«Pourquoi serais-je contrarié d'avoir une année de plus pour prolonger ma dynamique ?» Star de la natation américaine, Caeleb Dressel a expliqué qu'il traversait sereinement cette période si incertaine lors d'un entretien avec l'AFP.
Sevré de compétition entre mars et octobre, le Floridien, déjà treize fois champion du monde et double champion olympique à 24 ans, la réapprivoise avec la Ligue internationale (ISL), jeune circuit privé dont la deuxième saison est organisée sous bulle sanitaire à Budapest jusqu'à fin novembre.
Comment avez-vous vécu ces sept mois sans compétition ?
«Mon Dieu, ça fait si longtemps que ça ! C'est un sentiment très étrange. Depuis que j'ai douze ans, mon rythme est toujours le même: nager, faire une courte pause, participer à une compétition importante, nager à nouveau... C'est la première fois que j'ai dû m'adapter et faire différemment. Au début, ne pas pouvoir me mesurer aux autres ne m'a pas trop coûté. J'ai vraiment commencé à ressentir ce manque vers le mois d'août».
Qu'avez-vous ressenti au moment de reprendre un départ ?
«C'était assez énorme. J'adore l'entraînement, même si ça n'est pas la fête tous les jours, mais rien ne remplace la compétition. Jusqu'en janvier, je m'étais entraîné très dur et je n'ai jamais pu vérifier que tous mes efforts avaient été utiles. Avoir la confirmation qu'on a bien ou mal fait le job, c'est une part très importante du travail. Ce sont ces repères qui m'ont manqué durant tous ces mois, trouver dans la confrontation directe des réponses à mes attentes.»
Comment gérez-vous l'incertitude persistante liée au Covid-19 ?
«Au début, quand tout était très mouvementé, quand j'avais un accès limité à la piscine, ça a été une question d'approche individuelle: le Covid est là, tout s'arrête, il n'y a plus de 'trials' (sélections, ndlr), plus de meetings, ce n'est ni bien ni mal, c'est un fait, je n'ai pas le contrôle de la situation. J'en ai pris mon parti. Je ne voulais pas me laisser aller. On n'est pas obligé d'être dans l'eau pour progresser en natation, même si ça rend évidemment les choses beaucoup plus faciles... Il y a des choses très importantes en dehors de l'eau. J'ai mangé sainement, cuisiné moi-même... Et j'ai profité à fond du temps que j'avais dans l'eau en étant vraiment investi (...) J'ai eu plus de chance que beaucoup de nageurs, je n'ai jamais vraiment été empêché de nager.»
Comment avez-vous réagi au report des JO-2020 ?
«C'était une très bonne décision. Sincèrement, 2020 a vraiment été une super année pour moi. J'ai le sentiment d'avoir eu une meilleure compréhension de mon sport que les autres années, de la manière dont je travaille, comment je communique avec Troy (Gregg Troy, son entraîneur, ndlr), de mon rôle dans le sport. Donc pourquoi est-ce que je serais contrarié d'avoir une année de plus pour prolonger cette dynamique ? Je serais fou si j'étais contrarié juste parce que les JO étaient supposés avoir lieu cette année. Je ne vais pas me plaindre d'avoir une autre année pour me préparer et essayer de capitaliser sur la dynamique que j'ai depuis début 2020.»