L'Italien Marcell Jacobs, surprenant champion olympique du 100 mètres à Tokyo en août, fera vendredi son grand retour en compétition. Il s'alignera à Berlin sur le 60 m en salle, après avoir dû encore récemment répondre aux soupçons de dopage suscités par sa médaille d'or.
Le sprinter, âgé de 27 ans, n'a plus foulé une piste en compétition depuis ses deux triomphes à Tokyo, sur 100 m et avec le relais italien 4x100 m. Et pour préparer sa rentrée, il a accordé quelques interviews en n'éludant pas les questions délicates.
«En tant qu'athlète représentant mon pays, je ne ferai jamais rien qui puisse entacher ma réputation ou celle de ma nation», a-t-il ainsi martelé la semaine dernière. Il a accordé un long entretien avec le quotidien britannique Daily Telegraph, qui lui demandait s'il avait pris dans sa carrière des produits interdits.
Progression très rapide
Jacobs a stupéfié la planète athlétisme en décrochant le titre olympique du 100 m en 9''80 (record d'Europe), trois mois seulement après être passé pour la première fois de sa vie sous la barre des dix secondes. Son titre de champion d'Europe en salle du 60 m, acquis l'hiver dernier en 6''47, avait déjà fait froncer quelques sourcils.
Des experts se sont demandé comment une progression aussi rapide était possible sans l'aide du dopage. D'autant que son nutritionniste Giacomo Spazzini s'est retrouvé mis en cause ces derniers mois dans une affaire d'anabolisants, avant d'être finalement totalement blanchi par la justice italienne en janvier.
En guise d'explication, Jacobs avance qu'il a très longtemps donné la priorité dans sa carrière au saut en longueur, n'optant pour le sprint que sur le tard. Un tel bond dans les performances «arrive si vous venez d'une autre discipline», assure-t-il, «le fait de ne pas avoir travaillé le 100 m toute votre vie vous permet de progresser plus et plus vite».
Enthousiasme terni
«Mes victoires, ajoute-t-il, sont le résultat d'un travail extrêmement dur, un travail que personne n'a vu, un travail avec du sang, de la sueur, des larmes et des blessures».
Reste que l'enthousiasme que ses médailles ont soulevé en Italie a en partie été terni par les doutes, immédiatement renforcés par sa décision de mettre un terme brutal à sa saison au soir des Jeux de Tokyo. «J'avais besoin de régénérer mon corps et mon esprit», s'est-il justifié dans l'interview au Daily Telegraph.
Exactement 187 jours après son triomphe au Japon, Jacobs arrive à Berlin après un mois de préparation intensive à Tenerife, sur l'archipel espagnol des Canaries. Il affirme ne se fixer aucun objectif chronométrique pour cette rentrée: «S'attendre au record d'Europe (6''42 de Dwain Chambers) serait risqué», a-t-il mis en garde les médias italiens, «mais c'est mon objectif pour la saison en salle».
«La première course doit préparer les suivantes: retrouver les sensations, la fluidité de la course, la dynamique. Je ne vais pas courir à Berlin pour faire un temps, mon but sera de gagner», ajoute-t-il.