L'équipage d'Alinghi Red Bull Racing pour la 37e Coupe de l'America, qui se tiendra à l'automne 2024 à Barcelone, aura une moyenne d'âge de 30 ans et sera 100% suisse, comme l'exige désormais le règlement. Deux champions d'aviron et un de cyclisme en font partie.
La sélection qui représentera la Société nautique de Genève (SNG), dévoilée mercredi dans la zone industrielle d'Ecublens, réserve quelques surprises.
Pour naviguer à bord du nouveau monocoque à foil AC75 qui partira à la conquête de l'aiguière d'argent, Alinghi Red Bull Racing a sélectionné onze jeunes marins de talent mais aussi trois «outsiders»: Augustin Maillefer et Barnabé Delarze, qui viennent de l'aviron, ainsi que Théry Schir, qui a mis fin à sa carrière de cycliste sur piste après les JO de Tokyo.
Les trois Vaudois n'ont pas d'expérience particulière en voile mais feront partie du «team puissance» qui sera chargé, à bord du bateau, de fournir à la force de leurs muscles l'énergie qui alimentera les systèmes permettant de régler les voiles, notamment.
Endurance et précision
«Mon rôle sera de produire des watts. Il existe des analogies avec l'aviron puisqu'il faudra, en plus de la force, faire preuve d'endurance, d'esprit d'équipe et de précision», a expliqué Maillefer, ravi de pouvoir saisir cette nouvelle opportunité sportive deux ans après avoir mis un terme à sa carrière de rameur.
Delarze, de son côté, aurait poursuivi de carrière jusqu'aux JO de Paris en 2024 si Alinghi Red Bull Racing ne l'avait pas sollicité. Le défi de la Coupe de l'America, assorti d'un contrat professionnel, était trop tentant.
Les onze autres membres de l'équipage retenus viennent du monde de la voile, certains affichant déjà un solide palmarès. Il s'agit de Maxime Bachelin, Matias Bühler, Arthur Cevey, Nicolas Charbonnier, Lucien Cujean, Yves Detrey, Bryan Mettraux, Arnaud Psarofaghis, Nicolas Rolaz, Nils Theuninck et Florian Trüb.
Par rapport à la dernière édition en 2021, le nombre de navigateurs sera réduit de onze à huit. L'AC75 sera plus léger d'environ 900 kg, avec un foil un peu plus long. Il pourra atteindre des pointes à plus de 100 km/h.
Un team de 100 personnes
Dans ce contexte, le partenariat avec Red Bull, connu notamment pour ses exploits en Formule 1, prend un sens particulier. En matière de technologie, les Autrichiens en connaissent un rayon. Certaines synergies avec l'EPFL pourraient aussi être trouvées. L'équipe de designers et d'ingénieurs est à l'oeuvre, sous la conduite de Silvio Arrivabene et Marcelino Botin, pour mettre au point le bateau le plus performant possible tout au long des prochains mois.
A terme, en 2024, l'équipe regroupera une centaine de personnes. Les navigateurs prendront leurs quartiers à Barcelone vers la fin de cet été. Une forme de course contre-la-montre est engagée: contrairement aux quatre autres défis déjà officiellement connus – le defender Team New Zealand, Luna Rossa, Ineos Team UK et American Magic -, les Suisses n'ont pas l'expérience de la dernière édition.
Alinghi, vainqueur en 2003 et 2007 et battu par les Américains d'Oracle en 2010, effectue son grand retour après plus d'une décennie d'absence. S'il arbore toujours le pavillon de la SNG, avec le financement d'Ernesto Bertarelli, le syndicat repart sur de nouvelles bases via son partenariat avec Red Bull.
Le fait que tous les navigateurs doivent désormais être des «nationaux», donc Suisses en l'occurrence, est de nature à renforcer l'esprit de groupe mais constitue un défi supplémentaire: «Avec le même règlement, nous n'aurions sans doute pas gagné en 2003», reconnaît le syndicat suisse. Mais la nouvelle génération de marins helvétiques est prometteuse.