique

ATS

2.3.2022 - 10:46

La superstar russe Alex Ovechkin est dans l'oeil du cyclone. L'attaquant de Washington est vivement critiqué aux Etats-Unis pour son soutien de longue date à Vladimir Poutine.

Alex Ovechkin apprécie Vladimir Poutine.
Alex Ovechkin apprécie Vladimir Poutine.
Getty Images

Ovechkin, 36 ans, est une figure de la NHL, et un héros pour les fans des Capitals depuis le gain de la Coupe Stanley en 2018. Mais il est sous le feu des critiques depuis que son pays, la Russie, a lancé son action militaire contre l'Ukraine la semaine dernière.

Le natif de Moscou ne s'est jamais caché d'être un fervent partisan de Vladimir Poutine, allant même jusqu'à lancer un site Web appelé «PutinTeam» en 2017 qui exhortait ses compatriotes à s'unir derrière le dirigeant russe. «Je suis convaincu que nous sommes nombreux à soutenir Vladimir Poutine. Alors unissons-nous et montrons à tous une Russie unie et forte !», écrivait-il alors.

Si l'actuelle photo de profil sur son compte Instagram le montre posant fièrement au côté du leader russe, grand fan de hockey, il est apparu plus mal à l'aise en conférence de presse le 24 février, juste après l'invasion russe en Ukraine. «S'il vous plaît, plus de guerre», a-t-il imploré. «Peu importe qui est en guerre – la Russie, l'Ukraine ou d'autres pays – je pense que nous devons vivre en paix.»

«Poule mouillée»

À la question de savoir si son soutien à Poutine restait aussi fort, Alex Ovechkin a botté en touche: «Eh bien, c'est mon président. Mais comme je l'ai dit, je ne fais pas de politique. Je suis un sportif. Je suis Russe. C'est quelque chose que je ne peux pas contrôler. J'espère que ça va bientôt se terminer.»

Des propos froidement accueillis par plusieurs médias nord-américains. «Dire qu'il se sent impuissant est une tentative fallacieuse de minimiser son importance. En tant que sportif russe parmi les plus célèbres à l'international, vénéré chez lui par les fans de la discipline la plus populaire du pays, il pouvait faire la différence en s'exprimant. Il a choisi de ne pas le faire», fustige le site SB Nation, qui qualifie Ovechkin de «lâche flagorneur».

Estimant qu'"il n'est pas vrai qu'Ovechkin ne peut rien faire», la Gazette de Montréal a appelé le joueur à «user de son pouvoir considérable pour faire tomber le tyran de son piédestal». «C'est un moment déterminant dans de nombreuses vies, la sienne comprise. Un jour, on se souviendra de lui autant pour ses actes que pour ses buts.»

Mais le plus gros coup de crosse reçu est venu d'une ancienne star de la NHL, le Tchèque Dominik Hasek. L'ancien gardien, double vainqueur de la Coupe Stanley avec Detroit, a traité Ovechkin de «poule mouillée» sur Twitter, l'accusant de lâcheté pour ne pas condamner les actions de Poutine en Ukraine.

Risques pour sa famille

Les défenseurs d'Ovechkin font valoir qu'il n'est pas en mesure de se prononcer contre les méfaits de Poutine, car des membres de sa famille sont encore en Russie. Or, des groupes de défense des droits humains accusent régulièrement les autorités russes de mener une répression brutale contre toute personne critiquant publiquement le conflit.

Ce dont le site SB Nation a également convenu, tout en soulignant que d'autres en ont toutefois eu le courage, à l'instar du tennisman Andrey Rublev. «En lui demandant de s'exprimer, il est évident que cela s'accompagne sans aucun doute d'un risque énorme pour sa famille. Tout comme ceux qui se sont exprimés contre le régime de Poutine, y compris ceux en exil politique, ont pris un risque énorme.»

La position inconfortable d'Ovechkin ne l'a cependant pas pénalisé sur le plan sportif puisque la NHL, contrairement à la plupart des instances sportives internationales, n'interdit pas aux hockeyeurs russes de jouer. «Nous restons préoccupés par le bien-être des joueurs russes, qui jouent dans la NHL au nom de leur club et non au nom de la Russie. Nous comprenons qu'eux et leurs familles sont placés dans une position extrêmement difficile», a déclaré lundi soir la ligue, tout en annonçant la suspension de ses contrats commerciaux avec la Russie.