Au Mondial à Prague, la Suisse veut atteindre le dernier week-end pour la première fois depuis 2018. Et pour y parvenir, les joueurs sont aidés par le concept de focalisation du nouveau coach de performance Stefan Schwitter.
Les Suisses ont désormais tout ce qu'il faut en termes de physique, de fond de jeu et de tactique pour devenir champions du monde. Il s'agit maintenant de franchir l'étape la plus difficile du point de vue du sélectionneur Patrick Fischer, à savoir «réussir en tant que favori sous une pression maximale». Mais aimer les situations de défi, à la manière des Canadiens, n'est pas une caractéristique typiquement suisse.
De catcheur à coach
C'est pourquoi le staff a été renforcé par Stefan Schwitter. Le Zurichois, né en 1983, a été catcheur pendant sept ans, de 2008 à 2010 en tant que professionnel, et a vécu en grande partie aux Etats-Unis. Il a fait des shows dans plus d'une douzaine de pays et a vécu selon la devise «No pain, no gain» que l'on peut traduire par «Pas de douleur, pas de récompense». Il en a donc toujours fait un peu plus (trop), négligeant la régénération, et il en a payé le prix. «Cela s'est traduit par un grand déséquilibre. Des soucis physiques qui affectaient mon mental», raconte Schwitter dans un entretien avec l'agence de presse Keystone-ATS.
Schwitter a suivi de nombreuses formations pour pouvoir travailler comme coach, mais ce qui lui permet d'être là où il est, ce sont les expériences vécues. Il a notamment été marqué par son séjour dans un monastère aux côtés de ses mentors. Il s'est très tôt penché sur lui-même et a commencé à méditer depuis ses 10 ans. Ce calme intérieur est pour lui la base de ses exploits. Il en a lui-même réalisé un en octobre 2022, en soulevant pendant 24 heures des kettlebells de 24, 28 ou 32 kg. Au total, il a soulevé 258'134 kg des genoux à la poitrine, ce qui lui vaut de figurer dans le Guinness Book en tant que recordman du monde.
Savoir se détendre
Il doit maintenant aider l'équipe de Suisse à se débarrasser du «blocage des quarts». «L'état d'esprit est essentiel, il faut l'entraîner, explique Schwitter. Le problème, c'est que la plupart des choses se passent dans le subconscient, d'autant plus quand on est sous pression. Il s'agit donc de le programmer correctement. Cela ne peut se faire que par la répétition.»
Pendant le Championnat du monde, Schwitter a travaillé presque quotidiennement avec son équipe dans la zone de relaxation: «Un match induit un niveau de stress élevé. C'est normal que les joueurs aient de la peine à s'endormir après. Voilà pourquoi il est important de mettre le corps dans un état de détente absolue, afin que le système nerveux puisse se rétablir rapidement. Car si l'on est tendu, voire crispé, cela se répercute sur les performances.»
Cette nouvelle approche est très bien accueillie par l'équipe. «Nous sommes à une époque où tout le monde sait à quel point la régénération mentale est importante, précise-t-il. C'est un travail intense, car chacun fonctionne différemment. Je dois toujours être à l'écoute et observer afin de pouvoir procéder à des ajustements au besoin.»
Travail physique intelligent
Schwitter est également responsable de la condition physique des joueurs. «Pendant la préparation, nous avons beaucoup fait pour que les muscles remplissent leur fonction et que les gars conservent leur vivacité, analyse-t-il. Maintenant, il ne reste plus qu'à aborder les matches dans un bon état de fraîcheur.» Les mots-clés: activer et mobiliser.
Pendant un entraînement, Schwitter exige des joueurs une concentration totale, chaque exercice doit être effectué avec attention histoire d'aiguiser précisément la concentration. Car en fin de compte, le but pendant un match est d'être toujours dans le présent et de ne pas se laisser distraire, même lorsque les choses ne se passent pas comme prévu.
Tout cela sera bien entendu à vérifier plus tard dans le tournoi et très vraisemblablement lors des rencontres à élimination directe. Mais avec des joueurs comme Roman Josi, Kevin Fiala, Nico Hischier ou Nino Niederreiter, la Suisse ne manque assurément pas de talent et encore moins de leadership.