Jérémy Desplanches a su savourer sa médaille de bronze conquise sur 200 m 4 nages aux JO de Tokyo. Mais il n'a pas hésité à prendre un nouveau départ sous la férule du mythique Philippe Lucas à Martigues. «J'ai besoin de temps pour m'adapter», prévient-il d'entrée.
Le choc fut il est vrai rude pour le Genevois de 27 ans, qui a quitté Nice pour poser ses valises à Martigues il y a un peu plus d'un mois avec sa future épouse Charlotte Bonnet. La méthode Philippe Lucas n'a en effet rien d'une légende: «On nage au moins 14 km par jour», contre une dizaine en moyenne quotidienne à Nice.
Energivore
La charge est ainsi bien plus lourde qu'au sein du groupe de Fabrice Pellerin, qui privilégiait un entraînement plus qualitatif. La fatigue se fait ainsi forcément ressentir, d'autant plus après la coupure de plus de deux mois que Jérémy Desplanches s'est accordée. «Je dors beaucoup», rigole-t-il.
Ce break, bien plus long qu'au terme des précédentes saisons, était néanmoins nécessaire. «Les deux à trois dernières années ont été énergivores», lâche celui qui compte désormais quatre médailles internationales à son palmarès (or aux Européens 2018, argent aux Mondiaux 2019 et aux Européens 2021, bronze olympique).
«Tous ces changements dans le calendrier, avec notamment le report d'un an des Jeux de Tokyo, nous ont compliqué la vie», rappelle ce candidat plus que crédible au titre de sportif suisse de l'année. Et «ça se passait moins bien qu'au début à Nice», glisse-t-il, sans vouloir rentrer dans les détails.
«Aller de l'avant»
«Je ne veux pas m'étaler sur ce sujet. Je veux aller de l'avant», enchaîne Jérémy Desplanches, qui a déjà Paris 2024 dans le viseur. «Ce que j'ai vécu à Tokyo m'a donné envie de goûter à plus encore aux JO», lâche le Genevois, qui avait d'ailleurs évoqué les prochains Jeux sitôt sorti de l'eau après sa finale à Tokyo.
«J'ai besoin de temps pour m'adapter à ma nouvelle vie, peut-être de quelques mois, peut-être d'une année. Mais j'avais besoin de prendre un nouveau départ», poursuit le grand blond, qui ne se met absolument aucune pression concernant les prochaines échéances du calendrier international.
«Je ne serai certainement pas du tout compétitif avant janvier ou février», souligne-t-il. «Le but est d'être prêt pour les championnats du monde (réd: en mai prochain à Fukuoka). Car ça serait dur de me prendre une boîte aux Mondiaux ou aux championnats d'Europe», prévus en août à Rome.
«Je suis pour l'instant à la rue à l'entraînement», confesse Jérémy Desplanches, qui se dit pour l'heure conquis par Philippe Lucas et sa méthode. «C'est un personnage très attachant. J'avais un peu peur qu'il surjoue, mais il est juste hyper charismatique. J'adore», explique-t-il.
«Il est à cheval sur tout ce qui se passe. Il ne laisse rien passer. ça m'avait même fait bizarre au début, car je n'avais plus l'habitude qu'on analyse ma nage autant dans les détails», souligne le Genevois, qui avait passé sept années à Nice sous la férule de Fabrice Pellerin.
«Là pour bosser»
Jérémy Desplanches est prêt à souffrir pour poursuivre encore sa progression, lui qui avait amélioré de 0''39 son record national pour se parer de bronze à Tokyo en 1'56''17. «Pour l'instant, on s'adapte et on survit. Mais avec Charlotte, on est là pour bosser. C'est ce dont on avait besoin», rappelle-t-il.
«Le défi, c'est de parvenir à mettre la même qualité tout au long de l'entraînement. Avec les kilomètres en plus, c'est comme si j'étais passé de deux à trois entraînements quotidiens», explique-t-il. «Je commence à m'habituer au rythme, mais j'étais complètement explosé les premières semaines», souffle-t-il.
Le Genevois ne doute pas une seule seconde que ce nouveau départ lui sera profitable. «Ca me démange de disputer des compétitions quand je vois les super chronos réalisés. Mais je dois voir sur le long terme. Et j'ai toujours su être prêt au bon moment. On va kiffer Martigues», se réjouit-il.