Jeudi soir à Helsinki, l'équipe de Suisse s'est inclinée 3-0 en quarts de finale du Championnat du monde face aux Etats-Unis. Un nouvel échec pour Patrick Fischer et la fédération, mais le directeur des équipes nationales veut garder le positif.
Il n'y avait logiquement que de la déception et des visages fermés en zone mixte après ce revers contre les Américains. Damien Riat s'est excusé de ne pas trouver de meilleurs mots pour analyser cette défaite à chaud. Aucun problème, ce n'est pas son rôle.
Ceux qui doivent analyser cette sortie prématurée, et elle l'est si l'on pense que la Suisse a terminé en tête de son groupe avec 20 points et sept victoires en sept matches, ce sont les gens de la fédération et Patrick Fischer. Le sélectionneur n'a pas été très convaincant devant les médias jeudi soir. Il a mis en avant le bel état d'esprit de son groupe sans jamais se remettre en question. Le virage jeunesse n'a pas lieu d'être critiqué, mais il a sûrement manqué d'un peu d'expérience jeudi soir.
Bien pour le futur
«Nous sommes forcément un peu tristes, a confié le directeur des équipes nationales, Lars Weibel. Nous avions très envie d'aller loin dans ce tournoi. Nous savions qu'il y avait de la pression. Cette année, c'est un peu plus difficile que l'année passée. Mais la base est plus forte. Nous avons amélioré pas mal de choses.»
Avant les JO de Pékin, Weibel et Fischer avaient parlé d'une même voix en expliquant que la Suisse devait désormais viser les médailles lors des grands rendez-vous. Une ambition légitime et louable de ne plus considérer une qualification en quarts de finale comme une réussite. Mais un échec si l'on regarde les deux campagnes de 2022.
Avec un contrat valable jusqu'en 2024, la question du maintien de Patrick Fischer au poste de sélectionneur ne se pose pas. Lars Weibel a quand même précisé au micro de la RTS que la place de «Fischi» n'était absolument pas remise en cause. «Selon moi, nous avons pris les bonnes décisions, a jugé l'ancien gardien. Nous avons aussi amélioré notre jeu. Après, bien sûr, on ne peut pas être heureux de perdre le dernier match. Seulement malgré la défaite, c'est bien pour le futur.»
Capable de faire venir les joueurs de NHL sous les drapeaux, Patrick Fischer a bien géré son groupe durant la phase préliminaire en donnant du temps de glace à tout le monde pour ne froisser aucun égo, c'est à porter à son crédit. Mais en quarts de finale, le Zougois a donné l'impression d'être à court de solutions. Et bien que les absences de Scherwey et Corvi aient fait mal, la Suisse disposait de suffisamment d'armes pour pallier ce manque.
Un «embourgeoisement» de certains
Pour Doug Boulanger, coach de la Lituanie M18 et skills coach, les gardiens ont été corrects, sans plus. Un avis finalement relayé par les statistiques. Si bon en play-off avec Zoug, Leonardo Genoni quitte Helsinki avec une moyenne d'arrêts de 89,02%. Reto Berra et Sandro Aeschlimann font encore moins bien.
«Je les ai trouvés ordinaires à la relance, analyse-t-il. Et c'est évident que le deuxième but a cassé les jambes de l'équipe. Même si Gaudette forechecke bien, c'est la faute à pas de chance. Et c'est un moment-clé. Et puis il y a aussi ces changements de ligne alors que l'on est sur le back-check. Et je terminerai en mettant en lumière cette difficulté à avoir des tirs qui génèrent des rebonds. Mais les Américains ont fait du bon travail.»
Coach et consultant pour la RTS, Laurent Perroton regrette un «embourgeoisement» chez certains: «On a de très bons joueurs individuels, mais on oublie l'aspect mental. On a aussi vu des carences physiques contre les Américains. J'ai trouvé l'équipe nerveuse dans les derniers gestes. Et comme en Finlande, on devrait valoriser la formation des entraîneurs tant au niveau M13 que M20. Nos talents, on les bichonne trop. Je pense que les joueurs NHL seraient moins enclins à venir si on ne les bichonnait pas. Et au final ce qui est regrettable, c'est qu'il manque le mental et le physique et c'est les deux choses les plus simples à acquérir.»