La Suisse a lancé son Championnat du monde en Slovaquie de manière idéale avec quatre victoires lors de ses quatre premiers matches. Sereine, l'équipe nationale a progressé grâce à la NHL.
La Suisse peut dire merci à la NHL. La meilleure ligue du monde a permis à une bonne nation de devenir une très bonne nation du hockey mondial. Attention, il n'est pas ici question de devoir quoi que ce soit à Gary Bettman, le patron de la NHL. Non, si la Suisse peut regarder aujourd'hui les grands dans les yeux et éviter les peaux de banane, c'est en partie dû au développement de ses meilleurs éléments en Amérique du Nord.
Lors de la médaille d'argent de 2013 à Stockholm, deux joueurs avaient dû traverser l'Atlantique pour rejoindre «les Simpson». Roman Josi ne comptait qu'une demi-saison à Nashville et Nino Niederreiter apprenait son métier en AHL. L'année passée à Copenhague, ils étaient sept et tous jouaient de vrais rôles au sein de leurs organisations respectives.
Davantage d'expérience
Cette année à Bratislava, ils sont cinq. Six si l'on compte Vincent Praplan qui a passé son année en AHL. «Mais ils ont un an de plus», a très justement souligné Patrick Fischer. Davantage d'expérience pour un groupe encore jeune. Roman Josi n'a que 29 ans et Yannick Weber 30. Kevin Fiala n'en affiche que 22 alors qu'il dispute déjà son quatrième Championnat du monde. Quant à Nico Hischier, numéro un de la draft en 2017, sa carrière vient à peine de débuter.
Désormais sur le devant de la scène du hockey mondial, les Suisses assument. La Lettonie s'accroche? La patience et le calme ont eu raison de leur système. La panique a fait place à un réel sentiment de sérénité qui découle de cette habitude nord-américaine à jouer chaque soir au plus haut niveau.
Mark Streit, exemple ultime
Au début des années 2000, on a souvent parlé du rêve de jouer en NHL pour les jeunes Helvètes. De ces pionniers qui ont dit «tschüss» au confort de la National League pour aller se frotter à une véritable compétition dans les ligues mineures. Certains sont revenus assez vite comme Reto von Arx, Goran Bezina ou Julien Vauclair, et d'autres ont décidé de s'accrocher comme Mark Streit. L'exemple ultime pour une bonne partie de la génération actuelle. «Quand j'ai vu qu'il a réussi à obtenir une place à Montréal, cela a ouvert beaucoup de portes pour nous», rappelle Yannick Weber.
Parti en 2006 pour l'OHL et les Kitchener Rangers, le Bernois né à Morges n'a jamais pensé revenir, même quand les choses ne tournaient pas en sa faveur. Drafté par Montréal, Weber est ensuite passé par Vancouver avant de se trouver un foyer à Nashville depuis 2016. Défenseur doué offensivement, Weber a appris à faire évoluer son jeu pour conserver un poste en Amérique du Nord. «C'est bien pour les jeunes de voir maintenant des joueurs comme Josi, Nino (réd: Niederreiter) ou Hischier être des stars là-bas, poursuit-il. Comme ça ils voient aussi que c'est possible.»
Jamais perdu confiance
Moins talentueux qu'un Josi ou qu'un Diaz, payé «seulement» 650'000 dollars par saison (réd: le minimum en NHL pour un contrat à un volet), Yannick Weber se pose en exemple, comme son mentor Mark Streit une douzaine d'années avant lui.
Et les jeunes devraient s'en inspirer: «C'était clair pour moi. J'avais un rêve et je voulais jouer dans la meilleure ligue du monde. J'ai eu des saisons difficiles, mais je n'ai jamais perdu confiance en moi, je savais que je pouvais jouer en NHL. Ceci dit, c'est le plus haut niveau, alors cela ne doit pas être facile. Cela fait dix ans que je suis là-bas, je suis fier de ce que j'ai accompli et je n'ai jamais abandonné. J'espère qu'en Suisse des jeunes regardent ma carrière et se disent que c'est possible.»