Après quatre saisons décevantes, le CP Berne veut à nouveau convaincre. Marc Lüthi, de retour au poste de CEO, explique comment y parvenir.
Il y a un an, Marc Lüthi, l'homme fort du CP Berne pendant 24 ans, se retirait de la responsabilité opérationnelle après une hémorragie cérébrale et devenait président. Un an plus tard, le voilà de retour dans le costume du CEO, Raeto Raffainer ayant dû quitter son poste après seulement quelques mois. Dans un entretien avec Keystone-ATS, le Bernois de 62 ans regarde avant tout vers l'avenir.
Marc Lüthi, pourquoi êtes-vous revenu ?
«Parce que nous devions faire un changement à ce poste. Cela n'avait pas marché. Et puis la grande question a été: qui va le faire? Et à un moment donné, on s'est tourné vers moi.»
Est-ce un signe de faiblesse que personne d'autre ne puisse faire ce travail ?
«Non, nous trouverons quelqu'un d'autre. Cela n'a tout simplement pas marché à ce moment, et cela arrive aux meilleures entreprises. Nous allons donc faire un deuxième essai.»
Raeto Raffainer était un peu le transfert de rêve que beaucoup vous enviaient. Pourquoi cela n'a-t-il pas fonctionné ?
«Je ne ferai pas de commentaires. Cela n'a tout simplement pas marché.»
Il y a quand même eu quelques décisions de recrutement ces dernières années qui se sont avérées peu judicieuses...
(il interrompt) «Une seule.»
Florence Schelling par exemple. Peut-on dire a posteriori que l'on a mal évalué la situation ?
«Je reviens volontiers sur le cas de Florence Schelling. Florence a probablement vécu la période la plus stupide de ce siècle avec la pandémie. Je suis convaincu que son intelligence et sa personnalité la prédestinaient à une telle fonction. Mais quand la pandémie est arrivée, elle était perdue, tout le monde était uniquement préoccupé par la survie du club.»
-Elle ne pouvait pas exercer le travail normal d'un directeur sportif.
«Non. Et il n'y avait pas d'argent. On a réduit le chiffre d'affaires de 65 à 27 millions en très peu de temps. Avec le recul, je suis désolée pour elle, cela n'aurait pas dû se passer comme ça.»
A propos de finances. Berne a encore enregistré une petite perte, alors que d'autres clubs ont déjà renoué avec les bénéfices. Pourquoi est-ce plus difficile pour Berne, malgré le plus grand nombre d'abonnés en Suisse ?
«Pendant la pandémie, nous avons dû faire certaines choses qui ont eu des répercussions beaucoup plus importantes chez nous. (rires) Nous avons plus ou moins économisé comme des fous pendant cette période. Nous devions le faire, sinon nous n'aurions pas survécu. Maintenant, nous devons investir à nouveau, nous avons budgétisé la saison dernière et la saison actuelle (2023/24) avec des pertes, alors que nous n'en faisons pas vraiment. Mais il s'agissait d'une décision consciente, car nous devrions ensuite à nouveau réaliser des bénéfices. Avant, nous avons aussi économisé pendant 20 ans.»
-Si la pandémie était arrivée en 1998 ou 1999, le CP Berne n'aurait pas survécu ?
«C'est ça. Nous serions morts.»
D'autres clubs ont battu des records de spectateurs la saison dernière, mais à Berne les chiffres ont baissé. Est-ce uniquement lié aux performances sportives ?
«Personne ne sait pourquoi nous avons autant de spectateurs. Si cela diminue un peu, c'est simplement comme ça. Je ne comprends pas pourquoi, tout comme je ne comprends pas pourquoi nous avons autant de monde. Je dis toujours: 10'000 spectateurs, c'est faisable avec des prestations et un cadre appropriés, et les 7000 supplémentaires sont sans doute donnés par Dieu.»
Dès la saison prochaine (2024/25), vous voulez à nouveau être dans les chiffres noirs. Combien de bénéfices le SCB doit-il réaliser pour pouvoir assumer ses investissements ?
«S'il y a une pandémie tous les 20 ans, nous sommes en bonne position.» (rires)
Grâce aussi au nouvel entraîneur Jussi Tapola ?
«Si l'entraîneur probablement le plus performant d'Europe de ces dernières années est prêt à venir chez toi, tu es bête de ne pas le prendre. (rires) 11 finales en 13 saisons, il n'y a pas grand-chose à redire. Il est parti de Tampere parce qu'il disait qu'il n'avait plus rien à apprendre à ce club. Il connaît nos valeurs. Même s'il n'est pas bernois, il porte notre ADN en lui.»
Quels sont vos objectifs pour la saison ?
«Nous voulons tout simplement participer aux play-off, nous le devons à nos fans. Mais nous voulons aussi voir des matches attrayants. Nous ne voulons plus de ce laisser-aller que nous avons vu en partie la saison dernière.»
Où en est le hockey suisse après la pandémie ?
«Le hockey suisse est dans une bonne situation avec l'augmentation du nombre d'étrangers de quatre à six, même si j'aurais souhaité autre chose.»
Dix étrangers ?
«Oui, et pas parce que je suis d'avis qu'il faut en mettre dix. Ce sont simplement des hockeyeurs, qu'ils soient suisses, allemands, canadiens, suédois ou finlandais. Cela m'est complètement égal. L'augmentation à six étrangers a permis à beaucoup plus de clubs de pouvoir devenir champions, et c'est bon pour les fans.»