L'optimisme légitime affiché par la Suisse avant le Championnat du monde à Riga a fait place à une déception certaine après l'élimination en quarts de finale aux tirs au but contre l'Allemagne. Le titre mondial était un rêve en arrivant en Lettonie, il le reste au moment de rentrer au pays.
La Suisse a de nouveau trébuché. Comme en 2019 et comme de nombreuses autres fois avant. Quand ce n'est pas la Suède qui se fait bourreau en finale (2013 et 2018) ou en quart de finale (2017), ce sont le Canada (2019) et l'Allemagne (2010) qui se chargent de ramener la Suisse sur terre. Au Championnat du monde en tout cas. Parce qu'aux JO, c'est en huitièmes de finale que cela s'est produit en 2014 devant la Lettonie et en 2018 devant les Allemands.
Patrick Fischer est persuadé que la Suisse a les armes pour devenir championne du monde un jour. Contrairement à l'ère Ralph Krueger ou aux quatre ans de Sean Simpson, l'équipe nationale a désormais le coffre pour dicter son jeu et ne pas se voir contraint de s'adapter au jeu adverse.
Mais il manque visiblement toujours quelque chose pour aller au bout. Un détail, Kun rebond chanceux comme ceux qu'ont eus le Canada en 2019 et l'Allemagne cette année. Il manque cet instinct de tueur dans les instants décisifs. Il manque un mental d'acier.
«Toutes les équipes ont de la peine à gérer notre vitesse», avance le sélectionneur de 45 ans. C'est vrai. Après l'échec de 2019, le staff s'est remis en question et le «playbook» a subi quelques modifications. Très bien.
Les valeurs véhiculées par cette équipe sont les bonnes: concentration, engagement, qualité, caractère et coeur. Aucun joueur ne peut être pointé du doigt pour avoir failli. Certes Jonas Siegenthaler n'apparaît pas sous son meilleur jour sur les deux buts allemands, mais le voir comme un bouc émissaire serait bien injuste.
Fessés 7-0 par la Suède, les Suisses ont su réagir immédiatement. Avec cinq succès en sept matches, le tour de qualification a été bien négocié. Les joueurs parlaient ouvertement de titre, sans se cacher. «Chacun est fier de jouer pour la Suisse, appuie le directeur des équipes nationales, Lars Weibel. Pouvoir transmettre cela hors de notre cercle est extrêmement gratifiant.»
En menant 2-0 jeudi, la Suisse avait fait tout juste. Son principal tort a été de soudainement devenir trop passive, ce qui a agacé Patrick Fischer. Malgré ce douloureux – et énième – apprentissage, le sélectionneur a vu des progrès par rapport au tournoi en Slovaquie: «Nous avons disputé un bon tournoi, nous étions à nouveau très proches de réussir quelque chose. Maintenant je ne sais pas ce que ça fait à l'équipe de perdre une fois encore de cette manière.» Lars Weibel envisage deux possibilités, soit la confiance du groupe est érodée, soit cette défaite va stimuler l'équipe pour les prochaines échéances.
A l'immense désillusion de Pyeongchang avait suivi le superbe tournoi de Copenhague. Reste à espérer qu'après cette baffe, la Suisse se rebiffera à Pékin ou en Finlande lors du prochain Championnat du monde. C'est en tous les cas le rêve de Fischer.