Patrick Fischer «Réussir avec ce statut, c'est la marche la plus difficile à franchir»

ATS

8.11.2023 - 14:28

L'équipe de Suisse participe dès jeudi à la Karjala Cup à Tampere. Elle y affrontera la Finlande puis la Suède samedi et la République tchèque dimanche. Ce tournoi est une première étape dans la préparation des Mondiaux à Prague et Ostrava.

Patrick Fischer et la Suisse lancent leur préparation au Mondial cette semaine.
Patrick Fischer et la Suisse lancent leur préparation au Mondial cette semaine.
KEYSTONE

8.11.2023 - 14:28

Le sélectionneur Patrick Fischer s'est confié à Keystone-ATS avant ce rendez-vous sur la glace finlandaise. Il est notamment revenu sur l'échec de la sélection, éliminée en quarts de finale par l’Allemagne (3-1), lors des derniers championnats du monde. Entretien.


Patrick Fischer, êtes-vous encore hanté par le quart de finale des Mondiaux perdu en mai contre l'Allemagne ?

«Non, pas vraiment. La défaite est digérée et a été analysée. Je continue à croire que rien ne se passe sans raison. Il semble que nous ayons besoin de ça pour apprendre en tant qu'équipe.»

Que s'est-il passé depuis ?

«Nous avons regardé où nous en sommes dans notre processus, ce que nous avons fait ces dernières années. Nous avons progressé dans le domaine athlétique, avons amélioré notre comportement dans les duels, trouvé un bon équilibre tactique et restons actifs quand on mène au score. Auparavant, nous avions souvent de la peine dans la phase de groupes contre les équipes a priori plus faibles, et ce n'est plus le cas parce que nous avons appris à créer davantage en phase offensive.»

Et maintenant, à quel stade la Suisse se trouve-t-elle ?

«A mon avis, nous sommes dans la dernière phase. Nous faisons partie du cercle des favoris. Mais réussir avec ce statut sous la plus grande pression, c'est la marche la plus difficile à franchir. Comme joueur, j'aimais de telles situations, mais ce n'est pas une caractéristique typique des joueurs suisses. Nous devons arriver à ce que chacun puisse évoluer à son meilleur niveau quand cela compte, dans les matches à élimination directe.»

«Les matches couperets ? C’est là que nous nous crispons»

Patrick Fischer

Sélectionneur de la Suisse

Comment peut-on y parvenir ?

«Le défi est de toujours rester concentré. La différence entre un champion et un très bon joueur est de ne pas se laisser distraire quand cela ne tourne pas comme on le souhaite. Certains n'y arrivent pas. Dans un match à élimination directe, c'est bien plus dur de retrouver la concentration que dans un match de groupes. Prenons les Canadiens par exemple : ils adorent les rencontres à couperet. Quant à nous, nous avons le sentiment que nous devons gagner, et c'est là que nous nous crispons. Nous réfléchissons trop, ce qui nous fait nous éloigner du moment présent.»

Est-ce que cela peut s'apprendre, ou devez-vous cibler particulièrement les joueurs qui ont cette capacité ?

«C'est une très bonne question. Nous avons évidemment des joueurs qui peuvent performer sous la pression et qui l'ont déjà prouvé plusieurs fois. On veut amener les autres à ce stade en les mettant au défi. Cela ne doit jouer aucun rôle que cela soit dans le cadre de l'Euro Hockey Tour en Finlande ou dans un quart de finale des Mondiaux. Ce sont simplement d'autres circonstances. Nous attendons que les joueurs soient à 100% et donnent tout, que ce soit à l'entraînement ou en match. Nous allons retenir des joueurs dont on pense qu'ils performeront quand cela compte. Nous allons investir beaucoup d'énergie dans cette direction. Des coaches spécialistes en concentration vont être intégrés dans les entraînements. Je me réjouis de cette étape.»

«Avec le recul, j’aurais préparé le duel contre l'Allemagne de manière différente»

Patrick Fischer

sur l’élimination en quarts de finale au Mondial

On est toujours plus malin avec le recul. Dans cette optique, est-ce que vous feriez des choses autrement que durant les derniers Mondiaux ?

«Oui, je changerais certaines décisions. Contre la Lettonie, je ne laisserais plus des joueurs au repos. Et avec les conclusions actuelles, j'aurais préparé le duel contre l'Allemagne de manière différente. Nous l'avons abordé comme les autres matches. Ce ne serait plus le cas. Je me comporterais aussi différemment dans le coaching. Après le 1-1, j'ai vu que l'équipe en voulait trop, sans doute parce que c'est spécial de jouer contre les Allemands. Nous avons ensuite concédé deux pénalités stupides qui nous ont coûté le match, car on a perdu le rythme. Nous aurions dû rester plus souverains, car le nom de l'adversaire ne doit pas jouer de rôle.»

ATS